Syrie Le Conseil de sécurité vote une résolution humanitaire

C’est à l’unanimité que le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté samedi une résolution réclamant la levée du siège de plusieurs villes syriennes. Mais le texte est non contraignant.

Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté samedi 22 février 2014 à l’unanimité une résolution non contraignante réclamant la levée du siège de plusieurs villes syriennes.L’efficacité de cette mesure est mise en doute par certains ambassadeurs en raison de l’absence de sanctions automatiques. La Russie s’est finalement ralliée à la résolution, alors qu’elle avait un temps fait peser la menace d’un veto. Le texte adopté samedi – présenté par l’Australie, le Luxembourg et la Jordanie, et soutenue par Londres, Washington et Paris – appelle toutes les parties au conflit à lever immédiatement les sièges des zones peuplées. «Affamer les civils est une tactique de guerre prohibée par les lois humanitaires internationales», dit la résolution. Le texte demande également la fin des attaques contre les civils, «y compris les bombardements aériens, notamment l’utilisation de barils d’explosifs», une référence claire à la situation provoquée par l’armée syrienne à Alep (nord).

Mise en garde lancée par des pays
L’ambassadeur français Gérard Araud a estimé que le Conseil avait «évité le déshonneur du silence» mais qu’il devait s’assurer que cette résolution «se traduise en actions concrètes». L’ambassadrice américaine Samantha Power a elle demandé «à tous les pays membres de faire pression sur Damas pour appliquer d’urgence» cette décision. «Nous n’hésiterons pas à retourner devant le Conseil de sécurité si le régime Assad ne respecte pas ce qui est demandé dans cette résolution», a dit dans un communiqué le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague. Son homologue français Laurent Fabius a lui aussi demandé que les demandes du Conseil soient «suivies d’effets».

L’ambassadeur russe Vitali Tchourkine a de son côté estimé que les amendements que Moscou avait imposés avaient abouti à «un texte équilibré». Il a affirmé qu’il «n’y avait pas de sanctions automatiques» en cas de non-respect de la résolution et a suggéré que le Conseil adopte une autre résolution pour dénoncer la montée du terrorisme en Syrie, un leitmotiv de Moscou et de Damas. La résolution – âprement négociée avec Moscou – ne prévoit pas de sanctions automatiques mais laisse ouverte la possibilité d’agir ultérieurement contre les récalcitrants. Il faudra alors toutefois une nouvelle décision du Conseil, que la Russie bloquerait à coup sûr.

Vote récent
Depuis le début de la crise syrienne en mars 2011, la Russie et la Chine ont bloqué à trois reprises des résolutions occidentales visant à faire pression sur le régime syrien. Le Conseil avait déjà adopté le 2 octobre 2013 une déclaration réclamant un meilleur accès humanitaire en Syrie mais elle n’a pas été appliquée. Au total, les violences ont fait plus de 140 000 tués en trois ans, selon des ONG, et des millions de Syriens déplacés ou exilés. Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a souhaité que la résolution «puisse atténuer une partie des souffrances de la population syrienne», soulignant que des millions de Syriens étaient «hors de portée» des agences humanitaires. Selon l’ONU, 200 000 personnes sont assiégées dans les zones contrôlées par le gouvernement et 45 000 dans celles contrôlées par l’opposition. La résolution demande à M. Ban de revenir dans les 30 jours devant le Conseil pour faire un bilan de sa mise en oeuvre.

Plusieurs violences
Sur le terrain, dans et autour de Yabroud, une importante ville rebelle au nord de Damas, des bombardements ont à nouveau lieu, y compris par voie aérienne. Les troupes du régime de Bachar al-Assad ont lancé une offensive il y a deux semaines pour reprendre cette ville, dans la région montagneuse du Qalamoun, près de la frontière libanaise. Sur un autre front, des combattants kurdes ont pris la ville de Tal Barak (nord-est), jusqu’alors tenue par des jihadistes, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), proche des rebelles. Ces éléments restent impossibles à vérifier de manière indépendante. Dans plusieurs régions, l’armée a lancé des barils d’explosifs sur des quartiers tenus par les rebelles.