L’Association AVED Colibantan expérimente des séchoirs solaires capables de sécher les fruits et légumes. Un projet mené avec 3 membres d’Ingénieur Sans Frontière (ISF) de l’école centrale de Nantes.
La conservation des aliments est un problème pour beaucoup de producteurs de fruits et légumes. Quand les récoltes arrivent avec abondance, beaucoup trop de légumes et fruits dépérissent faute d’avoir pu être vendus à temps. Les petits producteurs ont peu de moyens pour conserver leur production, sauf à disposer de lieux de stockage réfrigérés. Un privilège réservé aux gros. Dans la commune de Makacolibantang, le maraichage se développe énormément depuis des années. « Et nous appuyons ce développement en formant les maraichers et les accompagnant dans la mise en place de ces activités », témoigne Lamine Athie, le responsable du centre de formation de l’AVED. « La problématique de la conservation des aliments est une préoccupation qui revient souvent dans les sujets de discussion », poursuit Lamine. Une préoccupation que les membres de l’Association AVED ont transmis à leur partenaire français. Laquelle a soumis à son tour la demande dés juin 2013 à des élèves de l’école centrale de Nantes, l’une des écoles d’ingénieur les plus réputées en France ».
L’utilisation de l’énergie solaire
Un groupe d’une dizaine d’élèves ingénieurs rassemblés au sein de l’association Ingénieurs Sans Frontières s’est constitué autour de cette demande, témoigne Bénédicte Cissé, la Présidente de l’association française Colibantan. Les élèves ont travaillé pendant plusieurs mois pour rechercher ce qui existait déjà dans le domaine. « Nous sommes partis sur l’idée d’un séchoir solaire, car c’est une énergie durable, gratuite qui ne manque pas au Sénégal. » explique Geoffrey, l’un des élèves ingénieurs. Le solaire, une énergie que les populations de Colibantan connaissent déjà. « Nous avons expérimenté dans les années 2000 la cuisson solaire », témoigne Kalipha Athie. Avec Abdoulaye Touré, que les ingénieurs ont d’ailleurs rencontré à Dakar, le modèle de four solaire avait d’ailleurs remporté le prix de la technofoire de Tambacounda.
Un modèle constructible facilement sur place
« Nous avons recensé plusieurs modèles de séchoirs solaires » poursuit Geoffrey, l’un des élèves ingénieur. « Nous avons choisi puis adapté un modèle pouvant être fabriqué sur place avec les outils et les matériaux locaux pour un coût minimum », poursuit l’ingénieur en chef. Après la construction d’un prototype, et des essais en France, et pas mal de recherche pour bien assimiler les techniques de préparation des légumes et fruits avant séchage, 3 élèves ingénieur se sont envolés pour 1 mois à Colibantan du 26 juin au 2 aout 2014. « Le premier objectif de cette mission, c’était de construire un séchoir avec des artisans locaux et des matériaux achetés sur place », explique Geoffrey, qui avec ses camarades s’est rendu à plusieurs reprises à Tambacounda pour acheter du bois. Mission réussie confirme Lamine Athie : « Les ingénieurs ont partagé avec nous toutes les informations, et les savoir-faire indispensables pour que nous soyons capables nous-mêmes de construire et utiliser ce séchoir. » L’enjeu d’un développement durable, c’est dans la capacité des populations à s’approprier et utiliser les techniques de façon autonome témoignent de concert tous les acteurs du projet
2 séchoirs construits et 4 en projet
Le second objectif était d’expérimenter le séchoir pour voir s’il obtenait les résultats escomptés. Et de former les utilisateurs futurs. En l’occurrence les femmes, associées de très près au projet : à la construction, aux principes du fonctionnement du séchoir mais surtout à son utilisation. « Nous avons mené plusieurs ateliers sur la préparation des fruits et légumes, comment les disposer sur les claies, la durée de séchage » explique Mathieu. « Les résultats sont positifs. « Nous avons eu quelques soucis au départ à cause du manque de soleil – normal en saison des pluies-. Mais ensuite tout a bien fonctionné », confie Martin. « Les retours sont très positifs », confirment Kello et Kalipha. « Les mangues séchées sont très appréciées et les premiers retours de réhydratation des légumes séchés sont très positifs ».
L’expérimentation va se poursuivre. Un deuxième séchoir a d’ores et déjà été construit. Et 4 autres sont programmés d’ici la fin de l’année avec des actions de formation des populations à son utilisation. Le partenariat initié entre l’association AVED Colibantan et Ingénieurs Sans Frontières n’est pas fini. Les ingénieurs, à la demande de l’AVED, ont visité les jardins maraichers de la zone avec une question. Dans les zones où il n’y a pas l’électricité, quelles possibilités techniques pour aider les populations à extraire l’eau des puits avec moins de difficultés. Affaire à suivre.
www.tambacounda.info /
* Le projet de séchoir solaire a obtenu notamment le soutien financier de la Mairie de Nantes, du conseil général de loire-atlantique, du journal Ouest-France.
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