D’intenses combats se sont poursuivis ce samedi 1er noevmbre en Ukraine où sept soldats ukrainiens ont été tués à la veille des élections séparatistes que les rebelles prorusses s’apprêtent à organiser dimanche, malgré les avertissements des Occidentaux.
S’éloigner de Kiev
«Ces élections vont donner une légitimité à notre pouvoir et vont nous éloigner encore un peu plus de Kiev», a assuré vendredi Roman Liaguine, chef de la commission électorale mise en place pour ce vote par la «République de Donetsk» autoproclamée (DNR).
Donetsk et Lougansk, deux régions du bassin minier du Donbass ont unilatéralement proclamé leur indépendance en avril dernier, ce qui a provoqué un conflit meurtrier avec les forces ukrainiennes, ayant fait plus de 4.000 morts dont 300 ces dix derniers jours, selon l’Onu, malgré un cessez-le-feu de presque deux mois, régulièrement violé.
Samedi, les combats se sont encore poursuivis dans les deux régions. Les autorités ukrainiennes ont d’abord fait état de six soldats tués en 24 heures dont un à l’aéroport de Donetsk, dévasté, mais dont les deux camps continuent de se disputer le contrôle.
Le bilan s’est encore alourdi dans l’après-midi quand un septième soldat a été tué et six autres blessés dans les deux régions.
Bureaux de vote introuvables
Dans cette situation tendue, les préparatifs pour les élections semblaient bien limités. Dans le quartier Kouïbychvski de Donetsk, près de l’aéroport, des militaires interrogés par l’AFP ne savaient pas dire où trouver les bureaux de vote à proximité.
Les habitants venus faire leurs courses au petit marché d’à côté, à moitié détruit par les bombardements, n’en avait aucune idée non plus. Des vendeuses du marché se sont néanmoins dites prêtes à se rendre aux urnes pour «voter contre Kiev, contre les fascistes».
Mais l’enthousiasme ne semble pas partout au rendez vous. «Je ne vais pas voter. Ca ne changera rien», a dit Lioubov Gueorgievna, 75 ans, institutrice à la retraite qui se plaint surtout de ne pas pouvoir dormir la nuit en raison de l’intensité des bombardements.
Ceux-ci ont duré à peu près toute la nuit autour de l’aéroport avant de se poursuivre dans la matinée, au rythme d’une dizaine de tirs d’artillerie par minute, selon les journalistes de l’AFP sur place.
Aucune surprise attendue
Le scrutin n’annonce pas de surprises, d’autant plus qu’il se déroule dans l’absence d’une réelle campagne électorale et sans taux minimum de participation requis. Le nombre de votants est incertain, mais 34’000 personnes ont déjà voté via internet, selon les autorités autoproclamées de la DNR.
Or, dans la DNR, la victoire de son «Premier ministre» Alexandre Zakhartchenko ne fait guère de doute. Dans la «République populaire de Lougansk» (LNR), le «président» Igor Plotnitski devrait être confirmé dans ses fonctions.
Tous les candidats défendent la même ligne: indépendance vis-à-vis de l’Ukraine et rapprochement avec Moscou.
Accusée par Kiev et les Occidentaux de soutenir militairement les séparatistes, la Russie a annoncé cette semaine qu’elle allait reconnaître les résultats de ce vote, qui ne sera observé par aucune organisation internationale.
Cette déclaration a été vivement critiquée par Kiev, Bruxelles et Washington, qui ont appelé Moscou à revenir sur cette décision.
Mise en garde
La Maison Blanche a encore mis en garde le Kremlin «contre toute utilisation de ces élections illégitimes comme un prétexte pour faire entrer davantage de soldats et d’équipement militaire en Ukraine».
La crise ukrainienne, avec le renversement du président prorusse Viktor Ianoukovitch en février suivi de l’annexion par la Russie de la péninsule ukrainienne de Crimée et le conflit armé dans l’Est, a conduit à une détérioration sans précédent des relations entre Moscou et les pays occidentaux depuis la guerre froide.
Kiev a par ailleurs appelé les habitants de Donbass à ne pas participer aux élections séparatistes évoquant le risque de «provocations» sanglantes. «Des provocations graves se préparent pour en accuser le pouvoir ukrainien», a affirmé Markian Loubkivski, haut responsable des services secrets ukrainiens.
(afp/Newsnet)