Occupation anarchique de la voie publique, cambriolage, crime odieux, absence d’éclairage public…
A Tambacounda, il ne fait plus bon vivre, comme ce fut le cas naguère. Les populations se plaignent. Une visite dans les coins et recoins de la ville a permis de constater ce qui reste de cette localité autrefois modèle de quiétude.
Tamba a peur, Tamba n’a plus le cœur à la fête. La localité est devenue une zone où ne règne plus la sécurité. Le vent de la violence qui a fini de souffler dans certaines localités comme la Casamance et qui a atteint la capitale orientale a causé une psychose chez les habitants. A Tambacounda, dès la tombée de la nuit, tout le monde se terre tranquillement chez lui. L’obscurité aidant, les rues sont désertes et la ville présente une mine de fantôme. Du quartier Plateau à Gourel Diadié, en passant par Saré Guilél, Liberté, Abattoirs, Gouye, la nuit donne à la capitale de la 5e région du Sénégal, une mine triste ou un air de cimetière. Pape Fall, un enseignant rencontré dans une des rares ruelles mal éclairées, dit : «Chez moi, mes enfants ne sortent plus la nuit. Leurs courses, ils le font le jour et plus jamais la nuit. Même moi, j’ai la peur au ventre. C’est pareil aussi pour d’autres pères et mères de famille qui exigent de leurs enfants de rester à la maison après à la prière du crépuscule («timis»).»
D’après eux, la sécurité a totalement basculé pour laisser la place à la criminalité qui s’est accrue ces derniers temps, essentiellement à cause de l’obscurité.
«Les populations de Tambacounda ont toujours entendu parler de la violence à travers la presse. A part quelques rares cas relevés ça et là, on peut dire que la capitale orientale faisait partie des villes les plus paisibles du Sénégal. En atteste la chanson de Youssou Ndour qui disait «Fii ba Tambacounda, amna nopalou kay». Ici, les maisons pouvaient ne pas être fermées, car les gens se connaissaient et aucune crainte n’était perceptible dans le regard des populations. Les bancs publics étaient toujours occupés par les habitants qui y tenaient leurs petites discussions amicales dans la chaleur ou la fraîcheur de la nuit après une journée bien remplie», témoigne le vieux Bassirou Diallo, trouvé devant la porte de sa maison, sise au quartier Pont. A l’en croire, il ne reste plus, aujourd’hui, que de vagues souvenirs de ces moments de plaisirs. «Tambacounda a changé et a mal», se désole le vieux enseignant à la retraite.
«Il faut tuer, agresser pour avoir de l’argent»
L’une des premières causes de la montée en puissance de la violence mortelle est amère, les gens sont aujourd’hui prêts à tout. Il faut tuer, agresser pour avoir de l’argent, il faut tuer pour satisfaire les besoins sociaux, ou encore il faut tuer après avoir satisfait sa libido.
L’autre cause peut être liée à la cherté des denrées de premières nécessités qui n’a pas épargné Tambacounda. «A Tambacounda, les populations mangeaient à leur faim. Mais à cause de la crise et la cherté des denrées de premières nécessités, les populations ne peuvent plus assurer leur survie», dixit le commerçant Abdoul Bâ qui s’efforce tant bien que mal de subvenir aux besoins familiaux. Pis, renseigne-t-il, «la misère s’est installée».
A côté de ce visage hideux, il y a aussi le développement exponentiel de la population qui a fait que Tambacounda est estimé à environ 100 000 âmes avec 30 quartiers dont certains sont aux allures de taudis d’où sortent, tous les jours, de jeunes «débrouillards» à la recherche de la pitance. Ils sont marchands ambulants, cochers, vigiles… Tous ont un même objectif : trouver quelque chose à se mettre sous la dent.
Devant une telle situation et surtout une police désarmée, sous équipée et en manque d’effectifs, la tendance de la criminalité ne peut que s’accentuer. A cela, s’ajoute «la présence de jeunes conducteurs de motos Jakarta venus de Kaolack, Kaffrine et Koungheul et qui s’adonnent aux vols à l’arrachè»
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