Les Kurdes d’Irak se rendent à la bataille de Kobané

 

Les combattants kurdes irakiens se préparaient samedi à se joindre à la bataille de Kobané pour aider à vaincre les djihadistes du groupe Etat islamique (EI). La troisième ville kurde de Syrie est dévastée par des semaines de combats.

4000 djihadistes contre 2000 Kurdes

Attendus depuis plusieurs jours, 150 peshmergas venus du Kurdistan irakien sont arrivés ce vendredi soir 30 octobre à Kobané, après avoir quitté la ville turque de Suruç et traversé la frontière, à environ un kilomètre.

Équipés de lance-roquettes, de fusils automatiques et de mortiers, ces renforts n’ont toujours pas participé aux combats et se concentrent pour l’instant sur un soutien logistique, selon Rami Abdel Rahmane, le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

De 3000 à 4000 djihadistes se battent contre 1500 à 2000 membres de la principale milice kurde syrienne des YPG (Unités de protection du peuple) qui défendent Kobané, a-t-il précisé.

djihadistes mieux équipés

L’arrivée des renforts pourrait donner un coup de pouce aux YPG, mais leurs armes ne suffiraient pas pour faire face à des djihadistes bien mieux équipés, notamment avec des chars, a estimé le chef de l’ONG.

M. Rahmane a estimé que la résistance acharnée des YPG, qui ont l’avantage du terrain, et le soutien aérien crucial quotidien de la coalition dirigée par les Etats-Unis, avaient empêché la chute de la ville aux mains des djihadistes .

Mustafa Ebdi, militant kurde originaire de Kobané, s’exprimant depuis la zone frontalière en Turquie, a jugé nécessaire davantage de renforts et d’armes, tout en faisant part de «l’optimisme ambiant après l’arrivée des peshmergas».

Renforts aussi pour l’EI

«Certains kurdes m’ont appelé pour me demander quand nous pourrons rentrer chez nous (à Kobané). Certains croient que la bataille sera bientôt terminée, mais je pense qu’elle sera encore longue», a-t-il ajouté en soulignant que l’EI recevait aussi des renforts.

«Nous sommes satisfaits de l’arrivée des peshmergas irakiens mais nous avons besoin de plus de combattants, de plus d’armes et la frontière (avec la Turquie) doit être complètement ouverte» pour permettre aux Kurdes qui le veulent d’aller aider à libérer leur ville, a-t-il poursuivi. «Moi-même je veux aller à Kobané prendre les armes. Je veux libérer ma maison».

Polat Can, un porte-parole des YPG, se veut plus rassurant. «Nous n’avons jamais cessé d’être optimistes, même lorsque nous n’avions pas l’aide de la coalition, ou des peshmergas. Nous n’aurions pas pu résister durant 46 jours si nous n’étions pas confiants dans notre victoire».

Tentative d’encerclement

Il a confirmé que les peshmergas n’avaient pas commencé à se battre, «mais cela ne saurait tarder. Pour l’heure, ils déploient leurs armes, repèrent le terrain et se répartissent les tâches. L’artillerie et les armes lourdes qu’ils ont apportées joueront un rôle important».

Les forces des YPG ont repoussé dans le Nord un nouvel assaut des djihadistes qui cherchent à couper l’accès à la ville depuis la Turquie et à l’encercler, selon l’OSDH.

300’000 habitants ont fui

Depuis le début de l’offensive de l’EI pour conquérir Kobané, le 16 septembre, environ mille personnes ont trouvé la mort, en grande majorité des combattants des deux camps selon l’OSDH.

Plus de 300’000 habitants de la région ont pris la fuite, la plupart vers la Turquie. Les djihadistes ont réussi à s’emparer de quelque 70 villages sur le chemin de Kobané, où ils sont entrés le 6 octobre. La conquête de cette ville permettrait à l’EI de contrôler une longue bande de territoire à la frontière.

En Irak, de nouvelles frappes de la coalition ont été lancées contre l’EI dans le nord et l’ouest du pays. L’armée irakienne tente, non sans grande peine, de regagner du terrain sur les djihadistes , et cherche à reprendre la ville de Baïji (nord), pour sécuriser la principale raffinerie du pays.

(ats/Newsnet)