Mohamed Morsi a comparu dimanche devant un tribunal égyptien pour un nouveau procès. Le président destitué est accusé cette fois de complot avec des organisations étrangères en vue de commettre des actes terroristes en Egypte.
«De quoi avez-vous si peur? Avez-vous peur parce que vous n’avez aucun soutien de la population?» a demandé aux juges l’ancien président, qui comparaît dans un box insonorisé. Son avocat a menacé de se retirer du procès car il ne parvenait pas à entendre son client. L’affaire jugée dimanche est «le plus grand complot de l’histoire de l’Egypte», affirme l’accusation. Elle évoque un «projet terroriste» datant de 2005, impliquant le mouvement palestinien Hamas et le régime chiite en Iran, avec son allié libanais du Hezbollah. Au total, 36 personnes sont jugées dans ce procès pour divers crimes, dont exécution d’actes terroristes en Egypte et divulgation de secrets militaires à un pays étranger. Outre Mohamed Morsi sont aussi jugés plusieurs autres responsables des Frères musulmans, comme Mohamed Badie, Khairat al Chater et Mahmoud Ezzat. La confrérie a été déclarée organisation terroriste en décembre par le gouvernement mis en place par l’armée. Délogé par l’armée en juillet 2013, un an après son élection, l’ancien président égyptien est actuellement jugé dans trois affaires distinctes. Il est également poursuivi dans deux autres dans le cadre de la répression engagée contre les Frères musulmans, dont il est issu.
Hezbollah et Hamas mis en cause
D’après le parquet, le projet des Frères musulmans consistait à envoyer des «éléments» dans la bande de Gaza pour y recevoir une formation militaire de la part du Hezbollah et des Gardiens de la révolution iraniens. A leur retour en Egypte, ces «éléments» ont joint leurs forces à celles des groupes radicaux présents dans la péninsule du Sinaï, selon cette version du parquet. Après le soulèvement populaire de 2011 ayant abouti au renversement d’Hosni Moubarak, ils ont profité du chaos en Egypte pour commettre des attaques contre les forces de sécurité dans le nord du Sinaï et ailleurs. Si Mohamed Morsi n’avait pas été élu président en 2012, leur objectif était de proclamer un «émirat islamique» dans le nord du Sinaï, affirme le parquet. Des collaborateurs de Mohamed Morsi, dont son conseiller à la sécurité nationale Essam el Haddad, ont transmis des informations secrètes aux Gardiens de la révolution iraniens et au Hezbollah pour les remercier de leur coopération, a poursuivi le procureur. Après la sévère répression engagée contre les Frères musulmans sur le plan intérieur, l’armée égyptienne entend désormais s’en prendre au Hamas. Il soupçonne le mouvement palestinien de soutenir les activistes islamistes du Sinaï, ont déclaré des responsables des services de sécurité égyptiens. Le Hamas dément soutenir les rebelles du Sinaï.
(ats/afp/Newsnet)