Le parti républicain se préparait lundi, à la veille des élections législatives de mi-mandat aux Etats-Unis, à remporter une majorité absolue dans les deux chambres du Congrès, un optimisme prudent alimenté par des sondages serrés mais convergents.
Comme George W. Bush en 2006, Bill Clinton en 1994 et Ronald Reagan en 1986, Barack Obama pourrait perdre sa majorité dans la chambre haute du Congrès, le Sénat, dont 36 des 100 sièges seront renouvelés mardi pour six ans.
Flopée de nouveaux sondages
Avant l’aube à Washington lundi, les experts politiques avaient mis à jour leurs prévisions sur la base d’une flopée de nouveaux sondages parus ce week-end dans la poignée d’Etats qui détermineront la nouvelle majorité sénatoriale. Le site FiveThirtyEight.com donne aux républicains 74% de chance de l’emporter mardi; pour le New York Times, la probabilité est montée à 70%; pour le Huffington Post, 75%.
Tous prenaient en compte les enquêtes donnant la candidate républicaine au Sénat dans l’Iowa, Joni Ernst, en tête de 7 points (Des Moines Register), et le sortant républicain dans le Kentucky, Mitch McConnell, de 8 points (sondage PPP). «Je suis très enthousiaste, ça montre l’élan que nous avons dans l’Iowa», a commenté, tout sourire, Joni Ernst lundi sur Fox News. L’Iowa avait voté pour Barack Obama aux présidentielles de 2008 et 2012.
Vote anticipé
Les chiffres du vote anticipé, possible depuis plusieurs semaines par courrier ou en personne dans de nombreux Etats, alimentaient aussi l’optimisme républicain. Plus de 17 millions d’Américains ont déjà voté, selon le Projet Elections du professeur Michael McDonald. Dans l’Etat-clé du Colorado, 41% des bulletins de vote renvoyés l’ont été par des électeurs inscrits sur les listes comme républicains, contre 32% de démocrates, selon le New York Times.
A la Chambre des représentants, qui sera entièrement renouvelée pour deux ans, les républicains s’attendaient même à renforcer leur confortable majorité actuelle de 233 sièges sur 435.
Référendum contre Obama
Les républicains ont fait de ces élections un référendum contre Barack Obama, qu’ils blâment pour une série de faux pas et controverses: scandale politique au fisc, impréparation face à l’épidémie d’Ebola, crise en Syrie. Onze mois après la pleine entrée en vigueur de la réforme du système de santé, «Obamacare», les républicains continuent à en dénoncer le coût.
Les élections de mi-mandat sont rarement favorables au parti au pouvoir à la Maison Blanche. Les démocrates savent aussi que la participation de leur base (minorités ethniques et jeunes) est traditionnellement plus faible que celle des conservateurs, plus âgés. En 2010, date des dernières législatives non couplées à une présidentielle, 21% des 18-24 ans avaient participé aux scrutins, contre 62% des 62-74 ans.
Trois déplacements
Dans une ultime tentative de mobilisation, le président américain a fait trois déplacements ce week-end, dans le Michigan, le Connecticut et en Pennsylvanie. «Vous devez tous aller voter», a-t-il appelé dimanche à Philadelphie, lors d’un meeting de soutien au candidat au poste de gouverneur.
«Le nombre d’électeurs qui votent dans une élection de mi-mandat est en général de quelque 30%. Mais écoutez, l’Ukraine vient juste d’avoir une élection, ils sont en guerre, et ils ont eu un taux de participation de 60%», a ajouté le président américain. «Il est inexcusable d’abdiquer votre pouvoir».
Mais les républicains évoquaient déjà l’alternance politique à partir de mercredi. «Ce sera une répudiation de la politique du président», a dit le sénateur républicain Rand Paul, qui prépare officieusement sa candidature à la Maison Blanche en 2016, sur la chaîne NBC dimanche. «Mais le message est aussi que les gens en ont marre que rien ne se fasse», a-t-il souligné. «Si nous gagnons, vous verrez que plus de lois seront votées».
Depuis les élections de novembre 2010, le Congrès est divisé entre une Chambre dominée par les républicains et un Sénat par les démocrates, un environnement ultra-partisan qui n’a accouché d’aucune grande réforme, en particulier sur l’immigration, et nourrit la frustration des Américains envers l’ensemble de la classe politique.
Mais quel que soit le parti vainqueur au Sénat, aucun ne devrait atteindre 60 sièges, la majorité requise pour surmonter une tentative d’obstruction de la minorité.
(cht/afp/Newsnet)