L’année scolaire 2015-2016 se termine avec des résultats encourageants pour l’éducation à Colibantan. Même s’il reste beaucoup à faire, notamment pour la petite enfance et tous les élèves non scolarisés. Constat général similaire pour L’académie de Tambacounda qui se trouve dans “une bonne dynamique de progression” en termes de résultats, dixit l’inspecteur d’académie Alassane Niane.
Avec 47% de moyenne au CFEE 2016 pour l’école El Hadji Fonsa Ly et 98% de réussite au BFEM pour le collège, le bilan de l’année scolaire 2015-2016 pour Colibantan est plutôt positif. Excellent même pour le collège qui a amélioré (+30%) ses bons résultats de l’année passée (60% en 2015) et atteint la perfection. Et satisfaisant pour l’école primaire, enfin sortie de la crise après des années marquées par la médiocrité (+47% par rapport à 2015 et son 0% de réussite).
CFEE : des résultats au même niveau que les moyennes régionales et nationales
Au niveau CFEE, l’école de Colibantan se situe à peu près au même niveau que la moyenne régionale (47,14%). Des résultats qui satisfont l’ensemble de la communauté éducative qui reconnait que la situation de crise de l’année passée et le forum de la rentrée avec les inspecteurs ont été salutaires. « Le directeur et les enseignants ont essuyé beaucoup de critiques par rapport au fonctionnement de l’école et au manque de sérieux », constatent des étudiants du village. « Mais ils ont rectifié le tir cette année », poursuivent les étudiants. Et les parents ont été davantage attentifs à ce qui se passait au niveau de l’école.
Les résultats s’améliorent car les enseignants s’améliorent
Au niveau national, Amadou Moctar Ndiaye, directeur des examens et concours constate que pour le CFEE, nous étions, à 34,40% en 2014, à 37,94% en 2015 et autour de 50% en 2016. « Les résultats progressent notamment parce qu’il y a une meilleure maitrise de la réforme par les enseignants. Au début, ils avaient quelques problèmes de maitrise de la réforme, parce que les enseignants avaient l’habitude d’enseigner et d’évaluer autrement. Entre temps, il y a eu une refondation du système éducatif. »
Les absences des enseignants nuisent à la réussite des élèves (constat national)
Dans l’analyse des réussites et des échecs, toutes classes confondues, un facteur est essentiel : la réalisation ou non des quantums horaires. L’analyse d’une enquête menée au niveau national (Voir l’édition du Soleil samedi 6 août) montre que sur les 1300 heures d’enseignement, 700 seulement sont réalisées. En raison des grèves d’abord comme le fustige l’Inspecteur de l’académie de Tambacounda : « (…) Les grèves répétitives décrétées par les enseignants et les élèves durant l’année scolaire 2016 ont notamment pour les candidats au bac engendré des conséquences désastreuses, car les élèves n’ont pas eu le temps de terminer leur programme et de réviser leurs leçons(…) ». Mais les grèves ne sont pas les seules en cause. Dans beaucoup d’écoles encore, les absences des enseignants pour un baptême, un mariage, un problème de santé, la perception de la solde… sont autant d’occasions pour les élèves, avec parfois la bienveillance des directeurs, d’être privés de leur droit à un enseignement de qualité et de quantité.
BFEM 2016 : le collège de Colibantan cultive l’excellence
Au niveau du BFEM, le collège de Colibantan sort du lot pour la 2éme année consécutive avec des résultats largement au-dessus de la moyenne. 98% en 2016 alors que la moyenne nationale est de 49,62 %. Ces résultats consacrent l’excellence du travail mené par l’équipe enseignante sous la houlette du principal Ousmane Kabo. « L’investissement, la rigueur, le dévouement et la compétence des enseignants conditionnent très largement les résultats des élèves », conviennent les acteurs locaux. « Nous sommes dans un village économiquement pauvres. Nous sommes très éloignés de la ville, mais nos enfants peuvent réussir aussi bien et même mieux que les enfants d’autres milieux si la qualité de l’enseignement est au rendez-vous », constate Kalipha, de l’AVED. « Pour preuve, les résultats du collège et ceux que l’école primaire a connu dans les années 2004 avec 100% de réussite au CFEE, et plus d’une quarantaine de ces élèves étudiants à l’université ».
La réussite se construit au jour le jour dès la petite enfance
Pour le responsable associatif, l’excellence n’est pas un résultat aléatoire mais qui se construit tous les jours avec le travail, encore le travail et toujours le travail pour paraphraser les mots de l’ancien Président. « C’est vrai pour les écoliers comme c’est vrai pour nous les cultivateurs mais aussi toute la société. Pour arriver à un développement de notre pays, il faut que nous fassions tous preuve de travail, de rigueur et notamment nous les adultes pour inculquer aux générations suivantes les bonnes habitudes. C’est pour cela que l’école maternelle et l’école primaires doivent être exemplaires car les bonnes habitudes se construisent durant l’enfance », conclut Kalipha.
Pas de case des « tout-petits » et quid d’un Lycée à Maka ?
« On focalise beaucoup sur les résultats du Bac et sur les examens intermédiaires (CFEE et BFEM), mais la réussite se construit dans la durée et dans toutes les classes », conviennent tous les spécialistes. L’échec d’un élève au CFEE, au BFEM ou au BAC, ce n’est pas seulement l’échec d’une année mais de tout un cursus. » Sur ce plan, Kalipha, comme d’autres leaders et parents du village est inquiet. « Dans certaines petites classes, le quantum horaire n’a pas été réalisé cette année à cause des absences répétées et du non remplacement d’enseignants malades. Et à ce jour, nous n’avons toujours pas de « case des tout-petits ». Les populations vivent cela comme une injustice alors que l’apprentissage du langage et de beaucoup de notions se construisent précisément à cet âge de la petite enfance. Autre sujet d’inquiétude, le nombre d’enfants non scolarisés et les abandons encore trop nombreux dans le parcours de scolarisation. « Le droit à l’Education n’est pas un droit pour tous les enfants », constate Kalipha. « Certains parents n’ont pas compris l’intérêt de scolariser leurs enfants. D’autres s’en désintéressent complètement et beaucoup trop d’élèves abandonnent en cours de route ». L’Etat et les autorités devraient intervenir davantage pour inciter les parents à scolariser les enfants : l’éducation n’est pas une option.
En conclusion, beaucoup de satisfaction pour cette année scolaire 2015-2016 avec en prime, la construction en cours d’un collège en dur. De quoi satisfaire toute la population. Avec une nouvelle requête pour les diplômés du BFEM et les familles de la commune de Makacolibantang : A quand l’ouverture d’un lycée sur Maka ?
Bruno Sotin Briand / www.tambacounda.info /