La faucheuse vient de frapper à la porte des acteurs de la presse. L’annonce matinale du rappel à Dieu de Mame Less Camara a été un coup de massue pour les journalistes qui regrettent la disparition d’un homme intègre, et qui a donné toute sa vie de journaliste à la lutte pour une presse indépendante.
Dakaractu revient sur le parcours de cette figure du journalisme qui a eu à marquer sa présence sur terre, par sa belle plume et ses actions dans le mouvement syndical.
Né à Rufisque en 1956, Mame Less Camara a grandi dans une maison où son père était opposant militant du PAI (Parti africain de l’indépendance). Mame Less Camara a très rapidement manifesté sa sensibilité à l’injustice sociale et a toujours gardé cette marque car, ne partageant toujours pas les mêmes idées que les gouvernants. Dans son parcours scolaire, à Rufisque, en tant qu’élève, Mame Less Camara, après l’école primaire, a fait le prestigieux lycée Van Vollenhoven (actuel Lamine Guèye) où il a suivi jusqu’en terminale une section classique avant de décrocher son baccalauréat en 1976.
Après le lycée c’est la Fac, notamment le département de philosophie où il a appris à discipliner ses pensées, à comprendre celles d’autres penseurs qui ont influencé l’histoire des idées, Mame Less Camara a fait quatre ans au département de philosophie, option qui menait à l’enseignement mais, qui n’était pas sa destination. Après la maitrise, en 1980, Mame Less est allé s’inscrire en deuxième année de droit. Il a eu à enseigner même la philosophie pour avoir un peu d’argent de poche. À cette période, il s’est inscrit au CESTI (Centre d’Etudes des Sciences et Technique de l’Information) en 1981. Le CESTI a été aussi le lieu de rencontre avec d’autres journalistes de talent comme Boubacar Boris Diop avec qui il a étudié et qui est aujourd’hui l’un des grands écrivains du continent. Au CESTI, Mame Less Camara était destiné à faire la presse écrite, mais il finira par aller la radio et à la télé. Il quitte le CESTI en décembre 1983 avec un diplôme de télévision.
Après cette étape, Mame Less Camara atterrit à Saint Louis où il est recruté par l’ORTS quatre mois après le diplôme, en avril 1984. Il a été affecté à la station régionale de Saint-Louis où il a fait un an et quelques mois avant d’être réaffecté à Dakar. Le journaliste-chroniqueur a travaillé jusqu’en 1992 où il a été chef de la division du management et de la qualité.
En 1992, Mame Less Camara fut membre de la première équipe de l’autorité de régulation de l’audiovisuel qui est devenu CNRA. D’ailleurs, à l’époque, il avait été viré de même que son directeur général car, ayant refusé de donner un temps d’antenne aux chefs religieux pour soutenir le candidat Abdou Diouf, à la veille de l’élection de 1993.
Mame Less Camara a été aussi le secrétaire général du Synpics section Rts puis secrétaire général du Synpics au plan national avant d’être réélu en 1996 et l’année suivante. En septembre 1997, il démissionne de la Rts et du Synpics parce qu’ayant conclu un accord avec Sidy Lamine Niass pour le lancement de Walfadjri Fm. Il a fait un an en tant que directeur de Walfadjri avant d’avoir des contradictions avec Sidy sur la manière de gérer, notamment quant à la prise de décision. Il démissionne.
En 1998, il est nommé directeur du quotidien « Le Matin » et en même temps, il est vacataire au CESTI tout en étant correspondant de la BBC à Dakar. C’est en 2001 que Mame Less Camara a eu un choc diabétique. Il sera évacué en France par l’ancien président Wade. Il a passé à peu près un mois à Paris avant de revenir à Dakar. Il quitte le quotidien « Le matin » pour s’occuper d’une radio, Environnement Fm, en août 2002 puis en 2007 à la radio Océan FM avant de quitter ce dernier media en 2008. Il fut également le directeur de la rédaction de la Tfm.
Mame Less Camara a été le chroniqueur politique du quotidien Walfadjri et signait avec un pseudonyme, Abdou Sow. Ses activités l’ont ensuite mené, au fil des années, vers la formation de journalistes en audiovisuel au CESTI. Resté loin de l’espace médiatique depuis quelques années, le journaliste décédé ce samedi à l’hôpital principal de Dakar, laisse derrière lui un héritage médiatique dans lequel il a beaucoup contribué et que les jeunes devront prendre comme voie instructive.
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