La police a elle chargé contre plusieurs dizaines de jeunes qui jetaient des projectiles sur les forces de l’ordre, a constaté une journaliste de l’AFP sur place. Les jeunes ont également monté des barricades avec des barrières, enflammé des poubelles et cassé les vitres d’une banque à coup de chaises en fer forgé. Un groupe de forces anti-émeutes a été entouré et pris à partie par des manifestants qui leur jetaient des projectiles.
Tirs
Des forces de l’ordre ont elles alors répondu avec des tirs de balles en caoutchouc vers les manifestants. Les incidents ont fait une centaine de blessés légers dont une moitié de policiers, ont indiqué les services de secours et le gouvernement espagnol, précisant qu’au moins 13 personnes avaient été hospitalisées, dont un agent dans un état grave. Et 24 manifestants ont été interpellés pour «agression à policiers, jets de pierres et autres objets et vandalisme», a-t-il également été précisé. Certains des jeunes manifestants ont monté des tentes sur une grande avenue en plein centre de la capitale espagnole, affirmant avoir l’intention de rester une fois la manifestation dispersée. «Debout, debout, nous allons lutter!», avaient crié auparavant les manifestants, avant de partir en défilé le long des grandes artères du centre de la ville, dénonçant un taux de chômage supérieur à 26 % et la politique d’austérité suivie depuis deux ans par le gouvernement de droite.
300 organisations
Certains étaient arrivés dans la capitale en huit colonnes, après avoir marché pendant près d’un mois, depuis l’Andalousie, dans le sud, la Catalogne, dans l’est, les Asturies, dans le nord-ouest, ou l’Estrémadure, dans l’ouest. «Ni chômage, ni exil, ni précarité. Des marches, des marches, des marches pour la dignité», hurlaient des jeunes, nombreux dans la manifestation, juchés sur une camionnette à ciel ouvert. «Ce sera une marée citoyenne qui va remplir de dignité la capitale», avait promis Diego Cañamero, porte-parole du syndicat andalou des travailleurs, l’une des 300 organisations présentes. «L’idée, c’est d’unir toutes les forces autour d’un objectif : soit le gouvernement répond à nos revendications, soit il doit faire ses valises», disait-il.
Quelque 1700 policiers sur place
Et de multiples organisations citoyennes, associations, groupes de la mouvance des «indignés» ou collectifs professionnels appelaient à manifester. Une mobilisation rappelant les grands défilés qui avaient marqué la poussée de fièvre sociale, retombée depuis, qui a agité l’Espagne en 2011 et 2012. Les organisateurs ont annoncé que des centaines d’autocars et au moins quatre trains avaient été affrétés dans plusieurs régions d’Espagne. Les autorités régionales ont elles mobilisé quelque 1700 policiers pour assurer la sécurité, craignant des incidents en raison de la présence attendue de groupes antisystème. Dès le milieu de journée, des cortèges s’étaient constitués aux entrées de Madrid, d’où émergeaient des pancartes portant notamment comme revendications «des retraites justes» ou «pour le droit à un toit».
Deux grèves
L’austérité sans précédent appliquée par le gouvernement conservateur depuis son arrivée fin 2011 pour réduire les déficits publics et la dette de l’Espagne a donné lieu à deux grèves générales en 2012 avec des centaines de milliers de personnes dans la rue. La mobilisation s’est ensuite essoufflée, dans un pays qui connaît la récession, un chômage record et un plan d’économies de 150 milliards d’euros sur trois ans annoncé en 2012. Pourtant, s’ils ne descendent pas dans la rue, les Espagnols ont montré dans les sondages leur rejet de la politique d’austérité. «En 2014, nous sommes face à une situation extrêmement difficile, une situation limite, d’urgence sociale, qui exige une réponse collective et massive des salariés, des citoyens et du peuple», affirmaient les organisateurs.