Cinq ans d’emprisonnement ferme, c’est la peine prononcée par la cour d’assises séant à Tambacounda à l’encontre d’Aladji Camara, âgé de 41 ans, cultivateur marié à deux épouses et père de 12 enfants, domicilié au quartier périphérique de Tamba Socé. Il est reconnu coupable du crime de meurtre sur la personne de Moussa Oualy le « sorcier ».
Tout est parti d’une banale histoire autour de quatre bouteilles de vin entre le cultivateur Aladji Camara et son ami Moussa Oualy dans la nuit du 10 janvier 2012 aux environs de 19 heures. La tension est vite montée lors de cette discussion et les deux amis en sont venus aux mains. Armé de brique, Aladji Camara est parvenu à administrer un violent coup à son ami Moussa Oualy, l’envoyant ad patres. Le « sorcier » comme l’appelaient affectueusement les Tambacoundois car doté de pouvoirs mystiques incontestables, se met à tituber. Arrivé à la hauteur de la grande porte de sa maison, la famille entend un grand bruit assourdissant et comprend que leur papa venait de s’affaler sur le perron. Le « sorcier » est tombé par la nuque. La famille court et constate les dégâts. Moussa Oualy commence à saigner à cause de son arcade ouverte. Paniquée, la famille crie de toutes ses forces alertant ainsi le voisinage. La victime est acheminée dare-dare aux urgences du centre hospitalier régional de Tambacounda par son fils Dioncounda et sa deuxième épouse Fatou Bandé. Après d’intenses soins, il a été libéré par les blouses blanches qui lui ont donné rendez vous le lendemain matin. Mais, c’était sans compter avec l’au-delà. Moussa Oualy succombera des suites de ses blessures le 11 janvier 2012 aux environs de 8 heures sur la route qui mène vers le centre hospitalier. Un meurtre qui n’a laissé personne indifférent dans la capitale orientale. Jeunes, hommes, femmes, politiciens, membres du mouvement associatif, parents, amis, voisins ont rappliqué au domicile de « sorcier » qui fut Président de l’ASC Milan. Moussa Oualy aimait beaucoup le football et était accessible à tous. Il faisait partie des marabouts courus par des politiciens, ministres, commerçants, secrétaires de direction et patients en provenance de toutes les régions du pays voire de la sous région. Le rapport d’expertise médico-légale établi par Dr Issa Amadou, relève une plaie de l’arcade sourcilière gauche entre autres séquelles et conclue à une mort par hémorragie cérébrale. L’enquête aussitôt ouverte par les limiers du commissariat de police de Tambacounda a permis de mettre la main sur Aladji Camara. Soumis aux questions des enquêteurs, le mis en cause soutient qu’il n’a donné aucun coup au défunt. Bien au contraire c’est celui-ci qui l’a pris par le collet avant de lui donner un violent coup de tête. C’est en se dégageant de cette prise que son adversaire d’un soir, ivre, est tombé tout seul, sur la nuque qui se heurte au sol en dur. Il explique que le défunt s’en est pris à lui alors qu’ils prenaient ensembles 4 litres de vin, et qu’il lui a rappelé sa dette contractée auprès de Sirifo Camara. Entendus, les deux témoins Mamadou Diatta et Sirifo Camara déclarent que la dette contractée par le défunt serait certainement à l’origine de la querelle fatale. Dioncounda Oualy, fils de la victime déclare quant à lui, avoir vu Aladji Camara ramasser un caillou avec lequel il administre un coup à son père au niveau de son arcade sourcilière et celui-ci tombe sur sa nuque contre le sol cimenté de la cour de leur maison. Il ajoute que c’est lui-même qui a conduit son père à l’hôpital.
S’exprimant sur le déroulement des faits devant la barre de la cour d’assises ce 13 juin 2014, l’accusé Aladji Camara, âgé de 41 ans, marié à deux épouses et père de douze enfants, nie les faits. « Je n’ai donné aucun coup à Moussa Oualy. Nous sommes des amis intimes et le jour des faits, nous étions ensemble chez lui entrain de boire 4 l de vin. Quand je lui ai rappelé sa dette de viande contractée auprès de Sirifo Camara, il m’a pris par le collet, m’a injurié avant de me donner un violent coup de tête. C’est en me dégageant de cette prise que Moussa, ivre, est tombé tout seul sur la nuque qui se heurte au sol en dur. Faux, rétorque Dioncounda Oualy, le fils du défunt qui soutient mordicus avoir vu Aladji ramasser un caillou avec lequel il administre un coup à son père. Entendus par la cour, les deux témoins Mamadou Diatta, délégué du quartier Tamba Socé et Sirifo ont réitéré leurs déclarations servies à l’enquête et devant le juge.
Sur les dommages et intérêts, le représentant de la famille du défunt, Dioncounda Oualy s’est désisté de toutes poursuites. Ce qui n’a pas empêché l’avocat général Soyoubou Sy de requérir 10 ans d’emprisonnement ferme contre Aladji Camara en sollicitant de la cour de disqualifier les faits en coup mortel. Selon lui, l’intention de donner la mort n’y est pas par ce que le défunt Moussa Oualy et Aladji Camara étaient de grands amis. Et le jour des faits, ils étaient tous ivres morts. La défense a sollicité l’acquittement de son client car selon lui, l’accusé n’a jamais donné de coup à son ami Moussa Oualy. A défaut, il sollicite de larges circonstances atténuantes à son client. La cour, après en avoir délibéré l’a condamné à 5 ans de prison.
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