« Les inondations à Dakar pourraient durer encore trente ans si des solutions appropriées et durable ne sont pas trouvées »
La période sèche selon le Dr Abdoul Aziz Tandia, hydrogéologue de son état, est bouclée et celle dite humide avec le maximum de hauteur de pluie est amorcée, et comme la région de Dakar présente une configuration assez particulière, « si des mesures adéquates et durables ne sont guère mises en œuvre, le phénomène des inondations pourrait durer jusqu’au-delà même de l’année 2030 » a affirmé le directeur de l’agence régionale de développement de Tambacounda.
Sa rigueur scientifique est perceptible même dans sa façon de siroter le café qu’il affectionne tant. Le Dr Abdoul Aziz Tandia, hydrogéologue connu pour ses nombreuse recherches sur la région de Dakar et ses publications internationales laissera entendre que parler des inondations de Dakar à longueur de journée est pratiquement analogue à épiloguer sur le sexe des anges car « le phénomène est connu avec l’explication scientifique qui sied et bon nombre de savants se sont penchés sur la question » dira-t-il avant de compatir à la douleur qui frappe les victimes des inondations surtout celle des familles qui ont perdu des siens.
Le Dr Tandia est d’abord revenu sur la configuration assez particulière de la région de Dakar dont li laissera entendre que » c’est une presqu’île avec trois parties essentielles, la tête de la presqu’île qui est une partie issue des roches volcaniques où les altitudes et la nature des roches sont telles que, dans l’historique de la dynamique d’urbanisation le colon a préféré s’y installer. Il y a ensuite le col de la presqu’île qui est la partie resserrée constituée de zones très basses et très humides, puis le corps de la presqu’île qui s’ouvre sur le continent ». Le directeur de l’Agence Régionale de développement de Tambacounda de poursuivre en mettent en exergue le fait qu’ »il est connu à travers les grandes chroniques d’évolution du climat que nous avons des variations naturelles liées généralement à des épisodes de 30 ans. Cela veut dire que chaque 30 ans, nous entrons dans une période climatique qui est soit humide avec un maximum de hauteur de pluie, soit sèche avec le minimum de pluie ». S’agissant du cas de Dakar, le Dr Tandia signifiera que la dernière chronique liée à la sécheresse a démarré entre 1969 et 1970 pour être bouclée en 2000. Si l’on y ajoute la petite inertie qui varie entre 5 et 10 ans, cela veut dire que nous vivons en ce moment, du moins depuis 2010, la période humide. Durant tout le temps qu’a duré la sécheresse, « le niveau des nappes phréatiques dans le col de la presqu’île se sont abaissés du fait d’un déficit pluviométrique et cela s’est accompagné d’une imperméabilisation de l’impluvium du fait de la prolifération d’habitats spontanés. La zone a connu un inestimable flux de populations rurales dont l’écrasante majorité n’avait point les moyens d’habiter dans la tête de la presqu’île, lieu de prédilection de l’administration coloniale. Tant que l’on était dans la période sèche 1970/2000 avec la petite inertie de 5 à 10 ans , le problème ne se posait pas mais maintenant que la grande variation liée à la période humide a démarré avec le maximum de hauteur de pluies, l’on est indubitablement partie pour une période de 30 ans, si l’on y ajoute l’inertie de 5 à 10 ans, cela signifie que jusque dans les années 2030/2035, l’on va vivre ce phénomène malheureux des inondations à Dakar » a expliqué le Dr Tandia. Il s’est félicité de la tenue d’un conseil présidentiel sur les inondations durant lequel des universitaires, chercheurs, scientifiques et autres experts de différents horizons se sont penchés sur le phénomène et Mr Tandia soulignera oser espérer que des solutions idoines seront trouvées. Il n’a pas précisé lesquelles, mais des langues se sont vite déliées pour laisser entendre qu’il faut amorcer un mouvement inverse de populations, c’est-à-dire de la ville vers les zones rurales entre autres alternatives.
Boubacar Dembo Tamba / Tambacounda.info /