Attentes et espoir sont les deux sentiments qui habitent les populations de Kédougou depuis l’annonce de la décentralisation du Conseil des ministres. Région à potentialités énormes, Kédougou note des insuffisances dans tous les secteurs d’activités. Elle cohabite avec les sempiternelles questions de l’insécurité, des inondations, de l’assainissement, de la dégradation du tourisme… En somme, tous les ministères sont interpellés. Ces sollicitations attendent solutions au cours du Conseil des ministres qui se tiendra le 17 avril prochain au Cdeps de Kédougou.
Macky Sall ne devra pas s’attendre à être accueilli à Kédougou comme un touriste. Les populations de la « terre des hommes » ont des doléances sérieuses à lui exposer. En effet, les attentes font légions. Région à vocation minière, regorgeant d’énormes potentialité, Kédougou peine à remplir son rôle dans ce domaine. La chaîne est loin d’être performante à cause de nombreux dysfonctionnements notés çà et là. Une meilleure valorisation des ressources minières est toujours souhaitée par les populations.
Kédougou se nourrit, en majorité de l’exploitation de l’or par les sociétés minières et ses multiples sites traditionnels d’orpaillage qui participent au développement économique de cette partie orientale du Sénégal. Elle reçoit plus de 10 nationalités qui s’activent quotidiennement dans les sites d’orpaillage. Ce secteur reste, néanmoins, plombé par l’insécurité avec la présence des bandits de grands chemins qui freinent l’épanouissement de ses acteurs. «Kédougou est malade malgré ses nombreuses potentialités. Kédougou est une région où tout est à reconstruire. Il n’ya aucun changement sur le plan des infrastructures, des équipements (routes, bâtiments administratifs ect…). Nous devons être très attentifs à tous les niveaux. Des investissements, il en faut à Kédougou », indique le coordonnateur de l’APR. «Et le Conseil des ministres se tient au chevet d’un secteur moribond», croit-il. Les complaintes relatives à la filière minière sont nombreuses. Elles vont de l’insuffisance de l’organisation du secteur à l’insécurité grandissante et à la porosité des frontières. Plus d’ordre dans le secteur minier et le renforcement de la sécurité sont attendus par les acteurs de la part du gouvernement. Autre dossier important, le tourisme avec son banc de sable mouvant. « L’écotourisme et le tourisme de chasse sont encore inexploités à Kédougou, alors que la région regorge d’énormes potentialités aussi bien du point de vue culturel que du point de vue de la nature », souligne le président du syndicat du tourisme Moussa Yéro Dansokho. La région de Kédougou est, selon lui, l’une des régions les plus riches en espèces végétales sans oublier la diversité de la faune, avant de rappeler que les touristes espagnols et français sont les plus fréquents dans la zone. Mr. Dansokho a en outre évoqué les problèmes de transport, soutenant que « les déplacements sont difficiles à l’intérieur de la région à cause de son enclavement et les mauvaises pistes qui continuent à être un handicap ». Ainsi, espère-t-il, le Conseil ministériel saura déclencher un train de solutions.
Les inondations restent également un casse-tête pour les populations. On n’en parle que quand le ciel ouvre ses vannes. Rares sont les quartiers que les eaux de pluies stagnantes épargnent. Et pour la quasi-totalité de la ville de Kédougou, la saison des pluies rime avec barbotage ou encore, recrudescence des maladies liées à l’eau. «La question des inondations devrait être un des thèmes prioritaires du Conseil des ministres», pense Mamadou Diaby. Pour ce citoyen, des actions préventives devraient être prises pour lutter contre l’envahissement des quartiers par les eaux de pluie et les eaux usées.
L’emploi des jeunes constitue une priorité
L’intensification de l’élevage, la lutte contre l’envahissement des plantes aquatiques proliférant sur le fleuve et la remontée des eaux sur les terres de culture, la réduction de la pauvreté, l’assainissement sont, aussi des chantiers sur lesquels les populations attendent une réaction favorable du gouvernement sur qui elles fondent beaucoup d’espoir. La création d’opportunités d’emplois pour les dizaines de milliers de jeunes en chômage est aussi une préoccupation des populations de la « terre des hommes » selon Abdou Coulibaly. Pour lui, beaucoup d’actions qui ont été entamées sont restées sans suite. Dans le domaine de l’environnement, Kédougou a un équilibre très fragile. Avec ses sites d’orpaillages traditionnels, la pression sur l’environnement est souvent à l’origine des problèmes entre populations et sociétés minières. Des conflits sont souvent notés ça est là. Ils sont liés au pastoralisme, aux techniques culturales (mode de défrichement), à la prolifération de sites d’orpaillage, mais également à la gestion des ordures ménagères. La pression sur la forêt est nette et inquiète les autorités chargées de la défense de l’environnement qui soutiennent que « des patrouilles régulières sont effectuées dans les zones à forte concentration humaine afin de dissuader d’éventuels malfaiteurs ». « Des campagnes de sensibilisation sont nécessaires auprès des pouvoirs publics et des citoyens sur les menaces sur l’environnement et les risques de conflits », ajoutent-elles. Ainsi, pour appuyer le secteur minier, certaines ONG comme la « lumière » mènent des campagnes de sensibilisation en direction des populations sur l’environnement, la planification de l’exploitation artisanale de l’or et des ressources forestières, etc. Autant de problèmes sur lesquels le gouvernement de Macky Sall est attendu.
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