Premier prêtre du diocèse de Tambacounda : Abbé Bonang, un bâtisseur d’espérance.

 

 

Dans les collines verdoyantes du Sénégal oriental, à une soixantaine de kilomètres de Tambacounda, un événement historique a été célébré le 26 janvier dernier. Il s’agit de l’installation officielle du premier monastère cistercien au Sénégal : Notre-Dame de Badi. Cet événement, fruit d’un long cheminement spirituel et humain, selon l’Abbé Roger Gomis de l’archidiocèse de Dakar, est l’occasion de rendre hommage à une figure emblématique du diocèse de Tambacounda, à savoir l’Abbé Théophile Bonang. Portrait… 

L’Abbé Théophile Bonang est le Premier prêtre issu du peuple Bassari. Il symbolise le lien entre une tradition culturelle riche et l’universalité de l’Eglise. Issu de la région de Kédougou, l’Abbé Théophile Bonang a grandi dans une société bien forte de ses traditions. Les Bassari, peuple agro-pastoral vivant en symbiose avec leur environnement naturel, ont su préserver leur identité culturelle malgré les défis historiques et les influences extérieures. Ce cadre unique a façonné le jeune Théophile, qui a grandi dans un environnement où spiritualité et vie quotidienne étaient intimement liées.

Après ses études primaires à Kédougou, il entame en 1970 sa formation au Petit Séminaire Libermann de Tambacounda, avant de poursuivre au Séminaire Moyen de Thiès et finalement au Grand Séminaire Libermann de Sébikotane. En 1982, il est ordonné diacre par Mgr Robert Sarah, devenu Cardinal, alors archevêque de Conakry. Ordonné prêtre le 10 avril 1983 par le Nonce apostolique Luigi Dossena, il devient une figure historique pour son peuple, ouvrant ainsi une nouvelle voie pour les Bassari, au sein du Clergé sénégalais.

Un parcours académique et pastoral exemplaire  

Entre 1986 et 1991, l’Abbé Bonang poursuit ses études universitaires ecclésiastiques sanctionnées par un doctorat en théologie dogmatique à l’Université Urbanienne de Rome. Revenu au Sénégal, l’abbé Bonang déploie un ministère riche et diversifié. Il enseigne pendant plusieurs années au Grand Séminaire de Sébikotane ainsi qu’à l’École Cathédrale de Thiès et à Notre-Dame de Dakar. Il y transmet des disciplines essentielles comme la Mariologie et la théologie dogmatique.

Mais son engagement ne s’arrête pas aux salles de cours. De curé de paroisse à Vicaire général du diocèse de Tambacounda pendant près de deux décennies (1989-2009), il a été membre de la Commission Episcopale de Théologie, contribuant à approfondir la réflexion théologique dans l’église du Sénégal. Il a également été secrétaire général du synode diocésain célébrant les dix ans du diocèse.

Son parcours révèle par ailleurs une sensibilité particulière au dialogue, notamment interreligieux. Dans la région de Kédougou, particulièrement dans le département de Salémata, territoire où cohabitent diverses communautés, il multiplie les conférences, construisant des ponts là où d’autres voient des frontières, témoignant d’un esprit ouvert et conciliant.

Un bâtisseur d’espérance  

Aujourd’hui encore, l’Abbé Théophile Bonang continue d’œuvrer pour le bien-être spirituel et social de sa région. En tant que Vicaire général et responsable de la Fondation Sainte Thérèse de Wassadou, il soutient des initiatives qui allient développement humain et enracinement spirituel. C’est sur ce territoire administré par le premier prêtre bassari que s’élève officiellement aujourd’hui le premier monastère cistercien installé au Sénégal, le Monastère Notre-Dame de Badi, un projet initié depuis leur arrivée dans le diocèse en 2017.

Les moines cisterciens, héritiers d’une tradition monastique vieille de plus de neuf siècles, incarnent un mode de vie centré sur la prière, le travail manuel et la contemplation. Affiliés à l’Abbaye mère de Sept-Fons en France, ils ont choisi ce lieu isolé pour perpétuer leur mission : chercher Dieu dans le silence et le recueillement tout en contribuant au développement local par des activités agricoles et pastorales.   Il faut enfin fait savoir que ce monastère est bien plus qu’un lieu spirituel ; il est un symbole d’espérance pour toute la région. En offrant un espace dédié à la prière et au travail communautaire, il devient une source d’inspiration pour les habitants des villages voisins comme Badi et Wassadou.

Une journée historique, un appel à l’espérance  

 Sous le regard de l’Abbé Théophile Bonang, cet événement représente certainement une consécration providentielle dans la continuité d’un travail pastoral menée depuis plusieurs décennies.    « Son parcours exemplaire invite chacun à réfléchir sur sa propre mission dans la vie. Il montre qu’avec foi et détermination, il est possible d’être un artisan du changement tout en restant fidèle à ses racines », note Abbé Roger. Avant de conclure : «  Son histoire nous rappelle encore que les vocations les plus profondes naissent souvent là où personne ne les attend, qu’elles percent comme une source dans un terrain apparemment aride, transformant peu à peu le paysage ».

Denise ZAROUR MEDANG  

sudquotidien.sn