Le secrétaire général de l’Union régionale du Syndicat autonome des travailleurs de la santé (SUTSAS) de Tambacounda, Mamadou Gaye, a exhorté mercredi le ministère de la Santé, à faire preuve de “diligence” dans le remboursement d’une enveloppe d’environ 60 millions de francs CFA, due aux structures de santé de la région.
Cette enveloppe est due au titre des médicaments offerts gratuitement depuis janvier, aux enfants de 0 à 5 ans, dans le cadre de la Couverture maladie universelle (CMU).
Avec ce programme du chef de l’Etat, Macky Sall, dans le cadre duquel des conventions ont été signées avec les postes de santé, il était convenu qu’ ‘’à partir de janvier 2014, les enfants de 0 à 5 ans, qui viennent se faire consulter, vont recevoir les médicaments génériques gratuitement’’, a expliqué Mamadou Gaye, dans un entretien avec l’APS.
‘’Actuellement, on est au mois de juin, et jusqu’à présent au niveau de la région, surtout au niveau du district de Tamba, il n’y a pas eu de remboursement’’, a déploré M. Gaye.
Selon lui, le ministère de la Santé prévoit de rembourser des sommes forfaitaires pour les différentes prestations fournies gratuitement à la tranche d’âge de 0 à 5 ans.
‘’Actuellement, les pièces justificatives sont déposées au niveau régional, et nous attendons le remboursement’’, a dit Mamadou Gaye, infirmier chef du poste du quartier Dépôt de la commune de Tambacounda.
Pour ce qui est du remboursement des médicaments, sur la période de janvier à juin, le district de Tambacounda s’attend à une ‘’enveloppe peut-être de plus 5 millions’’, a-t-il dit. Pour toute la région, les arriérés gravitent ‘’autour de 60 millions’’, a-t-il ajouté.
‘’Le non-remboursement au niveau du district et de la région pose problème’’, car c’est sur le produits de la vente des médicaments que les comités de santé comptent pour motiver leur personnel, composé essentiellement d’agents de santé communautaire (ASC), ainsi que l’entretien des structures, a-t-il dit.
‘’C’est pourquoi nous demandons la diligence à travers le médecin-chef de région, du ministre de la Santé pour que la région de Tamba puisse rentrer dans ses fonds’’, a insisté le responsable syndical.
Citant le ministère de la Santé, il a indiqué qu’au niveau national une enveloppe de 5 milliards a été débloquée pour les besoins de remboursement.
‘’De janvier à nos jours, les enfants de 0 à 5 ans sont traités gratuitement, alors que les médicaments ne sont pas remboursés’’, a poursuivi M. Gaye.
Il a signalé que les membres des comités de santé veulent rentrer dans leurs fonds, pour pouvoir continuer à satisfaire la demande dans le cadre de la CMU. Dans le cas contraire, ils n’auront plus les moyens de fournir des prestations, dès lors qu’ils achètent les produits pharmaceutiques à la Pharmacie régionale d’approvisionnement.
Si cette situation continue, cela ‘’risque de paralyser les structures primaires”, a-t-il prévenu. D’après lui, ”il arrivera un moment où on ne pourra plus motiver nos agents communautaires et où on n’aura plus de médicaments, parce que tous les fonds auront été dépensés en attendant le remboursement’’, avait-il récemment averti lors d’une rencontre.
Une somme de 12 millions de francs CFA a été logée au niveau de la région médicale. Mais elle n’est destinée qu’au remboursement des tickets de consultations et des vaccinations, a-t-il toutefois indiqué. Il a précisé que c’est sur ce montant que le district de Tambacounda avait déjà reçu son remboursement pour la première phase, soit d’octobre à décembre 2013.
A l’exception de Tambacounda, tous les autres districts n’ont pas encore reçu le remboursement pour la première phase de la CMU, en raison de ‘’lenteurs administratives’’ qui font qu’ils n’ont pas encore produit les pièces justificatives requises, pour pouvoir rentrer dans leurs fonds. Il a invité les médecins-chefs des autres districts à ‘’activer la remontée des pièces justificatives’’, pour que la première tranche leur soit remboursée.
Il a relevé que la gratuité a dopé le nombre de consultations et que le poste de santé de Dépôt a connu une ‘’forte affluence’’ depuis l’entrée en vigueur de la CMU.
De 15 enfants en moyenne à chaque séance de vaccination, les lundis et jeudis, la structure est passée à 40 enfants au moins. Le ticket de 200 francs qui était exigible à chaque consultation ayant été supprimé, les mères ne se fixent plus de limite, a-t-il relevé.
Jugeant ‘’salutaire’’ cette nouvelle politique de prise en charge, qui vise une frange ‘’sensible’’ de la population, M. Gaye a indiqué qu’elle a permis de relever certains indicateurs de santé au niveau de la région orientale.
Joint par téléphone, le médecin-chef de la région, le docteur Adrien Sonko, a indiqué qu’en réalité ‘’il n’y a pas de problème de financier dans ce programme, car l’argent est déjà disponible’’.
Le problème se situe plutôt du côté des structures de santé qui accusent du retard dans la fourniture des pièces justificatives, les gens n’étant ‘’pas administratifs’’.
Toutes les factures conformes présentées à la région médicale sont ‘’immédiatement payées’’, a-t-il assuré, ajoutant avoir même fait pression sur les infirmiers chefs de poste (ICP), pour qu’ils accélèrent la fourniture des pièces justificatives.
Le docteur Sonko a expliqué qu’il existe deux niveaux de validation des pièces justificatives fournies par les ICP : d’abord le médecin-chef de district et son comité les valident avant de les transmettre à la région médicale, qui une fois qu’elle les approuve, à son tour, procède au paiement.
Il a indiqué que, peut-être, les factures envoyées sont actuellement à l’étude, au niveau du district sanitaire. ‘’Au moment où je vous parle, je n’ai pas de factures sur ma table’’, a-t-il dit, faisant part de son souhait de voir l’épuisement de l’avance de 12 millions, dont dépend une nouvelle alimentation du fonds.
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