En octobre 2015, l’association AVED Colibantan avait remporté un appel à projet international lancé par une ONG anglaise « International Tree Foundation ». Choisie parmi 90 organisations africaines – une belle performance pour une association composée essentiellement de villageois- l’AVED a mené le projet à son terme. Avec des réussites : la mise en place de 8 pépinières villageoises, 240 personnes formées et plus de 6300 arbres replantés. Mais aussi avec des échecs – comme l’annulation des actions de sensibilisation sur la GRN à cause du Chef de Brigade des Eaux et Forêt de Maka qui a refusé de collaborer.
Le projet vient de s’achever avec la remise du rapport final au partenaire et financeur principal, International Tree Foundation, « Et dans l’ensemble, nous sommes satisfaits des résultats », se réjouit Kalipha Athie, le Président de l’AVED. « C’était un gros défi et beaucoup de travail pour que les objectifs et les résultats promis attendus soient atteints », complète-t-il. « Nous y sommes parvenus avec la mobilisation d’une dizaine de villages et malgré la scandaleuse indifférence du Chef de Brigade des Eaux et Forêt de Makacolibantang ».
L’enjeu : l’autonomie des populations dans la gestion de leurs ressources naturelles
« Il y a encore quelques années, nous étions la seule association dans la communauté à mettre en place une pépinière », explique Kalipha. Grâce à ce projet, 240 personnes issues de 8 villages dont 80% de femmes ont été formées « Notre objectif, à l’instar de tous nos autres programmes en maraichage, agro écologie, et apiculture, c’est de partager et transférer les connaissances et les savoir-faire. En milieu rural, les activités humaines sont toutes dépendantes de l’environnement. La pauvreté et les difficultés que les populations rencontrent depuis plusieurs décennies ont toutes pour origine la dégradation de l’environnement et ses conséquences dramatiques sur l’homme. » poursuit Kalipha. « Avec ce programme, nous avons sensibilisé, formé et engagé de façon concrète les organisations villageoises dans une meilleure gestion de leurs ressources naturelles ».
8 villages et 14 organisations villageoises impliquées
Prévu pour 12 villages, le projet a impliqué au final 8 villages. « Certaines organisations villageoises pas suffisamment engagées ont été écartées par manque d’implication. Nous sommes exigeants avec les bénéficiaires car nos partenaires mettent à disposition des moyens financiers et humains pour l’intérêt général de nos communautés. Notre implication ne peut pas seulement être verbale mais doit se traduire dans les actes. « Ainsi, les bénéficiaires ont participé à la collecte de certaines graines, à la collecte des matériaux pour la préparation des terreaux, à la mise en place et l’entretien des pépinières, aux actions de reboisement… »
9 pépinières mises en place avec 17 variétés d’arbres
Après 12 jours de formation organisée en mars sous la direction de Laurent Mendy, formateur en agro écologie et de Kalipha Athie, 9 pépinières ont été mises en place à Colibantan, Yorondondé et Synthiou Kalding, Tabadian, Sandoumana, Makanding et Missirah. « Plus de 10 500 gaines ont été réalisées. 7400 ont réussi. Avec les variétés suivantes : Moringa, Paranaria Machrphyla, Néré, Acacia Méliféra, Leucéna, Acacia Albida, Dank, Maad, Kapotier, Anacardier, Pomme Canel, Manguier, Tamarinier, Papayer, Citronnier, Eucalyptus, Flamboyant, Dattier…
6300 arbres plantés sur 20 sites différents
D’avril à juin, 12 jours de suivi et de formations complémentaires ont été tenues dans les pépinières respectives. Puis, d’aout à décembre, Kello Athie et Boucar Camara ont supervisé les actions de reboisement et le suivi des plantations avec la participation massive des populations et de leaders dynamiques comme Maï Touré (Colibantan), Bachir Ba (Sandou), Kalilou (Yorodondé). Des reboisements d’arbres fruitiers dans les jardins maraichers, des reboisements d’arbres mellifères sur les sites apicoles, des reboisements dans les villages et les maisons pour l’ombre et l’ornement, des reboisements d’espèces menacées pour la conservation des terres et de l’éco système.
Le Chef de Brigade des Eaux et Forêt refuse la collaboration
Seule ombre au tableau, l’attitude du Chef de Brigade des Eaux et Forêt de Makacolibantang, Issa N’Diaye. « Nous travaillons en parfaite harmonie et en toute confiance avec ce service de l’Etat depuis près de 20 ans » se lamente Kalipha magnifiant au passage les collaborations passées avec le chef SOW et plus récemment avec Moussa BOP. « Nous avons souhaité associé dés le départ le Chef de Brigade à ce programme, notamment pour des actions de sensibilisation à la Gestion des Ressources Naturelles dans 20 villages de la zone, mais aussi pour le suivi des pépinières et le programme de reboisement ! », poursuit Kalipha. Mais après quelques sorties ensemble, plus rien, silence radio. Pas de rapport, pas de réponses aux mails des partenaires… et des revendications sur des perdiums jugés insuffisants. « Alors que nous avons besoin du soutien de l’Etat, et que l’Etat a aussi besoin de l’implication des populations, ces attitudes et ces demandes d’argent nous écœurent alors que nous mêmes nous engageons bénévolement », témoignent plusieurs leaders. « Le programme de sensibilisation a donc du être annulé ».
Avec ce programme de reboisement globalement réussi, l’AVED Colibantan continue de se positionner comme un acteur associatif très dynamique au service du développement local et de l’environnement. L’ONG « International Tree Foundation » lui a d’ailleurs notifié son envie de poursuivre le partenariat dans les années à venir. Affaire à suivre.
Bruno SOTIN / www.tambacounda.info /