L’ex-trader de la Société générale Jérôme Kerviel, attendu en France pour y purger une peine de prison, a annoncé dimanche qu’il restait en Italie, en attendant une réponse de l’Elysée à sa demande de protection de témoins dans son dossier.
«J’attends côté italien la réponse du président de la République, sur l’immunité que je demande pour protéger les personnes qui sont prêtes à parler», a-t-il dit dans un communiqué, réitérant sa position de la veille, quand il avait arrêté sa marche juste avant la frontière et la France.
Jérôme Kerviel sera considéré «en fuite» s’il ne se présente pas au commissariat de Menton, a annoncé le parquet général de Paris.
«A l’expiration du délai de convocation au commissariat de Menton, dans les Alpes-Maritimes, Jérôme Kerviel sera considéré en fuite et un mandat d’arrêt européen sera délivré à son encontre dans le respect de la décision de justice le concernant», a informé dans un communiqué le parquet général de la cour d’appel de Paris.
Rencontre avec le président
Dimanche matin, Kerviel a demandé à ce que sa défense puisse «rencontrer le président de la République au plus tôt afin de lui exposer l’ensemble des dysfonctionnements graves» ayant selon lui marqué la procédure judiciaire le visant.
Sa défense réclame enfin au parquet de surseoir à l’exécution «dans les heures qui viennent» de sa peine de prison, fixée à cinq ans dont trois ferme. «Cette peine est exécutoire dans les 5 ans, conformément au code pénal, et il n’y a donc aucune urgence à l’emprisonner, sinon à le faire taire», ajoute le texte.
La défense de Jérôme Kerviel et des membres de son comité de soutien ont informé qu’ils regagneraient Paris dimanche soir «pour se tenir à la disposition des services de la présidence de la République afin d’évoquer les pièces et les éléments démontrant les dysfonctionnements dénoncés. Ils pourront aussi rencontrer le parquet».
L’Elysée a également réagi à cette demande. Interrogé par l’AFP, l’entourage du président français a répondu: «aucune rencontre n’est à l’ordre du jour».
L’Elysée a par ailleurs rappelé que le chef de l’Etat était «le garant constitutionnel de l’indépendance de l’autorité judiciaire» et qu’à ce titre, il était «attaché au respect des décisions rendues par les juridictions françaises». Selon une source gouvernementale, l’exécutif n’a pas l’intention de «tomber dans le piège évident tendu par Kerviel et son avocat».
Jeûne du père Gourrier
Quant au père Patrice Gourrier, qui accompagne depuis quelques jours l’ancien courtier dans sa marche, il a décidé d’entreprendre «un jeûne qui se poursuivra tant que l’incarcération ne sera pas différée».
«En unissant le jeûne à la prière, je souhaite que l’attention de tous les citoyens se porte sur les victimes des barbaries économiques où l’on sacrifie l’homme sur l’autel du profit», dit le prêtre, venu de Poitiers.
Kerviel à Hollande
(afp/ats/Newsnet)