Des experts de l’ONU ont demandé jeudi au Venezuela de mener en urgence une enquête sur les violences contre les manifestants et journalistes.Ils ont appelé Caracas à libérer toute personne détenue sans raison. «Une enquête approfondie sur les récents épisodes de violences qui ont eu lieu lors des manifestations au Venezuela doit être menée d’urgence», ont indiqué les experts dans un communiqué commun.
Manifestants frappés,parfois gravement torturés
«Nous sommes profondément préoccupés par les rapports faisant état de nombreux cas de détentions arbitraires parmi les manifestants. Certains auraient été frappés, et dans certains cas gravement torturés, par les forces de sécurité, emmenés dans des installations militaires, détenus au secret et privé d’aide juridique», ont-ils déploré. «Ces informations doivent être clarifiées de toute urgence et quiconque est encore en détention arbitraire doit être libéré sans condition», ont-ils demandé. Ces experts sont le Rapporteur spécial de l’ONU sur la promotion et la protection de la liberté d’opinion et d’expression, Frank La Rue, celui sur le droit de réunion pacifique et d’association, Maina Kiai, celui sur la torture, Juan Méndez, celui sur la situation des défenseurs des droits de l’Homme, Margaret Sekaggya, ainsi que le Président-Rapporteur du groupe de travail sur la détention arbitraire, Mads Andenas.
«Dialogue constructif»
Les experts ont également dénoncé les violences et détentions arbitraires dont auraient été victimes certains journalistes qui couvraient les manifestations, soulignant que les autorités avaient le devoir de garantir leur «protection». Ils ont en particulier dénoncé la suspension des activités de la chaîne de télévision NTN 24. «Le pays a besoin de davantage d’information sur les manifestations, pas moins», ont relevé les experts en droits de l’homme, qui se disent près à se rendre au Venezuela pour participer à un «dialogue constructif» avec toutes les parties. «Nous exhortons le Venezuela à ce qu’il réponde positivement à nos demandes de visite», concluent-ils.
Campagne de désinformation
Peu après, la mission du Venezuela auprès de l’ONU à Genève a assuré que les autorités du Venezuela «respectaient pleinement les droits de l’Homme». Elle a par ailleurs dit regretter que les experts de l’ONU «se fassent l’écho de la campagne intense de désinformation internationale déclenchée par de puissants intérêts nationaux et étrangers qui ont toujours cherché à déstabiliser le gouvernement». «Aucun manifestant n’a été détenu de façon arbitraire», souligne la mission du Venezuela à Genève, relevant aussi que la majorité des détenus avaient été remis en liberté. La mission rejette par ailleurs les accusations de torture, de détention au secret et de non assistance judiciaire, et explique que les autorités n’ont reçu jusqu’à présent aucune plainte formelle. Secoué depuis début février par une révolte d’une partie des étudiants, soutenus par l’opposition au président socialiste Nicolas Maduro, le Venezuela est en proie à des manifestations et à des affrontements entre groupes radicaux, forces de l’ordre et hommes armés non identifiés. Ces violences ont fait 20 morts et au moins 260 blessés.