Militaire de carrière, jusqu’ici resté dans l’ombre, le lieutenant-colonel Isaac Zida a été désigné samedi 1er novembre par l’armée pour conduire la transition au Burkina Faso.
Les hauts gradés de l’armée burkinabé ont préféré cet officier protestant de 49 ans au chef d’état-major des armées, le général Nabéré Honoré Traoré. Ce dernier était considéré comme trop proche de l’ancien président, pour conduire la transition institutionnelle et politique.
Commandant en second du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), une unité d’élite de l’armée qui assurait la sécurité de Blaise Compaoré, Zida est aussi un proche du général Gilbert Diendéré, le chef d’état-major particulier de l’ex-chef de l’Etat, dont on est sans nouvelles. «Il fait partie des mêmes réseaux que Diendéré. Certains se méfient de lui», observe une source sécuritaire.
Solide gaillard à la fine moustache et aux lunettes sans montures, Zida a, selon l’un de ses frères d’armes, été formé au Centre d’entraînement commando de Pô (sud du Burkina), un lieu stratégique pour le pouvoir. Après avoir démissionné vendredi, Blaise Compaoré s’est ainsi dirigé vers Pô, qu’il a finalement contourné pour se rendre à Yamoussoukro, en Côte d’Ivoire.
François Compaoré, le frère de l’ancien président, ancien conseiller à la présidence et homme d’influence, ainsi que son épouse se sont eux réfugiés au Bénin, d’où ils devraient gagner la France, d’après une source diplomatique.
Déjà contesté
Le lieutenant-colonel Zida semblait être soutenu par une partie de la société civile avant que celle-ci n’exige samedi une transition «démocratique et civile», refusant la «confiscation» de la «victoire» du peuple par l’armée.
Après la mise au point de l’armée, l’Union pour le progrès et le changement (UPC), principal parti d’opposition, a réclamé l’ouverture immédiate de consultations pour déterminer le calendrier de prochaines élections. Et les «forces vives» du petit pays sahélien ont appelé à un rassemblement dimanche à 08h00 sur la place de la Nation, à Ouagadougou.
Le lieutenant-colonel Zida est toutefois apprécié de ses hommes. Quand a éclaté en 2011 une mutinerie qui a failli emporter le régime de Compaoré, il a été l’un des rares au sein de la garde présidentielle à avoir été épargné par les mutins, quand d’autres gradés subissaient la furie des soldats, ont assuré un militant des droits de l’Homme et une source militaire.
Originaire de Yako, dans la province du Passore, au centre-nord du Burkina Faso, Isaac Zida a suivi des cours de perfectionnement militaire au Maroc et des cours d’état-major au Cameroun, d’après un militaire ayant évolué à ses côtés.
Il a aussi un temps été Casque bleu au sein de la Mission onusienne en République démocratique du Congo (RDC), a indiqué l’un de ses membres. Et durant la crise ivoirienne (2002-2011) ayant entraîné la chute de l’ex-président Laurent Gbagbo, il fut un officier de liaison dans le cadre de la médiation que menait Blaise Compaoré, selon une source onusienne
.(ats/Newsnet)