« J’ai l’impression qu’à Tambacounda la médecine est le plus beau métier du monde »
L’homme est un spécialiste de médecine Orthopédique à Bordeaux en France. Docteur Christian Daulouede fait partie de l’association Kaïcédrat. En mission à Tambacounda pour travailler dans différents centres de santé comme le district sanitaire de Tambacounda, le centre hospitalier régional, les maisons médicales de Sinthian et de Bala, le médecin a soulagé des patients. Pendant une semaine, plus de 150 patients (jeunes, hommes, femmes et vieux) ont pu etre consultés par Docteur Daulouede. Il a accordé un entretien à Tambacounda.info.
Tambacounda.info: Présentez vous à nos lecteurs ?
Dr Daulouede: J’habitais au Sud de la France. Je suis parti après le Bac faire mes études de médecine à Bordeaux. J’ai fait ce qu’on appelle l’internat et je suis devenu spécialiste en orthopédie toujours à Bordeaux où je me suis installé. J’ai un cabinet dans la ville de Bordeaux avec un service d’orthopédie corsé pour les scolioses. J’ai aussi des kinésithérapeutes qui travaillent pour moi. Je travaille en meme temps à l’hôpital de Bordeaux dans un service de chirurgie de la colonne vertébrale. Je travaille aussi dans des cliniques pour les différentes techniques qu’on a, pour traiter les épaules. Depuis 28 ans, je travaille dans la médecine. Je fais partie des membres d’une association qui s’appelle le Kaïcédrat. Je viens très régulièrement à Tambacounda travailler dans différents centres pour des consultations. Je suis à mon quatrième séjour.
Tambacounda.info: Docteur vous avez consulté des patients qui souffrent la plupart de problèmes de genoux. La douleur du genou est une plainte très fréquente à Tambacounda. Quels problèmes peuvent se cacher derrière ce symptôme ?
Il y a eu beaucoup de problèmes de genou mais de dos aussi. C’est ce qu’on appelle classiquement des maladies dégénératives. C’est-à-dire, ce sont des maladies qui surviennent aux deux extrêmes. Soit, les gens travaillent trop dur. Ils sont trop souvent à genoux. Ils sollicitent leurs genoux qui s’abîment, soit au contraire, ils sont sédentaires. Ils sont gros. Ils sont lourds. Et les femmes en particulier. Donc le Cartilage s’abime parce qu’il ya trop de graisse et que ça passe sur le genou et sur le dos.
Tambacounda.info: Dans quel cas faut-il consulter le médecin ?
Quand on a mal. Le problème, c’est que : quand on soigne les genou et le dos aussi, ça devrait etre une médecine globale. On ne peut pas se contenter de faire une piqure ou une manipulation parce que ça améliore sur le moment mais il faudrait derrière un amaigrissement, remuscler, faire donc des exercices. C’est pour ça que je suis venu ici à Tambacounda et j’ai proposé toute une palette d’exercices physiques à faire quand on a mal au genou, de conseils mais les gens ne font pas trop parce qu’ils préfèrent juste une médecine miracle sur le moment plutôt que de se prendre en charge.
Tambacounda.info: Aujourd’hui quelles sont les maladies associées aux douleurs du genou ?
Il y a les douleurs du genou, mais il y a aussi les douleurs de hanches, surtout de dos. Tout le monde a mal au dos pratiquement, soit parce qu’ils restent longtemps assis, soit ils travaillent trop dur. On a des armes pour les améliorer. On peut faire des infiltrations, on peut faire aussi des manipulations mais tout ça ne marche que s’il y a une éducation sanitaire à coté. Le but peut etre qu’on va reparler. Ce que je fais ici, je soigne mais surtout je veux former les médecins du district, de l’hôpital, de Bala. Je voudrais les former à ce qu’ils fassent les techniques médicales, après surveiller ce qui se fait. C’est une mission de collaboration plus que de soins.
Tambacounda.info: Vous avez évoqué le mal de dos. Est-ce que le surpoids peut être une cause?
Le surpoids, c’est un gros problème mais pas pour les raisons que l’on croit. Tout le monde croit que c’est le fait d’avoir trop de poids sur les genoux mais en réalité, on s’est rendu compte qu’on rencontre des patients trop gros. Ils ont de l’arthrose aussi des doigts, de la main. On sait maintenant depuis pas très longtemps que la graisse secrète une substance qui attaque le cartilage du genou. Et c’est, cette présence de graisse qu’il faut faire disparaitre. Ce n’est pas seulement le poids mais c’est la graisse qu’il faut diminuer.
