L’Ukraine a envoyé au front un bataillon de la Garde nationale. “Les projets de la Russie ont été et restent brutaux. Ils veulent que s’embrasent non seulement le Donbass, mais tout l’est et le sud de l’Ukraine, de la région de Kharkiv à celle d’Odessa”, a fustigé le président par intérim Olexandre Tourtchinov devant le Parlement.
Olexandre Tourtchinov a annoncé le lancement mardi matin d’une opération “antiterroriste dans le nord de la région de Donetsk qui sera menée de façon graduelle, responsable et réfléchie”.
Le nord de la région de Donetsk correspond à la ville de Slaviansk, devenue le symbole de la dernière série d’insurrections pro-russes qui a laissé l’Ukraine et ses 46 millions d’habitants plus que jamais menacés d’éclatement entre l’est russophone et le centre et l’ouest tournés vers l’Europe.
Des groupes armés, bien organisés et équipés, portant les mêmes uniformes non marqués, avaient pris samedi le contrôle des locaux de la municipalité, de la police et des services spéciaux (SBU) de la ville, ainsi que du commissariat de la localité proche de Kramatorsk.
Nouveau défi des pro-russes
Lundi, alors que les autorités ukrainiennes avaient affirmé avoir entamé les opérations de reconquête, les pro-russes lui ont lancé un nouveau défi, des manifestants s’emparant lors de scènes d’émeute du siège de la police dans une nouvelle localité, Gorlivka.
Le gouvernement intérimaire de Kiev, issu du renversement d’un régime pro-russe fin février lors de manifestations sanglantes, se retrouve coincé entre la Russie, qui ne le reconnaît pas et multiplie les mises en garde contre toute répression, et les mouvements pro-européens et nationalistes qui protestent contre son “inaction”.
Lundi soir, quelques centaines de personnes ont manifesté devant le parlement, brûlant des pneus et réclamant la démission du ministre de l’Intérieur Arsen Avakov. Quelques centaines protestaient encore mardi matin devant l’assemblée, où plusieurs députés ont exigé des mesures fortes, comme l’ex-boxeur Vitali Klitschko qui a estimé que “le seul dialogue avec les mercenaires doit être guerrier”.
Kiev a annoncé lundi l’envoi “au front” d’un premier bataillon de la Garde nationale, constitué de volontaires ayant fait partie des unités d’autodéfense du Maïdan, haut lieu de la contestation dans le centre de Kiev.
La Russie maintient la pression
De l’autre côté, la Russie maintient la pression à 48 heures de pourparlers à quatre – Ukraine/Russie/Etats-Unis/Union européenne – prévus jeudi à Genève, les premières négociations internationales depuis le début de crise.
Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a ainsi prévenu mardi que tout ordre “criminel” de Kiev “d’envoyer les chars” ferait capoter ce dialogue.
L’annonce lundi soir par le Kremlin que Vladimir Poutine recevait de “nombreuses demandes” d’aide des régions de l’est ukrainien et suivait la situation avec “beaucoup d’inquiétude” avait déjà renforcé les craintes d’une intervention russe.
La Russie a en effet massé jusqu’à 40’000 hommes à la frontière selon l’Otan, et le président russe s’est engagé depuis longtemps à assurer “à tout prix” la sécurité des populations russophones de l’ex-URSS.
(afp/Newsnet)