France: Un braquage digne d’un polar déjoué in extremis

La police judiciaire française a estimé avoir déjoué l’attaque d’une des plus importantes imprimeries de billets de banque d’Europe et interpellé un «commando» de huit personnes. Selon des sources policières, huit suspects ont été interpellés en plusieurs endroits en France, se dirigeant tous vers Rennes afin «de passer à l’action». Ces personnes, âgées en moyenne de 40 à 50 ans, ont été placées en garde à vue.

Trois de celles-ci, qui seraient impliquées à un degré moindre dans cette affaire, ont été interpellées vendredi matin à Grenoble, où l’affaire est instruite par un juge, selon les mêmes sources policières.

Un «mauvais et gros coup»

Depuis plusieurs mois, une information judiciaire y avait été ouverte sur des soupçons de trafic de stupéfiants pesant sur l’un des huit suspects principaux. Les enquêteurs avaient eu vent d’éléments laissant penser que ce suspect, a priori anodin, ne l’était pas et était en cheville avec «des truands de haut calibre» préparant un «mauvais et gros coup».

Parmi eux, un homme «particulièrement dangereux» et présumé membre notoire du milieu de la région parisienne. Face à l’importance de l’affaire et au profil des personnes que ce Grenoblois côtoyait, le juge d’instruction a saisi la Direction centrale de la police judiciaire française (DCPJ) et une nouvelle information a été ouverte pour association de malfaiteurs.

La DCPJ a employé les grands moyens et flairé, en voyant le Grenoblois s’agiter, que l’affaire n’était pas anodine, pas plus que le présumé petit trafiquant de Grenoble.Celui-ci et le Parisien ont été vus au contact d’autres présumés malfaiteurs chevronnés, notamment de Rennes et du milieu grenoblois.

Le «gang est chaud»

De fil en aiguille, au cours de surveillances «difficiles car ils étaient méfiants» et d’écoutes, la PJ a acquis la certitude que leur objectif était rien moins que le centre fort, le cœur, de l’une des plus importantes imprimeries de billets de banque d’Europe, la société Oberthur Fiduciaire sise à Rennes.

Jeudi soir, la PJ sent que le «gang est chaud» et que «tout le monde a l’intention de monter à Rennes pour le grand jour», l’attaque comme dans un polar digne du film de Michael Mann «Heat».

«C’était moins une»

Les policiers des PJ de Grenoble, Rennes, Versailles, de l’Office central de lutte contre le crime organisé (Oclo) et de quatre BRI («anti-gang»), qui travaillent ensemble sur les présumés truands de longue date, décident de «toper et taper», selon leur jargon, et de ne pas les laisser faire.

Dans des appartements de Grenoble et de sa périphérie, sur la route de Rennes notamment, ils ont arrêté les huit membres présumés de la bande.Selon des sources policières à Paris, il s’agit de malfaiteurs chevronnés et organisés en commando et pas tous issus du milieu traditionnel : une «nouvelle génération». Ils ont été vus effectuant des repérages sur le centre fort de l’imprimerie, ont dit les sources policières: «C’était moins une».

Saisie d’armes lourdes et de guerre

Le préjudice, selon les mêmes sources, aurait pu être très important, de l’ordre de plusieurs millions d’euros. Un «véritable arsenal», selon les mêmes sources, a été saisi lors des interpellations: armes lourdes et de guerre, cagoules, gilets pare-balles, voitures de forte cylindrée, herses, appareils de brouillage d’ondes et à visée nocturne, pistolets automatiques ainsi que du matériel destiné à percer des bâtiments en béton, dont des disqueuses.

Le groupe français Oberthur Fiduciaire se présente comme «un des leaders mondiaux de l’impression de billets de banque» au service de gouvernements de plusieurs pays depuis plus de soixante ans. Il revendique l’impression de plus de cinq milliards de billets de banque et de 1,6 milliard de documents sécurisés en 2014, et emploie plus de 800 salariés.

(afp/Newsnet)