Combats en Afghanistan: Le sergent américain libéré est arrivé en Allemagne

Le sergent américain Bowe Bergdahl, libéré après cinq ans de captivité aux mains des taliban en Afghanistan, est arrivé dimanche en Allemagne. Le militaire a été relâché samedi en échange du transfert au Qatar de cinq influents talibans, détenus depuis 2002 sur la base américaine de Guantanamo.

Cet échange est le résultat de plusieurs années de tractations chaotiques, dans lesquelles le Qatar a servi de médiateur.

Bowe Bergdahl, apparemment en bonne santé, a été relâché samedi vers 18 heures locales (15h30 en Suisse) dans l’est de l’Afghanistan. Il a été remis à «quelques dizaines» de soldats des forces spéciales américaines en présence de dix-huit talibans.

Conduit aussitôt sur la base de Bagram, un complexe militaire géant sous contrôle américain au nord de Kaboul, le militaire est en «bonne condition, capable de marcher seul» et reçoit un traitement médical, selon des responsables américains.

Il est arrivé dimanche au centre médical militaire américain de Landstuhl (Allemagne). Il va y continuer son «processus de réintégration, au rythme qui lui conviendra», selon un communiqué. Aucune durée n’a été fixée pour ce processus. Les équipes du centre sont «sensibilisées à ce que le sergent Bergdahl a traversé».

Le centre médical de Landstuhl est le plus grand hôpital militaire américain hors des États-Unis, selon son site internet. Il reçoit et traite notamment les soldats blessés en Afghanistan et en Irak. Le centre est situé non loin de la base aérienne de Ramstein, quartier général de l’Armée de l’air américaine en Europe.

Originaire de l’Idaho, Bowe Bergdahl avait été fait prisonnier dans la province de Paktia le 30 juin 2009.

Obama remercie Doha

Parallèlement, les cinq taliban libérés ont quitté Guantanamo à bord d’un appareil de l’armée américaine à destination du Qatar. Ils ont retrouvé des membres de leurs familles et devront rester un an dans ce pays du Golfe, a indiqué une source proche du ministère qatari des Affaires étrangères.

De son côté, lors d’une brève conférence de presse à Washington, Barack Obama, a évoqué «l’engagement indéfectible» des Etats-Unis à ramener chez eux les prisonniers de guerre américains. Le président américain a remercié le Qatar pour son rôle dans cette affaire, ainsi que le gouvernement afghan.

Le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel, qui s’est rendu dimanche en Afghanistan, a exprimé le voeu que ce développement constitue une ouverture vers la reprise du processus de paix. Mais les taliban ont déclaré qu’il s’agissait d’un simple échange de prisonniers sans signification politique.

La remise en liberté des cinq taliban, d’anciens cadres du régime fondamentaliste toujours influents au sein des rebelles, était l’une des conditions posées de longue date par les insurgés aux Américains pour ouvrir de véritables négociations de paix en Afghanistan et mettre fin à cet interminable conflit.

Craintes à Kaboul et à Washington

L’idée de cet «échange» courait depuis quelque temps et plusieurs membres du Congrès avaient fait part de leur crainte de voir les cinq taliban reprendre leurs activités anti-américaines.

Selon des documents du Pentagone publiés par l’organisation WikiLeaks, les cinq hommes ont été transférés en 2002 à Guantanamo, où ils ont été enregistrés comme des détenus «à haut risque», «susceptibles de menacer» les Etats-Unis, leurs intérêts et leurs alliés. Un des détenus serait responsable de la mort de milliers de chiites afghans entre 1998 et 2001.

A Kaboul, nombreux sont les Afghans, notamment au sein des agences de sécurité, qui pensent que les cinq hommes vont reprendre le combat. «Cet échange va entretenir le moral des taliban et les pousser à capturer d’autres soldats étrangers. Ils savent maintenant que cela paiera», a estimé un colonel de l’armée nationale afghane.

Qualifiant leur remise en liberté de «grande victoire», le mollah Omar, chef suprême des taliban afghans, a lui aussi adressé ses remerciements aux autorités qataries «pour leur médiation».

(ats/Newsnet)