ICS : 192 milliards envolés et un bras de fer avec l’État.

 

 

Les Industries Chimiques du Sénégal (ICS) sont au cœur d’un scandale financier d’ampleur. 192 milliards de francs CFAde redevances impayées, un refus catégorique d’intégrer la Somisen dans son conseil d’administration, et un État toujours tenu à l’écart de la gestion : l’affaire prend une tournure explosive. Malgré la pression des plus hautes autorités, la multinationale campe sur ses positions, défiant ouvertement le gouvernement.

Un conseil d’administration verrouillé

Comme le révèle Libération, les ICS refusent obstinément d’intégrer un représentant de la Société des Mines du Sénégal (Somisen) dans leur conseil d’administration. Pourtant, l’État détient 5% du capital et, dans les 14 autres sociétés minières où il est actionnaire, cette intégration a été acceptée sans résistance. Mais pas chez ICS, où le secret sur la gestion financière semble être un principe sacro-saint.

Cette posture suscite de vives interrogationsPourquoi ICS refuse-t-elle toute transparence ? Que cherche-t-elle à dissimuler ? La situation devient d’autant plus préoccupante que la société continue de verser des dividendes à l’État, tout en lui refusant l’accès aux chiffres réels.

192 milliards de dettes… et toujours rien

Le plus alarmant, c’est que ce manque de transparence va de pair avec une dette colossale. Selon un rapport de la Cour des Comptes, entre 2000 et 2019, ICS aurait dû verser 121,5 milliards de FCFA de redevances à l’État. Ce montant a aujourd’hui grimpé à 192 milliards, sans qu’aucun paiement notable n’ait été enregistré.

Un expert interrogé par Libérationsouligne avec ironie que cette situation dure depuis plus de 40 ans, rappelant que lorsque cette exonération fiscale implicite a commencé, le Président Bassirou Diomaye Faye n’avait qu’un an.

L’État contre-attaque

Face à cette résistance, les plus hautes autorités semblent décidées à agir. Le ministère des Mines a déjà adressé une lettre officielle aux ICS pour exiger le respect des règles en vigueur. La Primature examine actuellement les clauses de la convention qui protège l’entreprise depuis des décennies.

Si le bras de fer continue, l’État pourrait durcir le ton et exiger non seulement le paiement des 192 milliards, mais aussi un accès total aux comptes de l’entreprise.

Un scandale en devenir ?

L’affaire ICS rappelle que certaines multinationales opérant au Sénégal bénéficient d’avantages fiscaux exorbitants, sans réel contrôle de l’État. L’opacité qui entoure cette entreprise pourrait bien cacher un des plus gros scandales financiers du pays.

La balle est désormais dans le camp des autorités. Laisser ICS continuer sur cette voie reviendrait à cautionner une évasion fiscale à grande échelle. Mais faire plier cette multinationale sera un combat aussi politique qu’économique.

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