Russie : «Poutine a interdit qu’on me tue», estime Khodorkovski

Selon l’ancien oligarque russe Mikhaïl Khodorkovski gracié en décembre et accueilli par la Suisse, il doit la vie sauve au président russe qui a n’a pas voulu qu’il soit tué. Mikhaïl Khodorkovski a échappé à la mort lors de sa détention en Russie car «Poutine l’avait interdit», déclare l’ex-oligarque russe. L’homme a passé dix ans en prison pour avoir tenu tête au président russe. Gracié en décembre, il s’était rendu en Allemagne, puis en Suisse.

 

 

L’ex-magnat du pétrole et contradicteur du Kremlin s’exprime sur ses conditions d’incarcération dans les colonnes du Matin Dimanche. A son avis, il n’a pas été tué parce que «Poutine l’avait interdit». Il n’en a pas la preuve mais «une supposition fondée». Il s’explique. «Je ne m’en suis pas rendu compte tout de suite. Mais après six mois j’ai compris qu’il y avait une stricte interdiction de me toucher.» L’homme qui fut le plus riche de Russie, puis un prisonnier connu bien au-delà de son pays, évite dans cet entretien d’évoquer des thèmes politiques. Il détaille en revanche le fonctionnement de l’univers carcéral qu’il a fréquenté, ses zones, sa hiérarchie, ses règles, son vocabulaire. Durant sa longue détention, il a beaucoup écrit, notamment des articles pour la presse russe ou internationale. Il raconte aussi que «pour ne pas déjanter ni perdre le fil de la vie», il s’est contraint à lire.

Vertus de la lecture

Il se plonge dans des revues sérieuses, des ouvrages de philosophie, d’histoire, de littérature. «Je mentirais en disant que cela me plaisait, je me suis forcé». Il en reconnaît aussi les vertus. Au détour d’une phrase, il livre aussi son credo: «Ne crois pas, ne crains rien, ne demande rien». Arrêté en 2003, Mikhaïl Khodorkovski avait été condamné en 2005 et 2010 sur des accusations de fraude fiscale, escroquerie, vol de pétrole et blanchiment d’argent. Selon nombre d’observateurs, il a payé pour avoir tenu tête au président russe Vladimir Poutine, montré trop d’indépendance et financé des partis d’opposition.

 

Visa Schengen

Gracié le 20 décembre, l’ex-oligarque a quitté son pays pour l’Allemagne. Dans plusieurs interviews accordées ensuite, il a exclu vouloir se lancer dans la lutte politique, à proprement parler, et financer l’opposition. Il compte néanmoins se battre pour la libération d’autres prisonniers politiques détenus dans les prisons russes. «On ne peut pas vivre tranquillement quand on sait qu’il y a des prisonniers politiques qui croupissent dans les prisons», a-t-il expliqué récemment. Au bénéfice d’un visa Schengen délivré par la Confédération, il peut demeurer trois mois en Suisse. Il bénéficie en outre d’un visa d’un an délivré par l’Allemagne.

 

(ats/Newsnet)