
L’odyssée de Sonko a débuté en 2019 lors de l’élection présidentielle. Depuis lors, il m’a toujours paru que la relation qui le lie à beaucoup de sénégalais est Kafkaïenne : Ils courent résolument pour ne pas arriver en retard à un rendez- vous dont ils ignorent l’heure et le motif. Juste ont-ils entre leurs mains une convocation signée: «O. S., Porteur de projet». D’autre sénégalais, haut perchés, d’abord amusés et blasés devant ce spectacle surréaliste, digne pour eux, d’une cour de jardin d’enfants à l’heure de la récréation, remarquèrent rapidement cependant que ce « publicain » nommé Ousmane avait les yeux un peu trop rivés sur eux et que ses pas se dirigeaient fermement vers les prairies vertes qu’ils occupaient au sommet de la montagne. Tout portait donc à croire que ce « turbulent et impertinent garçon » avait choisi ces stations privilégiées qu’ils squattaient jalousement comme le lieu du fameux rendez-vous ; ce qui naturellement galvanisa ses troupes, augmenta la cadence des courses et alimenta encore plus la curiosité des gueux pressés de tenir entre leurs mains ce projet qui changerait leur destin et leur ferait gravir allégrement la montagne. Les gens d’en haut, eux, inquiets de voir tout ce monde leur tomber dessus et excédés par ce charivari, décidèrent d’arrêter ce train fou qui écrasait tout sur son passage. Ils décrochèrent la locomotive, rien n’y fit, car celle-ci bien qu’écartée parvint à remorquer le premier wagon qui se mua en locomotive et fit entrer triomphalement le train en gare. L’énigme de cet avion qui en plein vol perdit ses ailes, et alors qu’on s’attendait à un crash tragique, se transforma en fusée pour aller plus haut et plus vite, venait ainsi d’être résolue. La formule était simple et puissante : Diomaye moy Sonko. Sonko moy diomaye.
Tout est bien qui finit bien ; Le rendez-vous avec Sonko a bel et bien eu lieu le 24 Mars 2024 et la vie peut reprendre avec des perspectives plus heureuses pour les populations enchantées par la promesse du Président Diomaye de faire du Sénégal une Nation juste, prospère et souveraine.
C’est pourquoi, nous sommes fondés à croire que, ceux qui, désabusés et inquiets de leur nouveau sort, s’acharnent aujourd’hui, 4 mois après le 24mars 2024, à vouloir « coûte que coûte » « vaille que vaille » séparer Diomaye et Sonko, œuvrent sciemment et d’une manière irresponsable à ouvrir dans ce pays une nouvelle saison d’instabilité et de désordre. Peut-être pensent-ils qu’ils en profiteront pour, au plus, revenir aux affaires, au moins, se tirer d’affaire.
En effet, par leurs propos et attitudes, ils cherchent à remettre en cause la formule magique : Diomaye moy Sonko, en insinuant vicieusement que le fameux rendez-vous n’a pas eu lieu, espérant ainsi remettre « le bruyant peuple de Sonko » sur le macadam. Ils en sont même arrivés à croire que Sonko n’étant pas le chef de l’Etat, ils pouvaient l’insulter impunément car disaient –ils, le délit pour offense au premier ministre n’existe pas dans notre code pénal. Ils s’évertuent aussi à montrer que Sonko est un premier ministre encombrant faisant de l’ombre à un Président calme et serein. Comble de sacrilèges : Il marche sur le tapis rouge, reçoit des ambassadeurs et mute des généraux. Il faut sauver le soldat Diomaye s’empressent-ils de dire. Cette subite affection de ces gens-là, à l’endroit du Président Diomaye, on en aurait juste souri, si tout cela ne concernait pas les affaires de l’Etat. Mais feignant de croire à leur sincérité, il y a juste à leur demander si le tandem Diomaye- Sonko n’a pas tout simplement remis la « république sur ses pieds alors qu’elle marchait sur la tête ». En effet, l’esprit de la 5ème république française qui a largement inspiré notre constitution voudrait que le 1er ministre fût au-devant du peuple et le président de la République, à la tête de la Nation.
Puisqu’ils aiment tant Diomaye, ils devraient plutôt se réjouir de voir Sonko le mettre sur un piédestal alors que lui-même continue à se chamailler avec la populace.
En définitive, cette stratégie cousue de fil blanc dont le but est de séparer Sonko de Diomaye, nous semble être vaine et vouée à l’échec. Elle traduit cependant un état d’esprit partisan et factieux, qui ne tient compte que des intérêts d’un groupe plus soucieux de leurs privilèges et autres prébendes que du salut et de la stabilité du pays ; car il n’est pas difficile de comprendre, qu’écarter Sonko du pouvoir après 4mois d’exercice, c’est l’habiller royalement du manteau du héros trahi, qui, ne manquera pas, le cas échéant de fixer promptement et avec fracas un nouveau rendez-vous aux sénégalais.
Il en est de même, s’agissant des promesses et engagements du candidat Diomaye. Pointer du doigt, mettre en exergue les contradictions de son adversaire, dévoiler ses reniements, sont des attitudes courantes et légitimes en politique, mais inciter le décideur à mettre en œuvre une action publique inefficace ou potentiellement à impact négatif sur les populations, juste pour lui faire respecter « sa parole donnée », c’est sacrifier l’intérêt des populations et de la Nation à l’autel des joutes et empoignades politiques.
« Ce n’est pas bien, je le sais, mais comme je l’avais promis, je le fais » relève plus de la morale individuelle des Ceddo, des mousquetaires et autres kamikazes que de l’éthique républicaine fondée à subsumer l’action publique en lui octroyant à la fois du sens et de l’efficacité dans la prise en charge des préoccupations des populations.
Au total, il apparait très nettement que le Sénégal vit une situation politique et administrative inédite dans les annales de l’histoire politique du Sénégal. Diomaye n’a été ni choisi ni même désigné. Il a été oint. Cette onction de Sonko a été consacrée par le peuple sénégalais qui a choisi délibérément d’être dirigé par un tandem.
Ceux qui ont vu la main de Dieu dans l’avènement de ce Tandem à la tête du pays, martèleront tout simplement aux contempteurs, conformément aux évangiles : « Que l’homme ne sépare point ce que Dieu a uni ». Les autres, notamment ceux qui ont une certaine idée de l’évolution des peuples, et qui savent que très souvent l’Histoire pour arriver à ses fins, utilise des hommes, sont convaincus eux, que Sonko et Diomaye ont été choisis ensemble pour une mission tout particulière. S’ils l’identifient clairement et l’assument solidairement, ils triompheront ; au cas contraire, ils feront face à l’histoire qui sait être féroce particulièrement à l’endroit de ses « élus » : Arx Tapeia capitoli proxima -le capitole est proche de la roche tarpéienne- avertissaient les romains.
Ndoube Nala