Depuis Poitiers, sa ville d’adoption dans la Vienne, capitale de la région Poitou-Charentes, Agnès Dione, Auxiliaire de Vie sociale revient sur les événements qui secouent le Sénégal, son pays d’origine. Au Courrier Français, la jeune maman nous fait partager son métier d’Auxiliaire de vie sociale, nous confie ses inquiétudes et ses regrets de voir le Sénégal, jadis cité en exemple de démocratie rejoindre le syndicat des pays totalitaires dont fait allusion notre Ministre de l’intérieur Claude Géant dans son propos “toutes les civilisations ne se valent pas… ». Entretien réalisé par Lamine Camara depuis Poitiers pour Tambacounda.info /
Tambacounda.info : Bonjour, Agnès, depuis Poitiers, comment vivrez – vous la situation qui se déroulent actuellement au Sénégal, votre pays d’origine ?
Agnès Dione : « (Voix encore refroidie par la neige ) : « A travers de ce que je vois dans les différents médias, je vis cette cette situation avec beaucoup d’inquiétude Naturellement, comme tous les sénégalais épris de paix, de liberté, de justice et de démocratie, je ressens très mal les événements qui secouent actuellement le Sénégal, jadis cité en exemple de démocratie en Afrique. Les manifestations qui ont eu lieu la semaine dernière et la réaction du pouvoir en place qui tend à minimiser les conséquences ne me rassurent pas du tout, car pour moi les conséquences sont très graves et regrettables et dont les principales causes se trouvent dans la candidature, un peu forcée du président Wade. Je suis vraiment touchée et gênée de l’image que donne le Sénégal, qui était épargné par de telles troubles. C’est une preuve que mon Pays va mal. » “Le Sénégal est bien parti pour rejoindre le club des présidents dictateurs”.
Tambacounda.info :Le Sénégal est-il en train de perdre sa référence de Pays démocratique?
( Un petit moment de silence) : « Même, s’il ne faut pas être alarmiste, il est bien parti pour rejoindre le syndicat des pays de dictateurs. Cette référence est fortement entamée, car le président semble oublié qu’il a été élu à deux reprise à cause de cette démocratie qui existait avant son avènement à la magistrature suprême dont lui- même en a été un grand artisan, avec 26 ans d’opposition. Si maintenant, c’est lui- même qui viole ces principes démocratiques, il y a lieu de s’inquiéter, car après deux mandats, je ne vois pas en quoi, un troisième peut lui apporter quelque chose de plus,surtout qu’une partie du peuple ne veut plus de lui. Pour moi, franchement, un 3e mandat n’a lieu d’être. » “Éviter de forcé un peuple qui en marre”.
Tambacounda.info : Qu’attendez-vous des dirigeants politiques au pouvoir et de l’opposition?
A.D.( d’un ton ferme) : « J’attends du président, plus de responsabilité, plus d’écoute vis- à vis des aspirations du peuples, aux doléances des sénégalais axées surtout à son départ dans la paix. Sans effusion de sang. Ni de perte de vie humaine. »De l’opposition, j’attends que les parties soient unis afin de trouver rapidement une alternative radicale pour combattre ou battre le pouvoir en place. Au de là de toute idéologie, ou d’intérêt particulier, qu’ils ne prennent en compte que l’intérêt général du peuple. Et que les hommes religieux si respectés et influents jouent pleinement leur rôle d’apaisement, de neutralité et d’équité. A la diaspora sénégalaise du monde entier, je demande de continuer leurs différents mouvements de soutien, d’action de solidarité, de témoignages, de sensibilisation et d’explications de la situation qui se passe au Sénégal, qui, franchement n’a pas besoin de tels troubles. Aux sénégalais de l’intérieur de continuer le combat, afin que Wade comprenne qu’une partie des sénégalais n’en veulent plus de lui comme président, et, surtout qu’il ne faut pas forcer un peuple qui en a marre. » “AVS, un métier où l’humain est très présent ! “
Tambacounda.info : Pour finir, parlez nous un peu des joies et des difficultés de votre métier qui vous fait sortir ce dimanche glacial ?
A.D.(Léger et fier sourire ) : « Je n’ai pas le choix, je suis Auxiliaire de vie sociale (AVS). C’est un métier d’accompagnement et soins destiné à améliorer le confort des malades à domicile, constitués pour la plus part du temps de personnes âgées ou handicapées, mais qu’on peut aussi ecercer dans des structures comme les maisons de retraites. On distingue deux types d’AVS. Il y a des des auxiliaire de vie de jour et de nuit qui exercent les mêmes fonctions d’accompagnement et de gestion des patients. Une AVS, doit avoir au delà de la formation, de l’humilité, beaucoup de patience et d’écoute, de la disponibilité. En ce qui me concerne, je pense que je suis bien accueillie ou acceptée, car toutes les patientes que je suis suis me considèrent comme leur rayon de soleil. D’autres me considèrent comme leur ange gardien. Ce qui est encourageant. C’est du positif, car c’est un métier de relation, où l’humain est très présent. Parmi, les joies il y a le sentiment de venir en aide à une personne qui en a besoin et surtout la satisfaction d’être utile. Par contre, c’est une activité très prenante, car il faut être toujours disponible, accessible, qui nécessite beaucoup d’effort physique, liés à la prise en charge des personnes, le plus souvent à mobilité réduite. Un métier qui demande beaucoup de contraintes horaires, de maîtrise de soi et d’avoir toujours les bons gestes. »
Tambacounda.info : Un dernier mot ?
« Je souhaite que le calme revient au Sénégal, que les élections se déroulent dans de très bonnes conditions et la démocratie en sorte gagnante. Pour un Sénégal nouveau. Plein d’espoir et d’espérance! »