Assises de Tambacounda : Un cultivateur, père de 14 enfants écope de 6 mois de prison ferme

La première affaire au rôle de la 2e session de la cour d’assises de cette année séant à Tambacounda a connu son épilogue ce mardi 10 juin 2014. Accusés des crimes d’association de malfaiteurs, de vol en réunion avec usage d’armes, de violences et d’incendie criminel et détention d’arme à feu sans autorisation administrative, seul Seydou Kâ âgé de 63 ans, marié à deux épouses et père de 14 enfants, a été condamné à 6 mois de prison ferme pour détention d’arme à feu sans autorisation administrative. Ses deux acolytes Aliou Diao, âgé de 32 ans marié à une épouse et père de six enfants et Mamadou Bâ, 32 ans, marié à une épouse et père d’un enfant ont été acquittés par la cour.

Les faits pour lesquels les trois accusés ont été attraits devant la cour d’assises à Tambacounda ce mardi 10 juin 2014, remontent au courant de l’année 2012, lorsque les éléments de la brigade de la gendarmerie de Koumpentoum ont été avisés de deux attaques perpétrées par des éléments d’une bande armée encagoulés, armés de fusil et de gourdins dans les villages de Dianécounda et de Massembé, situés dans la communauté rurale de Bamba Thialéne dans le département de Koumpentoum. L’enquête aussitôt ouverte a révélé que la première attaque a eu lieu dans la nuit du 21 au 22 janvier 2012 au domicile de la dame Bineta Bâ. Entendu, Abdourahmane Diallo soulignait devant les pandores que cette nuit-là, il avait été attaqué par des individus encagoulés qui portaient des fusils et des coupe-coupe. Il précisait que l’un des assaillants lui a asséné un coup de coupe-coupe à la tête avant que les autres n’emportent une part de ses biens à savoir 1750 000 francs, des denrées et des effets vestimentaires. Au moment de leur repli, ils mettent le feu à la concession de Mamadou Diallo. Entendue à son tour, la dame Bineta Bâ soutenait avoir été attaquée par une bande de personnes encagoulées et armées de fusil et de coupe-coupe, dans la nuit du 1er au 2 mars 2012.

Elle déclarait que les malfaiteurs s’en étaient pris à elle pour lui réclamer la somme qu’elle avait obtenu de la vente de ses 4 bovins. Ayant refusé de céder à la demande des malfaiteurs, ces derniers l’ont maltraitée avant de lui soutirer la somme de 400 000 FCFA, ainsi que des effets vestimentaires. Elle avançait aux enquêteurs de la brigade de gendarmerie qu’avant la commission des faits Seydou Kâ et deux de ses amis l’avaient informé de l’arrivée probable de brigands dans le village. Au même moment, la même personne Aliou Diao venait de prendre à crédit deux kilos de riz pour préparer du repas à des étrangers venus au village. Les investigations faites en ce sens par les pandores permettaient de mettre la main sur Aliou Diao. Soumis au feu roulant des questions des enquêteurs, il reconnaissait avoir participé aux différentes attaques en compagnie de Mamadou Bâ et de Seydou Kâ. La descente opérée par les enquêteurs au domicile de Mamadou Bâ permettait de retrouver des effets vestimentaires appartenant à la dame Bineta Bâ. Interrogé, Mamadou Bâ reconnaissait avoir participé aux différentes attaques en compagnie de Seydou Kâ et d’Aliou Diao. Convoqués puis entendus, les nommés Aliou Bâ, Aissatou Bâ, Chérif Bâ et Sadio Bâ respectivement mari et enfants de la partie civile, confirmaient l’attaque perpétrée au domicile de Bineta Bâ par des personnes encagoulées et armées de fusil. Chérif Bâ et Sadio Bâ soutenaient avoir subi des blessures par balle lors de cette attaque. Arrêtés et inculpés des chefs d’association de malfaiteurs, de vol en réunion avec usage d’armes, de violences et d’incendie criminel et détention d’arme à feu sans autorisation administrative, ils niaient les faits. S’exprimant sur le déroulement des faits devant la cour ce mardi 10 juin, les accusés se sont, tout au long du procès, obstinés à nier systématiquement les faits, répétant sans cesse qu’ils n’ont jamais participé aux deux attaques à main armées. L’un d’eux décrit comme étant le chef de la bande, en l’occurrence Seydou Kâ, déclare être le propriétaire de l’arme à feu qu’il a achetée pour sa défense. Il soutient que le jour des faits, il était dans la mosquée en train de prier. Faux, rétorque la dame Binta Bâ qui déclare avoir reconnu les bandits dont leur chef Seydou Kâ qui est connu comme étant un grand malfrat opérant dans leur village de Massembé. Et que deux jours avant les faits, Aliou est venu lui emprunter 2 Kilos de riz pour préparer le repas à ses visiteurs. Elle précise que Seydou Kâ aurait une fois volé ses 4 bœufs qui ont tous été retrouvés chez lui alors qu’il était en fuite. Abdourahmane Diallo soutient mordicus avoir vu les trois bandits mettre le feu à la concession de Mamadou Diallo.

Les autres témoins et victimes Aissata Bâ, Abdourahmane Souaré et le boutiquier Abdourahmane Diallo ont tous déclaré avoir reconnu les trois malfrats comme étant les auteurs de ces attaques armées avant de se constituer parties civiles et ont réclamé, en guise de dommages, respectivement les sommes de 3 millions, 1,5 million, 300 000 et 2 millions FCFA aux trois accusés.

Le système de défense n’a pas désarçonné Soyoubou Sy. Notant la mauvaise foi des trois accusés Seydou Kâ, Aliou Diao et Mamadou Bâ, l’avocat général qui est revenu largement sur les faits, a retenu leur culpabilité, excluant de facto les circonstances atténuantes. Par conséquent, il requiert les travaux forcés à perpétuité à l’encontre des trois inculpés.

Les avocats de la défense des accusés, Mes Pape Massar Sow, Adama Fall et Oumar Diop ont demandé à la Cour de n’accorder aucun crédit au procès verbal. De l’avis de maître Pape Massar Sow, il n’y a pas de preuves pour condamner les accusés sur la base d’un simple procès verbal. Selon Me Pape Massar Sow, les accusés ont constamment nié les faits et la seule accusation résulte de la détention d’arme par Seydou Kâ, sans autorisation et a demandé une peine extrêmement bienveillante à l’encontre de Seydou et l’acquittement pur et simple des accusés des autres chefs d’inculpation retenus à leur encontre. La cour, après en avoir délibéré a condamné Seydou Kâ à une peine de 6 mois ferme qu’il a déjà purgée avant de les relaxer tous des autres chefs d’inculpation.

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