Reeva Steenkamp s’est-elle vue mourir? Oui, selon un expert balistique de la police sud-africaine qui a reconstitué les derniers instants de la petite amie d’Oscar Pistorius. Dans ce scénario, la victime aurait eu le temps de crier et de signaler sa présence, contrairement à ce qu’a toujours affirmé l’accusé. Au treizième jour du procès de l’athlète âgé de 27 ans, le capitaine Chris Mangena a exposé comment, selon toute probabilité, la jeune mannequin était debout dans les WC quand elle a été touchée à la hanche par un premier coup de feu, avant de chuter et de se protéger la tête des mains et des bras. Le premier des trous relevés dans la porte est situé à 93,5 cm du sol et sa hanche estimée à 93 cm. «Très probablement, la blessure à la hanche a été faite quand elle était debout (…) face à la porte», a décrit Chris Mangena. «Cela lui a brisé la hanche, l’a fait tomber en arrière dans le porte-revues», a-t-il ajouté.
Bruit suspect
C’est dans cette seconde position qu’elle a été touchée une deuxième et une troisième fois. Pistorius a tiré quatre fois mais l’une des balles ne l’a pas atteinte. Pistorius soutient qu’il était terrorisé après avoir entendu un bruit suspect et a fait feu en croyant tirer sur un cambrioleur. Même si la légitime défense est difficile à plaider, le champion ayant fait feu sans voir sa cible, ni vérifier s’il était vraiment menacé, il veut convaincre la juge qu’il a n’a pas voulu tuer Reeva. Parmi les éléments-clés à l’appui de sa thèse: l’emplacement d’où il a tiré. La rapidité avec laquelle il a tiré («bang – bang, bang, bang» selon l’accusation, «tac-tac» puis «tac-tac» selon la défense). Ou encore, la possibilité que sa victime ait hurlé ou non, signalant sa présence.
Pistorius à la porte
Après le premier coup de feu qui l’a fait tomber, Reeva «était très probablement assise dans une position défensive», a poursuivi le capitaine Mangena, mimant à la barre le dernier geste de la jeune femme, les bras croisés devant son visage. Une deuxième balle a ricoché mais la troisième lui a perforé le bras gauche au-dessus du coude par l’arrière, faisant exploser la chair et lui causant un bleu à la poitrine: «Les bras étaient levés en l’air au niveau de la poitrine». La dernière balle l’a atteinte sur le côté droit du crâne alors qu’elle avait «les deux mains sur la tête» et «après cette plaie elle est tombée immédiatement, le buste entre le WC et le porte-revues». Pistorius était devant la porte quand il a tiré: «Le tireur ne portait probablement pas ses prothèses aux jambes et a tiré d’une distance supérieure à 60 centimètres», a indiqué l’expert.
Procès ajourné
Mercredi, lors d’un contre-interrogatoire inhabituellement bref, l’avocat Barry Roux a notamment suggéré que son client était loin de la porte quand il a tiré. Cette hypothèse est plausible, a admis le capitaine Mangena. Elle est aussi utile à la défense, qui aura du mal à expliquer pourquoi un homme terrorisé se serait approché aussi près de la porte où il croyait à la présence d’un assaillant. Pendant toute la déposition du capitaine Mangena, Pistorius s’est bouché les oreilles. La veille il avait fondu en larmes, après avoir passé la majeure partie de la journée à lire. Peu avant 12 heures, le procès a été ajourné jusqu’à lundi, à la demande du parquet. Vendredi est un jour férié en Afrique du Sud.