La Cour d’assises de Kaolack, siégeant à Tambacounda, a acquitté mardi la dame Penda Dicko du chef d’infanticide, et l’a condamnée à 6 mois de prison pour violation des droits d’inhumation, pour avoir jeté son nouveau-né dans un fleuve.
Le 6 mai 2012, Moussa Traoré découvrait le corps sans vie d’un nouveau-né flottant à la surface du Falémé, un affluent du fleuve Sénégal. Après avoir récupéré la dépouille bien enroulée dans un pagne, il l’avait déposée sur la berge, en vue d’une identification ultérieure. Mais à sa grande surprise, il n’avait pas retrouvé le corps le lendemain.
Avisés aussitôt des faits, des éléments du poste de gendarmerie d’Aroundou avaient fait une descente sur les lieux, pour procéder à une reconstitution des faits.
L’enquête ouverte permit de mettre la main sur Penda Dicko, principale mise en cause dans cette affaire. Devant les enquêteurs, cette dernière avait reconnu avoir accouché, dans la nuit du dimanche 6 mai, d’un enfant mort-né.
Elle avait ajouté avoir coupé le cordon ombilical à l’aide d’une lame et avoir enveloppé l’enfant dans un pagne, avant de le jeter dans le fleuve.
Selon elle, cet enfant est issu de sa relation adultérine avec le nommé Hamidou Dembélé qui n’avait voulu reconnaître ni la grossesse ni l’enfant à naître. Interpellé sur cette affaire, son père Adama Dicko avait déclaré tout ignorer de la grossesse de sa fille.
Inculpée d’infanticide, Penda Dicko avait soutenu que son enfant était mort-né, dans la mesure où elle n’avait pas entendu de cri à sa naissance. Elle avait toutefois reconnu avoir caché sa grossesse à toute sa famille, et n’avoir pas passé de visites prénatales.
Devant le juge d’instruction, Moussa Traoré avait confirmé avoir retrouvé le corps d’un enfant en état de décomposition avancée et bien enveloppée dans un pagne.
Suite à la réquisition d’un médecin pour consulter la dame Penda Dicko, ce dernier avait constaté une ‘’montée laiteuse très importante des seins et un col médian court déhiscent, avec des traces de sang sur la personne de cette dernière’’.
Le médecin requis avait conclu ainsi à des ‘’signes manifestes d’une personne qui vient de donner naissance’’.
A la barre de la Cour, Penda Dicko, âgée de 20 ans au moment des faits, a reconnu avoir accouché de nuit d’un enfant, précisant toutefois qu’il s’agissait d’un mort-né, dont elle avait jeté le corps à l’eau. A la question du président de la Cour de savoir pourquoi avoir choisi de la jeter, elle s’est limitée à dire que c’était une ‘’erreur’’ de sa part.
Mais pour l’avocat général, l’accusée a ‘’créé toutes les conditions de la suppression de l’enfant’’, en cachant sa grossesse à tout son entourage, et en allant nuitamment, munie d’une lame, au fleuve. ‘’Elle a tout organisé’’, a-t-il martelé, regrettant le fait que ‘’la démographie sénégalaise a encore subi un coup”. ”On a perdu un Sénégalais ou une Sénégalaise’’, a-t-il regretté.
Vu toute cette préméditation, ses déclarations ne sont pas dignes de foi, a estimé le magistrat, convaincu que ‘’cette femme n’a jamais voulu de cet enfant’’. De fait, il a requis une peine de 10 ans de travaux forcés à son encontre.
‘’On n’a ni aveu ni corps, rien ne permet d’asseoir l’homicide’’, a répliqué la défense, qui a considéré qu’en l’absence d’un certificat de genre de mort, un ‘’doute tenace’’ entoure cette affaire qui n’est ‘’pas un dossier facile’’.
Disant ne voir aucun intérêt pour sa cliente de tuer son enfant, il a demandé à la Cour de l’acquitter. Si elle était coupable de quelque chose, c’est à la limite de n’avoir pas respecté les procédures liées à l’inhumation, a relevé l’avocat défenseur.
La Cour a tranché dans ce sens, en acquittant Penda Dicko du chef d’accusation d’infanticide, et en la déclarant coupable de violation des droits de l’inhumation. Et l’a condamnée à 6 mois ferme. L’accusée ayant purgé plus, recouvre la liberté.
ADI/ASG / APS /