«Depuis que je suis à Tambacounda, je travaille 24/24 et 7 jours/7. Quand un malade vient et que toutes les conditions sont réunies nous l’opérons. Je ne suis qu’un acteur. Y a également la disponibilité et beaucoup d’autres facteurs qui entrent en jeu. Dés que j’ai vu le gosse, j’ai fait un dossier habituel c’est-à-dire qu’on fait une mobilisation. On le met un anti coagulant, des antalgiques et puis en général c’est le traitement pratique. On lance le bilan, on fait les ordonnances et puis on attend que les choses se réunissent. Quand les choses se réunissent, j’appelle l’anesthésiste pour le lui faire part. Maintenant, c’est à lui de juger. Parce qu’il y a des cas beaucoup plus urgent. Le lundi, nous étions sur un cas extrêmement difficile et notre matériel est même gâté. J’ai dû renvoyer trois malades. Donc normalement, ils devraient subir l’opération le mardi. Ainsi, je suis passé au niveau de l’accueil le mardi et j’ai donné des instructions fermes pour qu’on puisse opérer le gosse. Malheureusement, au niveau de l’accueil, ils ont amené un autre malade. J’avais 40 malades qui attendaient puisque c’était mon jour de consultation. Mais, je voulais opérer les trois autres malades dont le gosse. Je suis venu dire à l’anesthésiste qu’il y a incompréhension puis qu’à la place du gosse c’est un autre malade qui s’est présenté. On allait enchainer les deux. Malheureusement, pour faire l’anesthésie c’était un problème et l’intervention était difficile. Ce qui nous a pris énormément de temps et je suis sorti au bloc vers 15 heures 30 et y avait des malades qui m’attendaient à la consultation. Après avoir consulté ces malades, je suis retourné au bloc pour leur dire de me préparer tout le matériel. Malheureusement, l’anesthésiste m’a fait comprendre qu’il y a une autre urgence et d’ailleurs plus urgent que le gosse. J’ai dit ok et après on enchaine. Entretemps, on est venu me dire qu’il y a deux autres cas de césarienne et d’anémie. C’est ainsi que j’ai dit à l’anesthésiste de programmer le gosse pour le mercredi et j’ai dit au gosse de couper le jeûne. D’ailleurs, quand je suis venu le voir, nous avons longuement échangé des mots amicaux. Quand, je suis venu au bloc ce mercredi matin, j’ai vu que le malade ne se sentait pas bien et nous l’avons aidé, l’anesthésiste et moi dans sa réanimation. L’anesthésiste m’a demandé d’appeler les membres de sa famille pour qu’ils sachent qu’il n’est pas encore opéré puisque ce sont des choses qu’on voit tout le temps. C’est ainsi que j’ai fait venir sa femme. C’est ainsi que sa femme nous a signifié que son mari lui a dit que si on l’opère pas aujourd’hui, il va partir. J’ai expliqué à sa femme le pourquoi et elle m’a dit qu’elle a compris. Malheureusement, le destin l’a arraché. Ces genres de malades nous affectent et j’ai annulé tout mon programme d’opération à cause de ça. Je ne pouvais plus opérer».
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