L’aube fut pénible, triste et consternant pour moi. C’est à 4h47 du matin que Omar Ba m’a porté la nouvelle de la disparition brutale de mon ami et frère Elhadj Samba Coumba Ba. Un homme multidimensionnel, d’une grande piété, d’une rare générosité, d’une entière serviabilité vient de nous quitter sans crier gare. Il fut un grand et talentueux communicateur traditionnel qui maîtrisait parfaitement l’histoire politique du Sénégal Oriental et du Sénégal qu’il racontait avec une aisance et un art inégalé qui captivait son auditoire médusé. Il a fait les heures de gloire de la RTS 3 et de Radio Sénégal car ses instructives et riches émissions avaient un large et fidèle auditoire qui lui vouait une immense admiration, un grand respect et une profonde affection. Il étalait sa science et son érudition avec humilité mais avec une grande rigueur. Sa voix douce et suave dégageait toujours une bonne humeur doublée d’un humour contagieux. À preuve, ses émissions matinales « kaccitaari » égayaient ses auditeurs qui allaient au travail le cœur léger.Sa contribution exceptionnelle à la diffusion et à la connaissance de notre patrimoine culturel, social et historique doit être amplement partagée, sérieusement étudiée, et soigneusement archivée par le Ministère de la Culture et de la Communication pour que les générations futures puissent en disposer aisément. L’université du Sénégal Oriental qui va bientôt ouvrir ses portes au mois d’octobre de cette année, disposera ainsi d’une source intarissable pour ses études sur l’histoire des langues des minorités ethniques et culturelles qui sera l’une de ses spécialités. Son Excellence le Président Macky Sall lui avait rendu récemment hommage pour son œuvre colossal à travers la Direction générale de la RTS pour ses longues années de bons et loyaux services au bénéfice de la nation sénégalaise. Il était l’inamovible Président de l’association des Communicateurs traditionnels de la région qu’il réunissait généreusement chaque année chez lui pour célébrer la fraternité, la solidarité, la concorde et la paix. Il avait inauguré récemment le siège de cette association en lui donnant le nom de mon défunt père Elhadj Moustapha Kaba. Ce fut un grand honneur pour notre famille. L’illustre et digne disparu que nous regrettons déjà sera à jamais dans nos prières et dans nos cœurs tant il fut utile pour sa communauté et son pays. Il fut un éminent régulateur social et un médiateur qui ne ménageait aucun effort pour régler les inévitables crises et conflits qui surgissent entre les individus, les voisins. Il savait concilier et réconcilier les positions apparemment irréconciliables des personnes ou groupes de personnes qu‘un différend conjugal, foncier, financier, ethnique ou politique opposait. Il avait l’art de convaincre avec une habileté remarquable et une rare persévérance. Il n’abandonnait jamais tant qu’il n’avait pas fini son œuvre de bienfaisance sociale. Il était un homme bien et un homme de bien qui récusait les adversités inutiles. Il a su jouer un rôle juste et équitable entre les familles religieuses et les différentes confessions qui appréciaient sa courtoisie, sa discipline , sa patience et sa discrétion. Son savoir vivre , son savoir être et son savoir faire qui étaient exemplaires vont nous inspirer. Il fut , pour moi, un ami et un frère dont la loyauté et la fidélité ne m’ont jamais fait défaut. Sa famille m’a toujours marqué son soutien et son attachement à ma modeste personne. Je compatis à leur immense douleur car le deuil avait frappé , la semaine dernière, la même famille avec le décès de Hawa Sy, épouse décujus et mère de son fils aîné le sociologue Yoro Ba que j’apprécie beaucoup pour son bon travail au Padaer. Je leur présente, ainsi qu’à toutes les populations de Tambacounda mes condoléances les plus sincères et les plus attristées. Toute la famille Kaba se joint à moi pour adresser nos condoléances les plus émues à toute la famille Ba , parents et alliés . Je prie Dieu, le Maître Absolu des Destins , de l’accueillir dans Son Paradis céleste.
Me Sidiki Kaba
Ancien Premier Ministre