
Les membres de la Convergence Nationale des Jeunes Agriculteurs du Sénégal (CNJAS) étaient en conclave à Tambacounda. Venus des régions de Fatick, Louga, Kaolack et autres, ils se sont beaucoup penchés sur la situation de l’agriculture du pays de manière générale. Selon eux, l’agriculture sénégalaise, malgré les nombreuses potentialités qu’elle renferme, peine tout de même à décoller. Et pourtant, se désole le président du CNJAS, des années durant, c’est elle qui portait la croissance du pays grâce à l’arachide, d’où toute l’urgence selon eux, de repenser le secteur pour que le pays et les acteurs puissent réellement en tirer profit.
Djim Momath Dieng, président de la CNJAS qui présentait sa structure, a dit que celle-ci compte aujourd’hui plus de 5.000 membres. En 2012 déjà, ils étaient à 4.200 adhérents, dans tous les départements du pays. Désirant une relance de l’agriculture du pays, il s’est dit réjoui du fait que le président en a fait un des axes prioritaires du Pse, confie-t-il aux journalistes. Cependant, pour un réel développement du secteur, il est urgent de le moderniser mais aussi de révolutionner les mentalités. Telle est selon lui, la conviction de l’association qu’il dirige, soutient-il. « Nous pensons que pour donner à notre agriculture une nouvelle impulsion, une nouvelle dynamique, il va falloir que d’importantes ruptures s’opèrent autour de quelques questions », laisse entendre le président du CNJAS. Comme première rupture, Djim Momath pense qu’il faut bannir l’intermédiation entre les acteurs agricoles et l’Etat. Il est temps que les paysans s’organisent et traitent directement avec l’Etat au lieu de devoir passer par des opérateurs économiques le plus souvent véreux et sans aucun scrupule et qui ne soucient que de leurs propres intérêts, bassement mercantiles. Il faut que ce soient les paysans eux-mêmes qui reçoivent les matériels et autres intrants agricoles, point besoin de passer par des opérateurs véreux, martèle-t-il. C’est ainsi qu’ils pourront jouir d’assez d’autonomie et disposer de l’intégralité de ce qui leur est alloué.
Comme seconde rupture, le président Djim pense que l’idée d’un retour des jeunes à la terre est très pertinent et que c’est le souhait des pouvoirs publics. Mais, avertit-il, il y a des préalables à satisfaire, pense le jeune agriculteur, pour arriver à cette fin. D’emblée, il sert qu’il faut pour cela voir plus grand, en mettant de côté les exploitations familiales, pour penser à mettre sur place des exploitations industrielles, beaucoup plus rentables et plus modernes. La motorisation du secteur s’impose aussi pour de meilleurs rendements. Des équipements agricoles modernes doivent aussi être mis à la disposition des jeunes agriculteurs. Ces derniers (les jeunes) doivent être formés aux nouvelles techniques agricoles et à l’utilisation des équipements agricoles technologiques. Du moment aussi qu’il est souhaité le retour des jeunes à la terre, il faut mettre à la disposition de ceux-ci les terres, martèle Djim.
Comme autres ruptures, il faut que les coopératives agricoles soient réhabilitées et redynamisées. Les paysans doivent aussi croire en eux-mêmes et en leurs forces, et s’organisent davantage pour développer leur propre agriculture, celle qui leur permet de vivre et de survivre. Pour conclure, il atteste qu’une telle révolution des mentalités pourrait être bénéfique au monde rural, à l’agriculture et au pays tout entier.
Par Abdoulaye Fall / www.tambacounda.info /