Le dossier composé de milliers de photographies, documentant les atrocités commises dans les prisons syriennes sous le régime de Bachar el-Assad, a refait surface avec la chute du gouvernement baasiste. Connu sous le nom de code « César », ce dossier met en évidence les tortures systématiques subies par des milliers de prisonniers.
Ces photographies ont été prises par un ancien militaire du régime, surnommé César, qui avait pour mission de capturer les images des corps torturés dans les prisons syriennes. Les clichés révèlent que environ 11 000 personnes ont été brutalement torturées à mort. Les blessures visibles sur les corps témoignent des sévices subis par les détenus dans ces établissements pénitentiaires.
Mouaz Moustapha, directeur exécutif du Groupe de travail d’urgence syrien, a discuté avec l’agence Anadolu de l’ampleur des crimes de guerre perpétrés par le régime d’Assad. Depuis 2011, son organisation s’efforce de documenter ces abus et de poursuivre certains des auteurs.
Moustapha a personnellement exprimé sa relation avec César, affirmant : « J’ai parlé à César aujourd’hui et le jour de la chute du régime d’Assad. Nous avons tous les deux pleuré pendant un moment ». L’organisation qu’il dirige protège des témoins comme César, qui a déjà partagé ses preuves dans des forums internationaux tels que le Parlement européen et les Nations unies.
La « loi César », adoptée par le Congrès américain, a été rendue possible grâce aux efforts groupés de l’équipe de Moustapha. Cette législation impose des sanctions sévères à ceux qui soutiennent le régime Assad, et démontre l’impact significatif des photographies comme preuves de crimes de guerre.
Selon Moustapha, ces images sont des preuves tangibles des horreurs vécues dans les prisons telles que celle de Saidnaya, où la torture et la privation de nourriture étaient monnaie courante. « Les photos montrent des gens morts de faim, à la vue des cadavres décharnés » a-t-il expliqué, ajoutant que des méthodes brutales telles que l’ablation des yeux ou l’utilisation de l’acide étaient employées.
Moustapha évoque d’autres prisons souterraines qui n’ont pas encore été découvertes, insistant sur le fait que les conditions de détention sont terribles : « Nous parlons de 100 personnes détenues dans une seule pièce, sans lumière ni installations sanitaires, entraînant des décès réguliers ».
Face à ces révélations, la communauté internationale a montré peu de réaction malgré la colère suscitée. Moustapha critique le manque d’actions des organisations internationales, espérant qu’un jour, un tribunal à Damas jugera les responsables, dont Bachar el-Assad.
Les rapports d’organisations internationales confirment que la prison de Saidnaya est devenue un centre de détention pour les manifestants anti-régime depuis 2011. Ils soulignent le caractère systématique des tortures physiques et psychologiques infligées aux prisonniers, corroboré par les photographies de César publiées pour la première fois par Anadolu en 2014.