Les politiques dans le domaine de la santé de la reproduction bute sur des problèmes socio anthropologiques chroniques dans la région de Tambacounda. Même si les infrastructures de santé sont disponibles, la fréquentation reste timide malgré les efforts consentis dans ce domaine par les pouvoirs publics et certaines Organisations non gouvernementales. Entre croyances populaires et tabous, l’état de la santé de la reproduction dans cette partie orientale du Sénégal n’est pas inquiète au plus haut niveau.
Avec un indice de pauvreté humaine de 58,6% et une population rurale à 83%, Tambacounda, cette région située dans la partie orientale du Sénégal reste confrontée à un problème récurrent en matière de santé de la reproduction. Malgré les efforts des autorités administratives et étatiques, la région est caractérisée par une faible couverture en infrastructures sanitaires. Avec un taux d’alphabétisation réduit, la ruée des populations féminines vers les centres de santé reste timide. En tenant compte de la population rurale très importante et la persistance des pesanteurs socio culturels, les résultats dans le domaine de la planification familiale sont très faibles.
Pour Khadijatou Ba Sow, coordonatrice de la santé de la reproduction de la région de Tambacounda, les défis sont de taille dans la région. «Beaucoup d’efforts restent à faire concernant la santé de la reproduction dans cette zone bien particulière du Sénégal. Bien que ce n’est pas dans la culture des populations de cette région du pays d’aller dans les structures de santé pour espacer les naissances, mais tout le monde doit s’y mettre pour relever le défi», explique la sage-femme.
Cependant, pour Khadijatou Ba Sow, «plus d’efforts doivent être consentis pour améliorer le taux de femmes qui pratiquent la planification familiale», un taux qui tourne autour de 3% selon les dernières données de 2009. Une manière pour la responsable de la santé de la reproduction dans cette partie du Sénégal de faire constater que même si le budget alloué à la santé de la reproduction n’est pas suffisant (environ 5%), le problème majeur qui empêche une fréquentation des structures de santé reste néanmoins le déficit de communication et les croyances populaires autour de la planification familiale
. Des croyances et tabous qui expliquent non seulement les naissances rapprochées chez des femmes mariées, mais aussi des grossesses précoces chez les filles encore célibataires. Une position que partage le médecin de région de la localité. Pour le Dr Adrien Sonko, les problèmes qui persistent dans le domaine de la santé de la reproduction doivent être considérés en termes de défis afin de renforcer la sensibilisation des populations à la politique d’espacement des naissances qui, au demeurant, est fortement liée à la situation économique de la région. «L’engagement des ressources humaines permet de proposer des solutions aux problèmes de la santé de la reproduction », estime Dr Adrien Sonko, qui ajoute qu’il faut une participation active des populations pour résoudre les problèmes de santé de la reproduction, malgré les croyances et les tabous.
En effet, c’est à une logique de sursaut local que le médecin de région appelle les femmes de Tambacounda pour relever les défis et réduire le taux de mortalité maternelle très élevé dans cette partie du Sénégal. On compte 785 décès pour 100000 naissances. Toujours selon Dr Sonko, les moyens financiers, ainsi que les médicaments sont disponibles et il faut juste changer les habitudes et repousser les barrières culturelles. «Les hommes dans cette zone doivent enlever de leurs tète, l’idée que la planification familiale est une incitation à la débauche», conclut, Dr Adrien Sonko.
Couly CASSE, Times24.info