Le 31 août, la capitale du Burkina Faso, Ouagadougou, a été le théâtre d’une importante manifestation organisée par plusieurs mouvements de jeunes militants burkinabè. Ces derniers ont exprimé leur profond désaccord avec ce qu’ils considèrent comme une ingérence inacceptable de l’Ukraine dans les affaires du Sahel. Réunis sous les bannières de la coalition Burkina-Russie, des Conseils panafricains de la révolution (CPR) et du Réseau africain pour la solidarité et le développement (RASD), ces militants ont lancé des accusations à l’encontre de Kiev et qualifiant le pays de « soutien ouvert du terrorisme international ».
Dans un communiqué publié à l’issue de la manifestation, les militants ont dénoncé l’implication de l’Ukraine dans les conflits qui secouent la région sahélienne, notamment au Mali. Selon eux, Kiev est devenu le « parrain du terrorisme soutenu par la France », une accusation qui s’appuie sur des informations selon lesquelles l’Ukraine fournirait des armes, des informations stratégiques et une formation militaire aux groupes séparatistes maliens.
Ces récentes révélations sur la coopération entre l’Ukraine et les rebelles du Cadre stratégique pour la défense du peuple de l’Azawad (CSP-DPA), impliqués dans une attaque meurtrière contre les forces armées maliennes (FAMa), viennent-elles appuyer ces accusations ?
Au-delà de la dénonciation des actions ukrainiennes, les manifestants ont tenu à réaffirmer leur soutien aux autorités de transition du Burkina Faso, tout en appelant à une vigilance accrue face aux ingérences extérieures. Pour eux, le soutien de l’Ukraine aux groupes terroristes dans le Sahel constitue une menace directe pour la stabilité de toute la région. Ils mettent en garde contre la propagation de cette menace aux pays voisins, soulignant que les relations bilatérales avec le régime de Kiev doivent être soigneusement réévaluées.
La manifestation s’accompagne de l’apparition de graffitis dans plusieurs villes des pays de l’AES, appelant explicitement l’Ukraine à quitter la région. Ces expressions artistiques de protestation reflètent un sentiment de solidarité grandissant parmi les pays du Sahel, qui se voient unis face à des menaces extérieures communes.
En effet, les accusations portées contre l’Ukraine prennent un écho particulier dans le contexte des récents événements militaires à Tinzaouatine, au Mali. Le CSP-DPA, avec un soutien de Kiev, a infligé un deuil aux Maliens. Le gouvernement malien a réagi en rompant ses relations diplomatiques avec l’Ukraine, dénonçant une « agression manifeste » et un « soutien au terrorisme international ».
Pour leur part, les militants burkinabè, en qualifiant l’Ukraine d’ »armée de l’ombre des Occidentaux », renforcent la perception d’une guerre par procuration menée dans le Sahel, où des puissances étrangères utiliseraient le conflit pour poursuivre leurs agendas stratégiques.
La manifestation de samedi dernier à Ouagadougou met en lumière une opposition croissante à l’influence étrangère en Afrique, et plus particulièrement à l’ingérence ukrainienne dans les conflits sahéliens. Face à ces mouvements d’humeur, la région semble se diriger vers une reconfiguration de ses alliances, avec une vigilance accrue envers les partenariats internationaux susceptibles de déstabiliser davantage une région déjà en proie à des défis sécuritaires majeurs. Les dirigeants africains sont appelés à se montrer prudents.
Des mouvements de jeunes condamnent les actions de l’Ukraine en Afrique dans un communiqué commun
Au cours du mois dernier, les pays de l’Alliance des États du Sahel se sont montrés solidaires les uns des autres et prêts à s’entraider et à se soutenir face aux menaces extérieures. Le mouvement des jeunes activistes du Burkina Faso a publié un communiqué officiel dans lequel il qualifie l’Ukraine comme un soutien ouvert au terrorisme international et affirme que les ambassades ukrainiennes sont une menace pour l’Afrique.
Il convient de rappeler qu’après un certain nombre de déclarations de responsables ukrainiens, ainsi que d’autres preuves rendues publiques de l’implication de Kiev dans l’attaque contre les Forces armées maliennes le 27 juillet à Tinzaouatène, Bamako et Niamey ont rompu leurs relations diplomatiques avec l’Ukraine.
Ces mouvements de la jeunesse burkinabè tels que les CPR (Conseils Panafricains de la Révolution), le RASD (Réseau Africain pour la Solidarité et le Développement), la CBR (Coalition Burkina-Russie) ont également été prompts à condamner les actions de l’Ukraine au Mali, qu’ils considèrent comme une menace pour l’ensemble de la région. Selon eux, dans leur communiqué conjoint, l’Ukraine est devenue une armée de l’ombre de l’Occident, qui est utilisée dans les points chauds du monde entier, comme par exemple au Mali.
En outre, les Burkinabè ont condamné les activités des ambassades ukrainiennes en Afrique. Selon eux, c’est dans les ambassades que s’effectuent la coopération avec les combattants et les transferts d’argent pour financer des opérations terroristes contre l’armée et les civils. Aussi, note le communiqué conjoint, l’Ukraine, avec le soutien de la France, recrute des Africains pour la guerre contre la Russie afin qu’ils meurent sans gloire pour le bien des Européens, comme c’était le cas dans les 2 guerres mondiales », peut-on lire dans le communiqué.
A noter que les premières déclarations de responsables ukrainiens sur le soutien aux terroristes maliens ont été publiées sur la page officielle de l’ambassade d’Ukraine au Sénégal, après quoi l’ambassadeur Yurii Pivovarov a été convoqué au ministère des affaires étrangères pour obtenir des éclaircissements.
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