Une guérison spontanée apparente de deux hommes infectés par le virus du sida (VIH), dont l’un depuis 30 ans, serait due à l’intégration de ce rétrovirus dégradé et neutralisé dans leur ADN. «Cette observation représente une piste pour la guérison», ont estimé mardi des chercheurs français.
Ces deux patients ont été infectés par le VIH sans jamais avoir été malades et n’ont jamais eu de virus détectable dans le sang, notent les auteurs d’une étude dont les résultats sont détaillés dans le journal spécialisé Clinical Microbiology and Infection mardi 4 novembre. Aucun des deux n’a été traité.
L’analyse réalisée grâce à des technologies modernes a permis de reconstituer le virus retrouvé dans le génome des patients. Les chercheurs ont ainsi pu montrer qu’il était inactivé par un système d’interruptions de l’information délivrée par les gènes du virus. Ce système dit de «codon-stop» marque la fin de la traduction d’un gène en protéine. Le virus est ainsi devenu incapable de se multiplier mais reste présent à l’intérieur de l’ADN des patients.
Ces interruptions seraient dues à une enzyme connue, l’Apobec, qui fait partie de l’arsenal des humains pour lutter contre le virus, mais qui est habituellement inactivée par une protéine du virus (la protéine «vif»).
Perspectives encourageantes
Ce travail ouvre des perspectives de guérison par l’utilisation ou la stimulation de cette enzyme, et de détection, chez les patients nouvellement infectés, de ceux ayant une chance de guérir spontanément, selon les auteurs.
Il pourrait aussi conduire à revoir la définition de la guérison qui actuellement repose uniquement sur l’idée de débarrasser l’organisme du virus, a déclaré à l’AFP le professeur Didier Raoult, spécialiste des microbes à la faculté de médecine de Marseille, co-auteur avec une autre équipe française dirigée par le Pr Yves Lévy (Inserm Créteil).
L’infection par le VIH datait de plus de 30 ans pour le patient âgé de 57 ans, diagnostiqué en 1985, qui semble être de surcroît immunisé contre le VIH. La séropositivité du second, un Chilien de 23 ans, a été identifiée en 2011, même s’il a probablement été infecté trois ans auparavant en Amérique du sud. Aucun n’avait d’autres facteurs de résistance au VIH connus.(ats/Newsnet)