Fanta Niabaly peut s’estimer heureuse bien qu’ayant passé plus de 3 ans de détention préventive à la citadelle du silence de Tamba pour avoir été accusée d’infanticide et d’inhumation sans autorisation. La Chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Tamba, qui statuait sur son sort, a disqualifié les faits d’homicide volontaire et retenu seulement l’inhumation sans autorisation. La condamnée écope d’une peine de 6 mois ferme.
Fanta Niabaly ne séjournera plus longtemps en prison après y avoir passé près de 4 ans en détention préventive. Accusée d’avoir tué son enfant et de l’avoir inhumé sans en avoir l’autorisation, la pauvre dame était depuis lors en détention préventive à la Mac de Tamba. Les faits se sont déroulés un mois de juillet, un peu dans la nuit quand la dame mettait au monde un enfant de 3 kg sans aucune assistance médicale. Elle était tombée enceinte en l’absence de son mari, un émigré vivant en Europe. Le 16 juillet vers 20 heures à Barrocounda, Fanta Niabaly, mère de sept enfants, donnait naissance à un nouveau-né de sexe masculin. Le lendemain, en l’absence de tout regard, elle a étranglé le môme, l’a enveloppé dans un pagne avant de l’enterrer dans un trou de près de 50 centimètres de profondeurs derrière sa concession.
Le lendemain, le chef de village saisi de la question informe le médecin du district et la gendarmerie. Interpellée, la dame soutenait avoir accouché d’un enfant prématuré qui était d’ailleurs mort-né. C’est par la suite qu’elle a décidé de l’enterrer en l’absence des gens parce que, soutient-elle, elle a honte de garder encore un enfant issu d’une relation adultérine. Elle soutient qu’elle ne survivrait pas à cet affront, car elle vit dans la maison familiale de son époux, résidant en Espagne, avec sa coépouse, sa belle-mère et les autres membres de la famille.
Cependant, elle atteste ne pas se rappeler du jour de son accouchement, car elle souffrait de troubles mentaux. Des propos qu’elle soutient mordicus devant la barre de la Chambre criminelle, bien que balayés d’un revers de main par l’avocat général. Pour ce dernier d’ailleurs, les propos tenus par la dame devant la barre de la chambre criminelle ne militent point en sa faveur. Et que rien ne justifie les troubles psychiques de l’accusée, car son conseil avait tout le temps de se procurer un document établi par un expert en la matière montrant que l’accusée au moment des faits ne jouissait pas de toutes ses facultés. Et d’ailleurs, soutient le Parquet général, la dame n’était pas à sa première expérience en matière d’accouchement et qu’elle pouvait le faire toute seule. Mais le problème est qu’elle ne voulait pas garder un enfant issu d’une relation adultérine. Tout son modus operandi était de se débarrasser du nouveau-né qui, en réalité, n’était pas prématuré comme elle le prétend, soutient le procureur qui requiert 10 ans de travaux forcés contre elle.
La défense, elle, soutient que Fanta Niabaly, au moment des faits et même durant sa détention, ne jouissait pas de toutes ses facultés mentales. C’est d’ailleurs l’avis du chef du village. Suffisant pour que Me Amadou Lady Ba demande l’acquittement de sa cliente au bénéfice du doute, car aucun document n’est établi pour attester que l’enfant vivait ou pas. Il a aussi demandé à la Cour de considérer l’état mental de l’accusée que les villageois ont tous reconnue comme une déficiente mentale.
La Chambre criminelle, dans son délibéré, relaxe Fanta Niabaly des faits d’infanticide, mais la reconnaît coupable d’inhumation sans autorisation administrative. Elle prononce contre elle une peine de 6 mois ferme avec une amende de 50.0000 francs.
lequotidien.sn /