Campagne agricole 2012-2013 à Tambacounda : Le CRCR met en garde «Operateurs véreux s’abstenir !»

Excepté quelques engrais qui commencent timidement à être mis en place, les semences tardent à venir alors que la région enregistre ses premières pluies. Cette fois-ci, les producteurs se veulent formels : «il n’est plus question que des opérateurs véreux, essentiellement des députés et sénateurs, soient impliqués d’autant plus qu’ils font partie de nos problèmes», s’est écrié le président du Cadre Régional de Coopération et de Concertation des Ruraux (Crcr) de Tambacounda.

Les premières pluies sont tombées dans la région de Tambacounda et les semences et autres intrants agricoles tardent à être mis en place, malgré la signature par le tout nouveau gouverneur de la région, de l’arrêté portant « création d’un comité régional de supervision, de contrôle et de suivi des opérations de mise en place et de cession des intrants et matériels agricoles ». Cette lenteur, de l’avis des producteurs, pourrait avoir des répercussions négatives sur le bon déroulement de la campagne agricole. « Notre inquiétude la plus grande par rapport à cette situation est, qu’avec deux ou trois autres pluies à l’image des 55 millimètres enregistrées dans la zone de Boynghel, certaines zones seront coupées du reste du pays et l’on ne voit pas, le cas échéant, comment elles pourraient recevoir des intrants et matériels agricoles », expliquera Pape Banda Dièye, secrétaire général de l’Union Régionale des Coopératives Agricoles de Tambacounda (Urcat).

A ce jour dans la région de Tambacounda, seule la Novasen, comme elle a d’ailleurs l’habitude de le faire, dispose à travers ses points de collecte de Tambacounda, Koumpentoum, Koussanar, Nétéboulou et Maka, d’environs 1100 tonnes de semences d’arachide dont la bonne qualité est d’ailleurs certifiée par le service semencier de la direction régionale du développement rural et par des membres du cabinet du ministre de l’Agriculture, qui ont visité ces stocks, mercredi dernier. « Ces 1100 tonnes sont de loin suffisantes et nous les redistribuons seulement à nos coopérateurs qui ont eu l’amabilité de nous les vendre », précise Doudou Diagne, le patron du Crcr qui ajoute que ce retard dans la mise en place des semences d’arachide, s’il perdure, « pourrait davantage perturber le sommeil des producteurs dans la mesure où nous réclamons des semences sous forme de coque et non de graines décortiquées qui nous ont couté très cher dans la zone de Koussanar où elles ont été semées et rien n’a germé. Jusqu’au moment où je vous parle, personne ne nous a remboursés les sommes dépensées et perdues. Le temps donc de décortiquer tout cela doit être pris en compte pour accélérer le processus de mise place ». L’autre sujet de préoccupation des producteurs de Tambacounda est inhérent à la mise en place de l’engrais pour l’arachide, le fameux 6-20-10, tout comme celle du petit matériel agricole d’autant plus que les producteurs font état du manque de moyens de se payer des tracteurs.

Cheveu dans la soupe

Dans la dynamique de la présente campagne agricole, les producteurs ont donné de la voix pour fortement décrier le mode opératoire de certains opérateurs véreux qui les ont lourdement handicapés. «Ce sont essentiellement des sénateurs et députés qui profitent de leur proximité avec les pouvoirs publics, probablement avec des complicités à des niveaux insoupçonnés, qui mettent effectivement en place une trentaine de tonnes dans un point de collecte donné pour déclarer 700 tonnes. Ils reviennent racheter avec le truchement d’intermédiaires ces 30 tonnes et les redistribuent dans un autre point de collecte, c’est comme ça qu’ils font jusqu’à atteindre théoriquement le tonnage déclaré. Vous nous voyez, nous, continuer avec ce genre d’opérateurs que nous avions vigoureusement dénoncés les campagnes précédentes ?» Les producteurs de mettre en garde : «Qu’ils s’abstiennent cette fois ci de fouler le sol de cette région, sinon le monde entier nous entendra», avertit Doudou Diagne visiblement dépité et remonté contre ces opérateurs.
L’autre cheveu dans la soupe des producteurs est et demeure la problématique des vivres qui tardent aussi à arriver. «Depuis janvier déjà, du fait du faible niveau de production la campagne écoulée, les paysans ont cassé leur tirelire pour subvenir aux besoins de subsistance de leurs famille», renseigne M. Diagne qui s’est tout de même félicité de la prise de conscience des nouvelles autorités et de l’appui en vivres du Programme Alimentaire Mondial. «Pour la distribution des vivres et de l’aliment de bétail qui souffre énormément du fait de la grande transhumance, le plus vite serait le mieux», souligne le patron du Crcr.

Source sudonline.sn / Par Boubacar Tamba /