Ramadan et diabète au menu d’un panel de l’Association des diabétiques de Tambacounda

Plusieurs spécialistes ont abordé, samedi, le thème ‘’Ramadan et diabète vus par l’islam et la médecine’’, lors d’un panel organisé à la mairie de Tambacounda par l’Association d’entraide et de soutien aux diabétiques de Tambacounda, affiliée à l’ASSAD (nationale).

Le docteur Yaya Kane, docteur en néphrologie, chef du centre d’hémodialyse de l’hôpital régional de Tambacounda, l’imam Malick Wilane, de la mosquée de Saré Guilél et la nutritionniste Fatou Seck ont animé ce panel destiné à préparer les diabétiques au jeûne du mois de Ramadan qui devrait démarrait dans moins de deux semaines.

Le docteur Yaya Kane a passé en revue les bienfaits du jeûne, notant qu’il purifie le corps et impacte sur la santé psychique. Il a relevé trois avantages de cette pratique : le dynamisme, l’apaisement de l’esprit et la religion, à travers le changement de comportement qu’il facilite. Il renforce le cœur, agit sur la tension artérielle éclaircit les yeux, contribue au renouvellement des cellules, tout comme il fortifie le système immunitaire et favorise la perte de poids.

Après avoir relevé que ‘’beaucoup se cachent derrière le docteur pour ne pas jeûner’’, le docteur Yaya Kane, pour qui il est de la responsabilité de ces derniers de clarifier les choses, a listé dans son intervention les types de maladies incompatibles avec le jeûne.

Il s’agit du diabète du type 1 dont celui qui en souffre doit prendre de l’insuline et doit manger après avoir pris sa dose. Au-delà de 4 heures sans cette substance vitale, il peut y avoir des complications, notamment l’hypoglycémie qui est dangereuse, a-t-il dit.

Le jeûne est également déconseillé aux personnes souffrant d’insuffisance cardiaque sévère, parce qu’ils doivent obligatoirement prendre des médicaments à certains intervalles. Les personnes atteintes d’insuffisance rénale et qui sont sous dialyse, ne peuvent pas non plus jeûner, de l’avis du docteur Kane. Selon lui, la séance de dialyse, consistant à l’épuration du sang du malade, s’accompagne d’une baisse de sa tension artérielle.

Aussi les cas d’ulcère gastrique confirmés ne vont-ils pas de pair avec le jeûne, car ils peuvent donner lieu à des saignements pouvant être fatals au patient, dans la mesure où l’interruption de ces saignements nécessite une intervention pointue.

En outre, a-t-il poursuivi, les malades qui ont une insuffisance respiratoire sévère, peuvent difficilement se priver d’alimentation, sans laquelle, ils ont du mal à s’alimenter en oxygène.

L’hépatite, une maladie du foie, ne rime pas avec le jeûne, car il peut occasionner chez les personnes souffrant de cette pathologie, des problèmes de régulation des toxines générées par l’organisme. Quant au tuberculeux, le jeûne aggrave la faiblesse de leur système immunitaire déjà mal en point et les expose à d’autres maladies.

Concernant les diabétiques de type 2, une variante due à un excès de tissus adipeux empêchant à l’insuline d’accéder aux zones de l’organisme qui en ont besoin, le jeûne est recommandé, puisqu’il permet de ‘’stabiliser le diabète’’, a indiqué le néphrologue. ‘’Ces gens doivent jeûner, s’ils n’ont pas fait de complication durant les trois mois précédents’’, a-t-il dit, estimant qu’ ‘’à la limite, c’est très bénéfique’’ pour eux.

Pour ce qui est des personnes âgées, elles peuvent aussi jeûner jusqu’à 80 ans, en évitant des activités physiques intenses pouvant entraîner toute déshydratation, car à un certain âge, l’organisme a besoin de beaucoup d’eau.

Se focalisant surtout sur les diabétiques, la nutritionniste Fatou Seck les a invités à une meilleure organisation de leur alimentation pendant le Ramadan. Etant donné que la période qui s’écoule entre la rupture du jeûne et celle d’aller au lit est très courte, elle a déconseillé toute ‘’surcharge alimentaire’’.

D’où l’importance de manger certaines céréales comme le mil et le sorgho qui ont un faible indice de glycémie, c’est-à-dire qui s’infiltrent plus lentement dans le sang. Mme Touré leur a suggéré un retour à la traditionnelle bouillie de mil (‘’fondé’’) pour la rupture, qui a l’avantage de donner au corps les fibres et les protéines dont il a besoin tout en le réhydratant. En plus, son indice de glycémie étant faible, le sucre que contiennent ces céréales s’infiltre lentement dans le sang.

Par contre, le jeûneur diabétique doit, au moment de rompre son jeûne, se contenter d’une seule datte ou ‘’au maximum deux petites dattes’’, ce fruit contenant un fort indice de glycémie, avec un sucre rapide. Il doit aussi se garder de manger maïs, contient du sucre rapide, tout comme le pain qui doit être rationné (le quart d’une miche suffit).

Pour elle, le repas du petit matin (‘’kheud’’ en wolof) est ‘’obligatoire’’ pour le jeûneur diabétique. Il doit cependant éviter les diurétiques (café, quinquéliba et thé) lors du ‘’kheud’’, car cela accélère les urines, et par conséquent peut entraîner la déshydratation. Il doit également éviter les matières grasses qui, si elles sont en surnombre, se transforment en sucre.

Dans son allocution, l’imam de la Mosquée de Saré Guilél, Malick Wilane a noté la nécessité d’observer les indications des médecins quand ces derniers estiment que le patient n’est pas en mesure de jeûner. Refuser d’observer leurs conseils serait synonyme de suicide, si l’on en mourait.

Le Coran a exempté de jeûne, les malades, les voyageurs à partir de 48km aller, a-t-il dit. Cette exemption concerne aussi les malades chroniques et les personnes âgées. Au sujet de la femme enceinte ou allaitante, elle est aussi déchargée de la privation si elle a peur pour son enfant.

Toutefois, elles doivent donner quotidiennement une quantité donnée de nourriture à un pauvre, a-t-il ajouté, précisant que des divergences existent entre les écoles sur le fait qu’elles doivent remplacer les jours non jeûnés ou non.

ADI/AD / APS /