Suite Aux Révélations Sur La Baisse Du Taux De Croissance Du Pib : Tsunami Dans La République

Il a fallu que Le Quotidien publie l’information pour que tous les acteurs se remuent, comme piqués par un nid d’abeilles, de la présidence de la République en passant par l’Ansd, chacun a voulu donner sa version des choses ; mais avec une constance du côté de l’Ansd : leurs chiffres ne changent pas.

La publication par Le Quotidien, dans son édition d’hier, des données de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd), relatives à la chute à 2,4%, du taux de croissance du Produit intérieur brut pour l’année écoulée, a provoqué de forts remous au sein de l’appareil de l’Etat. Les services de la Présidence ont contacté l’Ansd et la Direction de la prévision et des études économiques (Dpee), pour tenter de leur intimer l’ordre d’«harmoniser (leurs) positions». Les politiques indiquaient ne pas comprendre que l’écart entre les estimations publiées en février par la Dpee et les chiffres de l’Ansd soit aussi important.

Depuis Washington, aux Etats-unis, où il se trouve en fait depuis trois jours, le ministre de l’Econo­mie et des finances, Amadou Ba, a de son côté, contacté Le Quotidien pour expliquer qu’en fait, les 2,4% indiqués dans le journal résultaient d’une erreur dans les calculs de l’Ansd. Selon le Grand Argentier de la République, les services du directeur Babacar Fall auraient omis de prendre en compte les derniers chiffres de la campagne agricole. Il a même indiqué depuis les bureaux du Fmi à Washington, que les protagonistes se sont penchés sur les chiffres pendant 48h, et se sont mis d’accord pour que le ministre de l’Agriculture communique au plus vite aux agents de l’Ansd les bons chiffres à intégrer dans leurs calculs, pour servir à une publication corrigée. Pour lui, cette cacophonie est d’ailleurs le fait de la séparation des deux services entre deux départements ministériels, l’Economie et les Finances d’un côté, et le Plan de l’autre.

L’Ansd persiste et signe
Cette révélation a fortement surpris les services de la Statistique et de la démographie. Un statisticien a tenu à indiquer qu’il ne pourrait et «il n’y a pas de contradiction entre les chiffres des deux services. De plus, l’Ansd travaille dans l’autonomie et la transparence ; ses agents sont assermentés, et ne reçoivent des ordres d’aucune autorité». De plus, les bases de calcul de l’Ansd sont exactement les mêmes que celles de la Dpee. La seule différence est, comme dit hier dans Le Quotidien, que les fonctionnaires de la Dpee font des estimations et des prévisions à partir des données de l’Ansd et des entretiens avec des opérateurs économiques. C’est dire qu’il est inimaginable au niveau de tous les deux services, que l’on puisse leur demander de corriger leurs chiffres.

«Ces chiffres, avant d’être publiés, sont commentés et validés par les agents de la Dpee, parce que nous travaillons tous selon les mêmes méthodes», soulignent les statisticiens. Et s’agissant des chiffres de l’Agriculture, ils estiment qu’ils ne pourraient pas modifier profondément les chiffres actuels, parce qu’il était déjà annoncé, à partir des données antérieures, que la campagne agricole passée ne s’était pas déroulée comme il fallait. On sait que le pays avait connu une très longue pause pluviométrique, ce qui explique d’ailleurs la crise alimentaire que connaissent certaines parties du pays, obligeant l’Etat à chercher des milliards de francs Cfa pour fournir à près de 90 000 personnes de quoi tenir jusqu’aux prochaines récoltes. Hormis cela, en février dernier déjà, la Note de conjoncture publiée par la Dpee démontrait un très faible niveau d’amélioration des recettes budgétaires. Sans argent, et avec une agriculture qui ne parvient plus à assurer l’essentiel à ceux qui la pratiquent, comment espérer que le Sénégal puisse réaliser des performances remarquables, se demandent les observateurs.

 

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