Au Mali, le général El Hadj Ag Gamou a été nommé mercredi 22 novembre 2023 gouverneur de la région de Kidal. Une semaine après la prise de la ville, fief des rebelles du CSP (Cadre stratégique permanent), par l’armée malienne et ses supplétifs de Wagner, la nomination de ce chef militaire touareg fidèle à l’État malien lève un voile sur la stratégie des autorités maliennes de transition.
Le général El Hadj Ag Gamou n’aime pas apparaître en public, mais il est bien connu de tous les Maliens, surtout dans le Nord. En 2012, alors que les cadres touaregs de l’armée désertent un à un pour rejoindre la rébellion indépendantiste, celui qui n’est encore que colonel est le seul à rester fidèle à Bamako.
Deux ans plus tard, Gamou crée le Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia), un groupe armé du Nord, signataire du futur accord de paix de 2015, au sein de la Plateforme pro-État malien.
Méfiance des autorités de transition
Il y a deux ans, en décembre 2021, les autorités maliennes de transition le débarquent de son poste d’inspecteur général des armées. À l’époque, le CSP n’est pas une rébellion, cette coalition rassemble encore tous les groupes armés signataires de l’accord de paix et le jeu du général Gamou en son sein est jugé trouble par les dirigeants de la Transition. Mais la méfiance ne dure pas : aujourd’hui, Bamako compte sur lui pour ramener les habitants de Kidal dans le giron de l’État.
Le Général Gamou n’est pas originaire de Kidal, mais il connaît bien la ville et la région, où il a longtemps servi. Surtout, il est Imghad, une fraction touareg considérée comme « vassale » de celle des Ifoghas, qui assume la chefferie traditionnelle à Kidal et dont sont originaires les principaux chefs rebelles. « Il est celui qui pourra rassembler », juge une source sécuritaire malienne. « Il va rassurer les Touaregs », abonde un proche du général Gamou.
Un chef rebelle du CSP juge au contraire qu’il s’agit d’« une vaine tentative pour créer des problèmes communautaires entre les Touaregs. » « Cela ne nous fait rien, ils peuvent nommer qui ils veulent », réagit un autre cadre du CSP, qui ajoute : « ce piège ne marchera pas, nos communautés ne tomberont pas dans les erreurs du passé. »
RFI