Irak: Bagdad promet de vaincre les «terroristes»

Les djihadistes sunnites ont pris d’assaut mercredi la principale raffinerie d’Irak au 9e jour d’une offensive leur ayant permis de conquérir plusieurs régions. Mais Bagdad a promis de vaincre les «terroristes», demandant «officiellement» des frappes aériennes américaines contre les insurgés.

«L’Irak a officiellement demandé l’aide de Washington en vertu de l’accord de sécurité (avec les Etats-Unis) pour mener des frappes aériennes contre les groupes terroristes», a déclaré le ministre irakien des Affaires étrangères Hoshyar Zebari aux journalistes à Jeddah, en Arabie saoudite.

Il s’exprimait après des consultations interarabes sur la situation en Irak en marge d’une réunion ministérielle de l’Organisation de la coopération islamique (OCI). Washington a dit examiner «chaque option» pour aider son allié irakien.

Obama étudie toujours ses options

Le président Barack Obama poursuivait ses consultations et n’exclut aucune option à l’exception des troupes au sol.

«Le gouvernement irakien a demandé de l’aide, c’est incontestablement une différence qu’il faut relever», a souligné le porte-parole de l’exécutif américain, Jay Carney.

Appui de l’Iran à Bagdad

L’Iran chiite qui appuie le gouvernement de Nouri al-Maliki, un chiite lui aussi, n’a pas exclu de son côté une collaboration avec Washington, la liant cependant à la réussite des pourparlers sur le nucléaire.

Le président Hassan Rohani a promis que son pays défendrait les sanctuaires chiites en Irak. Un grand nombre de personnes sont prêtes à se rendre en Irak pour assurer la défense des lieux saints et «remettre les terroristes à leur place», a-t-il dit.

Le Premier ministre britannique David Cameron a pour sa part affirmé que les djihadistes «projettent aussi» d’attaquer le Royaume-Uni, et que son pays ne saurait tolérer la création d’un «régime islamique extrémiste» en Irak.

Mise en garde sunnite

Au contraire, le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud Al-Fayçal, a dénoncé la «politique confessionnelle et d’exclusion» des sunnites menée selon Ryad par Nouri al-Maliki.

«La situation extrêmement dangereuse en Irak porte les prémisses d’une guerre civile dont on ne peut prévoir ni l’évolution ni les conséquences sur la région», a averti le chef de la diplomatie de la monarchie sunnite à Jeddah.

La politique irakienne pointée du doigt

Ces accusations sont intervenues au lendemain d’un communiqué extrêmement ferme du gouvernement saoudien, faisant porter à Nouri al-Maliki la responsabilité d’avoir conduit l’Irak au bord du gouffre par sa politique d’exclusion des sunnites.

Les Emirats arabes unis, sunnites eux aussi, ont annoncé le rappel pour «consultations» de leur ambassadeur à Bagdad en raison «des graves» développements en Irak.

Comme Ryad, Abou Dhabi a dénoncé la politique de Nouri al-Maliki, exprimant sa «profonde inquiétude pour la politique d’exclusion, confessionnelle et de marginalisation» du gouvernement de Bagdad à l’égard d’«une composante importante du peuple irakien», en référence à la minorité sunnite d’Irak.

Raffinerie de pétrole attaquée

Sur le terrain, les djihadistes de l’EIIL ont lancé à l’aube un assaut contre la raffinerie de Baïji, située à 200 kilomètres au nord de Bagdad. Ils portaient des uniformes militaires, à bord de nombreux véhicules, dont certains saisis à l’armée.

Mais les forces irakiennes, appuyées par l’aviation, leur faisaient face. Les combats se poursuivaient dans l’après-midi, selon un responsable.

Enlèvements multiples

Les combattants de l’EIIL qui contrôlent la deuxième ville d’Irak, Mossoul, et ont envahi une grande partie de sa province Ninive (nord), Tikrit ainsi que d’autres secteurs des provinces de Salaheddine (nord), Diyala (est) et Kirkouk (nord), ont réussi à s’emparer de trois villages du nord de l’Irak.

Dans la région de Mossoul, où 80 ressortissants turcs sont retenus par les djihadistes depuis la semaine dernière, une quarantaine d’Indiens travaillant sur des chantiers de construction ont été enlevés. Par ailleurs, 46 infirmières indiennes sont bloquées en Irak et une clinique de Médecins sans frontières (MSF) a été bombardée à Tikrit (nord).

(afp/Newsnet)