Tambacounda.info: Quelles sont les nouveautés dans le traitement des arthroses ?
Il y a de grandes nouveautés. En particulier c’est visco supplémentation. C’est-à-dire on injecte dans le genou des gels qui vont comme un pansement à l’intérieur du genou et qui permettent d’huiler le genou donc soulage beaucoup de patients. Le problème, c’est un traitement très cher, meme en France. J’ai essayé d’en porter beaucoup. Je suis venu avec cent traitements mais ça ne suffit pas toute la population. C’est dommage ! Et c’est vraiment révolutionnaire.
Tambacounda.info: Avez-vous détecté des pathologies très graves ?
Au moins cinq fois, on a découvert pendant cette mission et dépisté des patients qui ont une tuberculose osseuse et de la colonne vertébrale. On était obligé de les envoyer à Dakar en urgence tout en instaurant une filière.
Tambacounda.info: Ces patients ont-ils la chance de s’en sortir ?
Le problème, c’est qu’il faut aller très vite et je vois qu’il y a un problème d’argent chez certains patients. Pour aller à Dakar, c’est très difficile avec tout ce que cela comporte comme frais. Mais s’ils sont pris en charge vite, ils peuvent s’en sortir. J’espère qu’ils vont s’en sortir. En tout cas, y’en a deux que nous avions fait transporter à Dakar et qui vont etre probablement opérés.
Tambacounda.info: Après consultations, quels conseils donnez-vous aux patients ?
J’en ai consulté, je pense plus de 150 malades. Comme toujours, je donne aussi des conseils, surtout de lutter surtout contre la sédentarité. Ne pas rester sans rien faire, dormir. Il faut bouger, marcher, avoir des muscles, se faire consulter assez tôt quand on peut. Parce que quand l’arthrose est trompé, on n y peut rien. Il y a que la protège. Avoir une visco supplémentation. La fin du mot, c’est bouger, bouger….
Tambacounda.info: Docteur, qu’est ce qui vous a marqué le plus à Tambacounda ?
La semaine dernière, j’étais en congrès international extrêmement pointu scientifiquement avec des chirurgiens américains qui sont venus. On a tous parlé de choses très techniques. Dans 15 jours, je vais à Paris et on va échanger aussi sur des techniques. Ce qui m’a choqué, c’est cette différence qu’il y a entre cette technique, cette grande différence occidentale. On prend en charge chirurgicalement. Ici, on n’a pas une radio, on n’a aucun instrument, pas de matériels. Cette différence me bouleverse. Si on pouvait vraiment essayer d’apporter un peu plus pas forcément une technologie extraordinaire mais au moins une technique, des radios, un peu de scanners, et puis des techniques de bases, ça serait extraordinaire. Je trouve que sur le plan sanitaire, dans ma spécialité, il n’y a pratiquement rien. Si on a une sciatique à Tambacounda, on n’est pas soigné parce qu’il n’y a rien. Je vais essayer d’apprendre aux chirurgiens des infiltrations mais c’est tout un travail. C’est ça qui me frappe beaucoup et qui me désespère
Tambacounda.info: De l’autre coté, l’hospitalité ?
Les Tambacoundois sont très sympas et adorables. Je suis mieux ici qu’en France. Tamba, c’est ma famille. Je m’y sens bien comme tout le monde. Je sors de l’hôtel chaque fois pour aller me promener, voir, sentir les odeurs, discuter. Tout ces gens que je vois, c’est vraiment un bonheur absolu. C’est le vrai bonheur ici. J’ai l’impression à Tamba que la médecine est le plus beau métier du monde.
Tambacounda.info: Vous êtes prêt à revenir ?
Ce n’est pas que je suis prêt mais je vais revenir
Tambacounda.info: A quand votre prochain séjour ?
Je vais revenir dans six mois parce que j’ai pris rendez vous avec plusieurs patients que j’ai traités ici, en leur disant de m’écrire. J’ai fait des piqures, des soins et des manipulations. Six mois, c’est bon pour voir s’ils ont suivi mes conseils.