Frappes en Syrie: Kerry cherche des soutiens européens

Au lendemain d’un G20 coupé en deux sur des frappes en Syrie, le secrétaire d’Etat américain John Kerry est en tournée éclair en Europe pour tenter d’élargir le soutien international au projet de Washington. John Kerry est arrivé vendredi vers minuit à Vilnius pour s’entretenir samedi matin de manière «informelle» avec ses 28 homologues de l’Union européenne, pour la plupart très réticents à une action armée contre Damas sans l’aval de l’ONU.

 

Un responsable du département d’Etat a dit dans l’avion qui emmenait le chef de la diplomatie américaine s’attendre à des «discussions précises et circonstanciées» avec les ministres européens, pointant «les divisions au sein de l’UE», tout en saluant le soutien de la France ou du Danemark. Le secrétaire d’Etat se rendra ensuite à Paris — propulsé au rang de premier allié des Américains sur le dossier syrien — et à Londres avant de rentrer lundi aux Etats-Unis. John Kerry est très en pointe depuis deux semaines pour vanter les mérites d’une opération punitive contre Damas accusé d’avoir perpétré un massacre aux armes chimiques le 21 août.

 

Discours d’Obama à la Nation mardi

Le président Barack Obama, qui doit s’adresser à la Nation mardi, avait décidé samedi dernier du principe de frappes «ciblées et limitées» contre la Syrie, mais pas avant le feu vert du Congrès. Celui-ci siègera de nouveau dès lundi.Le même jour, le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Mouallem sera à Moscou, grand allié de Damas. La communauté internationale attend également que l’ONU publie, à une date encore indéterminée, le rapport de ses experts ayant inspecté les banlieues de Damas attaquées aux armes chimiques. L’Allemagne a appelé vendredi l’ONU à le rendre public «le plus rapidement possible».Aux yeux de la plupart des Etats de l’UE, ce rapport représente en effet une étape essentielle, susceptible de confirmer de manière indépendante les accusations d’attaques aux gaz toxiques. Washington et Paris espèrent ainsi lever les réticences des gouvernements qui hésitent à s’engager sur la seule base des informations des services de renseignement nationaux.

Le président français François Hollande a fait un geste en direction des autres Européens, notamment des Allemands, en annonçant qu’il attendrait le rapport de l’ONU avant de donner éventuellement l’ordre de frapper le régime de Damas. «Cela peut être un élément d’appréciation pour élargir la coalition qui devra se former», a-t-il espéré.Berlin a salué la démarche de Paris, tout en excluant une nouvelle fois de participer à une éventuelle action militaire.

Mais l’Allemagne pourrait apporter un soutien politique et rejoindre le groupe de onze pays, présents au G20, qui ont appelé à une réaction «forte» après l’utilisation d’armes chimiques. Signé par les Etats-Unis, la France, l’Australie, la Corée du Sud, l’Arabie Saoudite et l’Italie, cet appel ne mentionne pas spécifiquement l’option militaire, mais il «représente l’amorce d’un consensus» qui «pourrait s’avérer bien utile politiquement lorsque la décision des frappes sera prise», a estimé un diplomate européen.

Face à cet appel qui a de fait scindé le G20 en deux parties, le président russe Vladimir Poutine, principal allié de Damas, a affirmé que la ligne de Moscou était partagée par plusieurs grands pays, dont la Chine, l’Inde ou le Brésil.En attendant le rapport de l’ONU, «les Indiens, les Brésiliens, les Chinois et bien d’autres estiment que les informations provenant des services de renseignement américains ne sont pas suffisantes», a relevé vendredi le ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt.

Contacts intenses durant le week-end

Les contacts diplomatiques vont rester intenses durant le week-end, notamment en France où François Hollande rencontrera le président libanais Michel Sleimane à Nice, tandis que Laurent Fabius retrouvera John Kerry samedi en fin d’après-midi à Paris. Dimanche, le secrétaire d’Etat s’y entretiendra avec des dirigeants de la Ligue arabe, avant de se rendre à Londres. Soucieux d’éviter une intervention, le pape François a appelé les chrétiens, les autres religions et les non-croyants, à une journée de jeûne et de prière, samedi. Il présidera à Rome une veillée de paix de quatre heures sur la place Saint-Pierre, une initiative sans précédent. Par mesure de précaution, l’ambassade américaine à Beyrouth a annoncé l’évacuation de son personnel non essentiel tandis que les autorités libanaises prévoyaient de renforcer la sécurité autour des missions diplomatiques étrangères.

 

(afp/Newsnet)