Le sociologue Kaly Niang évoque ”la disparition prochaine” de l’orpaillage dans l’est du Sénégal, une pratique à laquelle il vient de consacrer un livre.
”Les orpailleurs obéissent à une logique économique marquée par une quête effrénée du gain. Cette description de l’orpaillage présente les signaux de la disparition prochaine” du métier d’orpailleur dans l’est du pays, a expliqué M. Niang lors d’une séance de dédicace de son livre consacré à cette pratique.
L’ouvrage de 198 pages, publié chez L’Harmattan-Sénégal, a comme titre : ”Dans les mines d’or du Sénégal oriental : vers la fin de l’orpaillage ?”
“Ce livre (…) est un éclairage sociologique sur une pratique séculaire, qui existe toujours dans l’univers mental des orpailleurs, dans leurs systèmes de croyances et de représentations socioculturelles et mentales, malgré la déstructuration et les contraintes techniques et environnementales qui menacent” leur métier, a dit l’auteur, titulaire d’un doctorat de sociologie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
Son livre dédicacé en présence du ministre de l’Industrie et des Mines, Aly Ngouille Ndiaye, comprend deux parties qui préconisent la ”rationalisation” et la réglementation de l’orpaillage par l’Etat.
Avec un regard de sociologue, Kaly Niang aborde dans la première partie du livre les ”aspects traditionnels” de l’orpaillage, en remontant le temps jusqu’à l’époque précoloniale de la pratique de l’orpaillage dans les mines d’or situées dans l’est du Sénégal actuel.
A cette époque-là, les orpailleurs avaient ”un lien naturel avec l’or” et identifiaient par exemple des arbres qui, selon eux, ne poussaient que sur des endroits où il y avait de l’or, au sous-sol.
L’auteur tente de pénétrer la conscience collective des orpailleurs de cette époque-là, qui pratiquaient l’orpaillage en se mettant dans ”une logique surnaturelle fondée sur la croyance aux mythes fondateurs”. Il y avait ”du sacré ou du surnaturel dans le domaine de l’or”.
Dans la seconde partie du livre, l’auteur explique l’organisation et la pratique de l’orpaillage, les méthodes et les techniques utilisées, l’organisation et la division sociale du travail, et la contribution de l’orpaillage à l’environnement économique et social de ses pratiquants.
Kaly Niang déplore l’usage abusif qui est actuellement fait du mercure par les orpailleurs, et les conséquences de ce métal sur leur santé. ”L’orpaillage perd son âme, son caractère traditionnel et sacré, son charme et ses attributs mystiques, pour devenir une banale activité”, a-t-il signalé.
Aujourd’hui, la pratique de l’orpaillage obéit à une logique ”capitaliste, qui bouleverse toute la structure” du métier, selon le sociologue.
Les mines d’or de Sabodala, situées à l’est du Sénégal, sont le théâtre d’une intense activité économique depuis plusieurs années.
Des sociétés minières étrangères sont actives dans la zone, où elles côtoient des Sénégalais et des ressortissants d’autres pays s’adonnant à l’orpaillage, avec des méthodes artisanales.
APS /