Vingt jeunes sportifs des régions de Kolda, Kédougou et Tambacounda ont entamé samedi 15 février à Tambacounda un séminaire d’information et de sensibilisation sur le dopage, dont l’animation est assurée par le professeur Fallou Cissé.
Le séminaire, qui se tient à la maison des œuvres catholiques de Tambacounda, est initiée par l’Organisation nationale antidopage du Sénégal (ONADS), une structure membre de l’Agence mondiale antidopage (AMA). Il s’inscrit dans un programme de sensibilisation sur le dopage exécuté avec le soutien de l’Unesco, a indiqué le professeur Cissé. Le dopage, a expliqué le médecin lors du démarrage de la rencontre, est l’”utilisation de substances ou de procédés interdits, qui modifient la performance”. ”Du point de vue éthique, c’est une tricherie”, a-t-il ajouté. Participent au séminaire 11 jeunes sportifs de Tambacounda, six de Kolda et trois de Kédougou. Selon Fallou Cissé, c’est le dernier d’une série organisée dans plusieurs villes : Dakar, Kaolack, Fatick, Diourbel, Kaffrine et Sédhiou. Cette démarche de sensibilisation s’inscrit dans un souci de prévention de la pratique du dopage, avant le démarrage de contrôles inopinés qui seront effectués sur des sportifs, pour toutes les disciplines, a laissé entendre M. Cissé, par ailleurs médecin de l’équipe nationale A de football du Sénégal et président de l’Association sénégalaise de médecine du sport. ”Nous allons bientôt écrire des correspondances aux fédérations, pour leur dire que nous allons faire des contrôles inopinés. Aucune discipline ne sera laissée en rade”, a dit le médecin. Il assure que l’ONADS a les compétences et les moyens nécessaires pour effectuer de tels contrôles. ”Mieux vaut prévenir que guérir”, a-t-il ajouté. L’étape de la sensibilisation des sportifs est la première partie du programme antidopage, a-t-il indiqué, annonçant que la phase suivante concernera d’autres acteurs du sport comme des médecins. ”Le Sénégal, qui participe à toutes les compétitions internationales, doit se conformer aux normes édictées à l’échelle mondiale”, au plan sportif, a expliqué Fallou Cissé. ”Le dopage est extrêmement nuisible, parce que les produits qu’on prend conduisent inéluctablement à la mort […]. Le dopage tue”, a soutenu le médecin, se demandant ”à quoi sert de gagner beaucoup d’argent pour avoir un cancer quelques années après”. ”Des sportifs sont morts deux ans après avoir arrêté leur carrière. Ils n’ont pas eu le temps de profiter de leur argent”, a-t-il argué. Même si l’on gagne une compétition en se dopant, on peut être rattrapé par l’histoire et se faire retirer ses titres, a-t-il signalé, illustrant cette possibilité par le cas du cycliste américain Lance Armstrong. ”On ne peut ne pas se doper et avoir de très bons résultats”, a soutenu Fallou Cissé, proposant le suivi médical et diététique, de manière régulière, les entraînements et la bonne hygiène de vie comme des règles pouvant assurer au sportif de bonnes performances. Pour ce faire, a-t-il signalé, il faut des entraîneurs compétents. Le professeur Cissé a attiré l’attention des participants du séminaire sur les effets dopants de certains médicaments, comme les traitements de l’asthme. Aussi leur a-t-il recommandé de toujours signaler à leur médecin ou pharmacien leur statut de sportif. En cas de maladie, il est possible de se faire établir une autorisation thérapeutique, pour échapper à d’éventuelles sanctions, en cas de contrôle positif à un produit dopant, a-t-il dit. Il a par ailleurs estimé que le dopage ”ne change pas un âne en cheval de course”. ”Et même s’il le transforme en cheval de course pour un jour, il redeviendra un âne, et un âne malade !” Au Sénégal, à l’exception de l’athlète Ndiss Kaba Badji, qui a été ”trompé” par son entraîneur, aucun cas de dopage n’a encore été officiellement signalé, selon Fallou Cissé. L’ONADS a récemment mené des contrôles antidopage, dont elle divulguera ”bientôt” les résultats, a-t-il annoncé. Les participants du séminaire doivent servir de relais d’information en partageant avec leur entourage ce qu’ils ont appris de la rencontre, a dit l’inspecteur régional des sports de Tambacounda, Mamane Kizerbo. Même si elle n’est pas ciblée pour le moment par les contrôles antidopage, la région de Tambacounda souhaite l’être, à l’avenir, parce qu’elle ambitionne d’avoir des sportifs de haut niveau, a-t-il ajouté.
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