Dans la lancée de ses œuvres : le soleil des indépendances, en attendant le vote des bêtes sauvages, par Allah n’est pas obligé, Kourouma revient avec un ton de raillerie, sarcastique, de dérision, de dépit voire de désolation pour nous narrer la vie navrante du petit Brahim, enfant soldat. Son bouquin est un reportage, une autopsie de ces conflits quasi idiots qui perduraient sur le continent noir. Le titre de Kourouma rappelle les propos de ce GIS, soldat américain dans le film les larmes du soleil intervenant en Afrique et qui déclarait : «Dieu a quitté l’Afrique». Un débat qui pourrait être complexe mais un rabbin du coin m’a dit : «par rapport à cette déclaration, Dieu a été longtemps, assez, et longuement clair». Mais toujours, suivons, poursuivons le plaignant.
– Allah n’est pas obligé d’Ahmadou Kourouma :
Sur le titre de l’ouvrage
Kourouma est connu comme forgeant des mots et expressions bàtards, mais aussi un ton de dérision voire sarcastique. Toutefois, par le titre Allah n’est pas obligé, on pourrait lui demander de quoi je me mêle ? Car usant d’un nom de Dieu propre à une religion, l’Islam dont il se réclame, on suppose lui-même. Pouvons-nous l’accuser de trafic d’influence ? Toutefois, quelque part, il arrive au vœu de tout écrivain qui est d’attirer voire capter l’attention sur son ouvrage. N’empêche après vérification, à travers les livres révélés. Où Dieu ou Allah, plus précisément, dit on, s’est prononcé : Allah ou Dieu n’est pas absentéiste, mais UN qui s’est auto obligé. Et même si dans le livre Kourouma se fait plus précis en ajoutant dans les affaires d’ici bas : donc Allah n’est pas obligé d’être juste dans les affaires d’ici bas. On pourrait lui opposer qu’Allah s’est auto obligé jusqu’à sa démission, certains dirons trahison. Et même en ce moment là, de fin du monde (si c’est la globalité qui est prise en compte). Selon ses engagements, Lui, le très haut (pour dire Allah). Il lui plaira de prendre des dispositions spéciales. Aussi, le recueil biblique renvoie aux châtiments décisifs du Seigneur à l’encontre des habitants de Sodome qui vivaient de sodomie et à l’arche de Noé qui devait exfiltrer les adéquats et laisser sombrer les pernicieux, quand le coran déclare : « la riposte de ton seigneur est redoutable». Tout ceci est plus corroboré qu’une désobligation de sa part (si en tout cas l’on se base sur les écrits dits révélés, des religions révélées : Judaïsme, christianisme, islam…). En particulier, celui où il a tiré le nom d’Allah, le coran. Mais, toujours concédons-lui son jugement prenant en compte un quasi apocalypse avant l’heure ? Et aussi pas assez considérée, prise en charge par les sociétés humaines, alors. Donc, si on poursuit dans la logique du constat compartimenté de Kourouma et celle argumentée du coran et autres livres religieux, on pourrait ajouter que même dans l’au de là, Allah ne sera pas obligé, mais seulement auto obligé.
Temps-contexte : Ecrit en 2000, l’ouvrage de Kourouma prend donc en compte surtout les années 90, où le continent était encore et surtout déchiré, miné, donc un peu partout en situation de sauve qui peut. Peut être même pourrait on dire, alors, la non assistance à personne en danger, avec une mise en danger de soi même ou réciproque, presque partout d’où un mal globalisant dans lequel, Dieu est questionné, reste à savoir si les hommes avaient fait leur part pour savoir pouvoir se fier au ciel.
Contenu-thèmes : L’œuvre de Kourouma constitue un important témoignage à la compréhension, connaissance du déroulement des enjeux, des effets…Bref, de la réalité des zones en conflit, où le pire peut faire aussi, le petit plaisir de certains. En effet, quand certains fuient d’autres viennent profiter du désordre. Et le destin des enfants soldats, en l’occurrence du petit Birahim met le doigt sur le danger du désœuvrement de la jeunesse dans l’Afrique où elle est majoritaire. Les causes de tout ceci sont aussi explorées, notamment, la piste des ressources minières mais surtout d’une élite obscurantiste
Enseignement-critiques : Kourouma montre que la désolation est une voie menant à douter de Dieu. Les frontières des zones en conflit constituent une équation à la stabilité avec l’affluence de trafiquants de toutes natures pour amener un surplus au conflit. Le retard d’une armée africaine se fait sentir. Le rôle joué par la communauté internationale se pose. Aussi, le ton insultant que peut prendre kourouma, même si reflet de la personnalité de son personnage principal ne mériterait il pas un avertissement en préambule?
Et si on devait jouer à proposer un titre, à retitrer l’ouvrage de kourouma, on dirait : La communauté internationale et africaine, un leurre, une supercherie.
Moise Kant, Critique en littérature / www.tambacounda.info /