
Construit en 1983, le Centre hospitalier régional (Crh) de Tambacounda, au-delà de desservir les régions environnantes, a aussi une vocation sous-régionale. Mamadou Sylla, le directeur, revient sur l’historique de cet Établissement public de santé.
TAMBACOUNDA – Plus de deux décennies après l’indépendance, la région de Tambacounda, ne disposait toujours pas de structures techniques performantes capables de prendre en charge des cas relevant de spécialités notamment chirurgicales, obstétricales et pédiatriques. Le besoin de disposer de telles structures était d’autant plus pressant que les évacuations sanitaires se faisaient principalement vers l’hôpital régional de Kaolack avec un réseau routier défectueux. C’est dans ce contexte qu’en 1983, le Centre hospitalier régional (Chr) de Tambacounda, structure de référence hospitalière de la région, a été construit par l’Etat sur financement de la Banque mondiale pour un montant de 461.107.500 FCfa. Mais l’ouverture s’est faite en juin 1987. Ce retard s’explique, selon Mamadou Sylla, l’actuel Directeur de cet Etablissement public de santé (Eps), par l’inadaptation du cadre architectural aux conditions climatiques, un manque de personnel et l’arrivée tardive des équipements.
À l’en croire, le Chr a d’abord et avant tout une mission de service public qui s’insère dans la politique de santé déclinée par le ministère de la Santé et de l’Action sociale. Ainsi « son premier objectif est de dispenser des soins de qualité aux malades en assurant à chacun d’eux le diagnostic, la surveillance et le traitement. Il doit, pour cela, garantir l’accès équitable à tous aux soins », souligne-t-il. Dans sa structuration, l’hôpital régional, qui a été érigé en Eps de niveau 2 en 2001, dispose d’un Conseil d’administration (Ca) et d’un organe d’exécution (Direction), de plusieurs services médico-chirurgicaux, techniques et administratifs.
À son ouverture en novembre 1987, l’hôpital avait une capacité théorique de 125 lits, mais avec 115 lits fonctionnels. Sa surface bâtie est d’environ 3 ha sur une superficie totale de 9,2 hectares. Il est construit selon le modèle d’hôpital pavillonnaire – en vogue à l’époque – contrairement au modèle d’hôpital en monobloc de mode en ce moment comme ceux de Kaffrine, Sédhiou, Kédougou. L’hôpital compte 5 pavillons d’hospitalisation (la chirurgie/ ancienne maternité, la médecine générale, l’ancien bâtiment de la pédiatrie, et l’accueil/consultation externes et le pôle mère-enfant (nouveau pavillon abritant la pédiatrie et la maternité).
En détail, la structure dispose d’une vingtaine de bâtiments abritant les différents services médicaux, chirurgicaux, techniques et administratifs. Au plan sanitaire, le Chr est un établissement de référence dont les compétences dépassent la région de Tambacounda, pour s’étendre aux régions limitrophes ainsi qu’aux pays voisins dont les ressortissants le fréquentent, en raison de son excellent service d’ophtalmologie, de sa pédiatrie et de sa maternité, réputés à travers le pays et la sous-région.
Etant l’unique hôpital dans la très vaste région du Sénégal oriental, il dessert les 80.000 habitants de la ville de Tambacounda et plus d’un million de personnes originaires des régions environnantes (Kédougou, Kolda, Matam) et pays frontaliers (Guinée, Gambie, Mali dont la frontière est à environ une heure et demie de route). En 2024, l’hôpital a reçu près de 51.521 personnes venues pour des consultations et d’autres actes médicaux. Aujourd’hui, il a une capacité de 201 lits avec l’ouverture du pôle mère-enfant contre 166 lits les années passées. Ces dernières années, des efforts sont déployés par l’Etat pour équiper la structure en matériels de dernière génération. En effet, en 2024, elle a reçu une table radio numérique, plusieurs équipements d’urgences destinés au Service d’accueil d’urgence (Sau), bloc opératoire, laboratoire, pédiatrie, maternité. Un deuxième scanner tout neuf de 64 barrettes a été mis en service. Sur le plan des ressources humaines, des efforts sont aussi faits avec l’arrivée de plusieurs spécialistes (ophtalmologue, réanimateur, cardiologue, orl, etc.), informe le directeur.
« La finalisation des travaux et l’ouverture prochaine de l’université du Sénégal oriental pourraient être une bonne opportunité pour rendre davantage disponible les spécialistes dans la région », pense-t-il.
Boubacar Agna CAMARA (Correspondant) / lesoleil.sn