Sciences Cœur artificiel: un court circuit à l’origine du décès ?

La société Carmat aurait décidé selon iTélé de ne pas implanter pour l’instant de nouveaux coeurs artificiels dans l’attente de comprendre ce qui a provoqué l’arrêt du premier coeur implanté alors que pour le Pr Alain Carpentier, il s’agit d’un «court-circuit».

Le premier patient âgé de 76 ans, qui avait reçu le 18 décembre le cœur artificiel conçu par la société Carmat, était décédé le 2 mars. Le Journal du dimanche a révélé son nom dans sa dernière édition: Claude Dany, qui repose aujourd’hui dans le cimetière de son village, en Normandie. «Le cœur s’est arrêté brusquement. Il y a eu un court-circuit. Cela a entraîné un arrêt cardiaque identique à celui que peut présenter un cœur naturel pathologique», raconte le Professeur au JDD dans ce qui est la première explication jamais avancée. «Nous cherchons à comprendre d’où vient ce problème électronique et pourquoi», a poursuivi le praticien. «On ne connaît pas encore les causes exactes du décès», a poursuivi le Pr Carpentier. «Mais certaines ont déjà été écartées et c’est le plus important à mes yeux: la mort n’est pas liée à une complication du malade, ni au principe fondamental de cette prothèse qu’est l’emploi de matériaux biocompatibles pour limiter la formation de caillots et le risque de thrombose».

Pas de nouvelle implantation
Selon iTélé dimanche, le concepteur du cœur artificiel a décidé qu’il n’y aurait pas de nouvelle implantation de cœur artificiel le temps de comprendre les raisons de l’arrêt du premier cœur implanté. Carmat «ne parle pas de suspension de l’essai. L’essai continue mais il n’y aura pas de nouvelle implantation tant que la solution au problème n’aura pas été découverte», affirme-t-on de même source. Au lendemain du décès du patient, 75 jours après l’implantation d’un cœur artificiel, Carmat avait annoncé maintenir son programme d’essais qui comprenait quatre patients «au pronostic vital engagé à brève échéance». Le programme d’essai «n’est pas du tout remis en cause puisque le concept général est validé», précisait alors le Pr Latrémouille qui avait pratiqué l’intervention.

Pénurie de cœurs
Souffrant d’insuffisance cardiaque terminale, Claude Dany avait été choisi pour recevoir le premier cœur artificiel autonome Carmat pour pallier la pénurie de cœurs à greffer mais aussi apporter une solution aux contre-indications à la transplantation. L’intervention, qui avait duré une dizaine d’heures, avait été réalisée le 18 décembre dernier par les professeurs Christian Latrémouille et Daniel Duveau dans le service du Pr Jean-Noël Fabiani, sous la direction du Pr Alain Carpentier, concepteur du projet. Les premières semaines, le patient «récupérait très bien», a raconté le Pr Carpentier dans le JDD de ce dimanche. «Et puis il a présenté quelques complications. (…). Le corps a ses limites. Avec son passé pathologique, l’organisme (du patient, ndlr) était comme un vêtement trop usé. Vous le réparez d’un côté, il lâche de l’autre». Le professeur a aussi rendu hommage à l’homme de 76 ans qui avait bénéficié de l’implantation. «Ce patient nous a aidé à franchir un pas considérable», confie-t-il. «Ceux qui acceptent de participer à des thérapeutiques nouvelles sont les véritables pionniers du progrès médical».«A mes yeux il n’a pas donné son corps, il a donné sa vie. Malgré notre chagrin on n’en veut à personne (…), il faut que la recherche continue», a déclaré sa fille Isabelle à l’hebdomadaire.