Le nouveau Premier ministre Manuel Valls compose son gouvernement avec en tête la difficile équation imposée par François Hollande: concilier réduction des déficits et diminution des impôts sous l’œil de Bruxelles.Manuel Valls, Premier ministre fraîchement nommé, s’attelle ce mardi à la difficile tâche de composer son équipe gouvernementale.
Le choix de l’ancien ministre socialiste de l’Intérieur, connu pour sa fermeté et son franc-parler, menace par ailleurs de faire voler en éclat la majorité présidentielle. Les écologistes, qui goûtent peu le profil de “socialiste de droite” de Manuel Valls, ont en effet prévenu qu’ils ne participeraient pas au gouvernement si leur demande de changement de cap politique n’était pas entendue.
A 51 ans, Manuel Valls va prendre ses quartiers à Matignon après une cérémonie de passation de pouvoir dans l’après-midi avec Jean-Marc Ayrault. L’annonce de la composition du gouvernement doit intervenir avant un Conseil des ministres présidé mercredi ou jeudi par François Hollande.
Le chef de l’Etat a nommé lundi Manuel Valls à la tête d’un “gouvernement de combat” pour mettre en œuvre le “pacte de responsabilité”, pierre angulaire de sa politique économique qui prévoit une baisse des charges des entreprises pour relancer l’emploi.
François Hollande a souligné que son nouveau Premier ministre aurait la difficile mission de “convaincre” la Commission européenne d’être patiente et souple sur la maîtrise des déficits alors que la politique de rigueur mise en place par les socialistes contribue largement à leur impopularité.
Une feuille de route en quadrature du cercle
La feuille de route du nouveau gouvernement a tout de la quadrature du cercle puisqu’il s’agira de concilier réduction du déficit public et diminution des impôts. L’exécutif prévoit en effet une baisse de 30 milliards d’euros des charges pour les entreprises dans le cadre du pacte de responsabilité et une baisse des cotisations salariales dans le cadre d’un pacte de “solidarité”. Il a également évoqué une diminution des impôts pour les Français d’ici 2017.
Le président avait annoncé en janvier 50 milliards d’euros d’économies d’ici 2017, qui doivent être détaillées en avril, Paris devant transmettre à la fin du mois à la Commission européenne son programme de stabilité actualisé.
Mardi, le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a prévenu le nouveau Premier ministre qu’il devait continuer les réformes pour réduire le déficit budgétaire et renforcer la compétitivité du pays. Il faut “s’en tenir aux objectifs budgétaires et travailler à des réformes”, a-t-il indiqué.
Les spéculations allaient bon train mardi sur les personnalités en vue pour les postes-clés du nouveau gouvernement. Parmi les entrants, est cité le nom de Ségolène Royal, candidate à la présidentielle de 2007 et ex-compagne du président, peut-être pour prendre un ministère élargi de l’Éducation. Un fidèle de François Hollande, François Rebsamen, pourrait s’occuper de l’Intérieur, un poste qu’il souhaitait en 2012.
Fabius aux affaires étrangères
Laurent Fabius était en général donné comme reconduit aux Affaires étrangères. Parallèlement, un bras de fer s’est engagé entre écologistes et socialistes sur l’avenir de la majorité de gauche née en 2012 après la défaite présidentielle de Nicolas Sarkozy. Les deux ministres écologistes sortants ont déjà annoncé qu’ils ne participeraient pas à l’équipe de Manuel Valls et la question se pose plus globalement du soutien des députés écologistes au gouvernement. En cas – hypothèse extrême – de leur départ de la majorité, les socialistes conserveraient certes la majorité à l’Assemblée nationale mais un nouveau foyer de contestation s’ouvrirait pour le chef de l’Etat.
“La personnalité de Manuel Valls pose question aux écologistes, c’est normal, sur la ligne politique qu’il peut mettre en oeuvre comme Premier ministre”, a estimé François de Rugy, coprésident du groupe écologiste à l’Assemblée Nationale.
A quelques semaines du deuxième anniversaire de son entrée à l’Elysée et à deux mois d’élections européennes qui s’annoncent au moins aussi périlleuses pour la majorité, le président a aussi essuyé dimanche une défaite personnelle: sanction d’une impopularité record sous la Ve République, d’une crise de confiance symbolisée par la forte abstention des électeurs de gauche et d’une hausse du chômage qu’il ne parvient pas à juguler.
(afp/Newsnet)